Jean-Pierre Soisson l'ancien député maire d'Auxerre, ancien ministre, a voté Emmanuel Macron et aurait voulu le faire au premier tour.

C'est une aventure formidable. Un homme parti seul contre tout le monde qui a réussi le coup du roi. Inconnu il y a deux ans, il est élu Président de la République.

C'est un formidable coup de jeune. D'un homme intelligent, brillant inspecteur des finances qui connaît l'économie mieux que cet imbécile de Fillon, et attire la baraka.

J'espère que son programme tout à fait raisonnable, va sortir la France du marasme actuel. La question est de savoir si on lui en donnera les moyens.

Jean-Pierre Soisson se réjouit de l'image positive réfléchie à l'international par cette élection de Macron.

C'est un coup de promotion pour la France inédit comme cette image d'Emmanuel Macron marchant seul au Louvre vers la Pyramide au son de l'Hymne à la joie, l'hymne européen. Un fantastique signe d'ouverture vers le monde.

Des images fortement en symboles, relayées dans la planète entière, qui attendait non sans inquiétude ce qu'allait faire la France des lumières dans un contexte de ténèbres envahissants.

L'analyse de JPS et la mise en perspective vaut l'écoute.

 

La règle des 3 tiers dans la première

 

Son regard exercé sur les résultats dans l'Yonne l'amène à penser que le FN sera menaçant dans la troisième cironscription le sénonais-jovinien mais de nouveaux jeunes candidats arrivent, et que Jean-Yves Caullet sous les couleurs d'En Marche ! devrait logiquement être réélu dans la deuxième Avallon-Tonnerre-Migennes.

Dans la première circonscription, la sienne, la situation paraît plus indécise. L'inconnue est le score que réalisera le docteur Paulo Da Silva à Auxerre où il est  inconnu. Si Macron est plébiscité dans la cité de Paul-Bert à plus de 70 %, le vote de "raison" sera-t-il pour autant suivi d'un vote d'adhésion ?

JPS explique qu'il faut mesurer les voix à l'aune de la grille des trois tiers. Un tiers en Puisaye, un tiers l'Aillantais Jovinien et un tiers Auxerre. C'est la limite du Front national qui a progressé en Puisaye.

 

À table pour travailler

 

Lorsqu'il est chez lui à Auxerre, Jean-Pierre Soisson passe beaucoup d'heures installé à sa table de travail qui n'est pas un bureau mais une table sur laquelle les plats et le vin sont servis et où des cohortes d'Auxerrois et personnalités diverses ont mangé. Il lui faut de la place car il déploie ses documents, coupures de journaux, livres récents et divers notes toujours manuscrites. Pas de radio, pas de télévision et le portable est toujours éteint car il ne veut pas être dérangé. Il le consulte de temps à autres et regarde si quelqu'un l'a appelé. Sa messagerie, il l'écoute s'il y pense. Idem pour les SMS.

Que fait-il ? Pour l'heure, il corrige des mémoires savants d'anciens de Jacam. Il se dit honoré par leur confiance. le présent mémoire qui l'occupe concerne la flotte française au 18ème siècle et au delà, la théorie des longitudes.

Son frère et son grand-père sont des marins au long cours. Lui-même, amoureux du grand large, des embruns de l'aventure et de l'audace, a navigué et navigue mais petitement car il a du mal à sortir son vieux clou de la baie de Bonifacio au sud de la Corse; il explique ne plus pouvoir enlever et accrocher les bouts. Jean-Pierre Soisson a du mal à marcher sans cannes, infirmité due à des hanches en mauvais état qu'on ne peut opérer sous peine de mettre à mal le coeur au crépuscule de la vie, cette vie qu'il aime par dessus-tout et qu'il dévore autant que possible.

L'auteur regrette n'avoir encore pu présenter son dernier livre sur Edgar Faure auteur de quatre romans policiers, aux Auxerrois et Toucycois. La période d-électorale n'est pas favorable. Il  faut attendre un peu. Déjà, sans que ce soit décidé, JPS pense au prochain, une sorte de carnet de route de ses voyages notamment, de la veine de Voyages en Norvège (1995) qu'il estime être son meilleur livre du point de vue de l'écriture.

 

 

Mourir sur un bateau au soleil

 

L'enfant d'Auxerre, l'homme qui a une relation quasi charnelle avec bien des citoyens auxerrois et poyaudins, dit en apprendre encore sur lui-même. Il le dit avec une forme d'étonnement voire d'invitation. Il continue de se découvrir, de découvrir l'homme qu'il a été, l'homme qu'il est. C'est un privilège du vieillissement estime-t-il, l'oeil pétillant avec bienveillance.

Ce mardi matin, il recevait une équipe de réalisation d'un documentaire de 54 minutes qui lui est consacré et qui sera diffusé à la télévision sur France 3.. Il a lu le projet, le synopsis détaillé qui couvre la vie de l'homme politique qu'il a été, de l'homme tout court. Le programme du tournage et les différents rendez-vous sont arrêtés. Cela va durer des mois. De nombreux témoignages enrichiront ce documentaire, oeuvre d'un auteur. Quand on lui dit que cela sent la nécrologie avant l'heure il approuve et pointe qu'il a dit à l'auteur que sa vie ne valait pas cette peine.

Il va bien Jean-Pierre Soisson, autant se faire que peu. En dépit de la difficulté de se lever et de marcher ne fut-ce que quelques pas, l'homme se redresse à sa table pour reconduire le visiteur jusqu'à la sortie où la porte franchie, on prend la cathédrale et les lumières qui se reflètent en pleine figure.

La lecture, l'écriture, la méditation, les conversations avec les uns et les autres parfois convoqués pour boire un verre, les voyages en Corse, à Paris et dans le monde, rythment la vie de Jean-Pierre Soisson qui paraît moins hanté tourmenté ou du moins, moins accablé, par la mort.
Mourir sur un bateau au soleil, ce serait pas mal, non ?

Depuis quelques jours la grisaille et le froid ont gagné l'Yonne. Il lui faut soleil car sinon il se met à déprimer. Il part en Corse la semaine prochaine avec Titus son fidèle majordome. En Corse où un arbre s'est abattu sur sa maison de bois. Ainsi va la vie.


 

Pierre-Jules GAYE

 


 Jean-Pierre Soisson à son domicile, lundi en fin d'après-midi (DR)