André Villiers élu député, a démissionné de son mandat de président du conseil départemental de l'Yonne.
Il a assumé tous les actes jusqu'à minuit le 12 juillet.
Le 13 juillet, son 1er vice-président Patrick Gendraud a été elu au troisième tour de scrutin, comme lui-même en 2015.

Dans la foulée d'une journée qui a marqué le président sortant, ce dernier analyse le scrutin et dresse, spontanément, le bilan de ses mandatures.
Il assume tout et ne renie rien. Au contraire.

Il affirme sa fierté d'avoir maintenu le niveau d'endettement du département, là où il l'a reçu, en 2011.
À hauteur de 250 millions d'euros alors que l'endettement est passé de 110 millions d'euros à 250 en trois ans, de 2008 à 2011 (des chiffres non vérifiés par Auxerre TV).

La réduction des dépenses et des charges salariales (une trentaine voire une soixantaine de départs en retraite ne sont pas remplacés chaque année sur un total de 1 900 salariés), des coupes claires dans le budget et la réduction des subventions aux associations notamment, ont permis de faire face à la réduction drastique (45 millions en cinq ans) des dotations de l'État qui étranglent les départements.

André Villiers se félicite d'avoir mis un terme à la gratuité des transports scolaires marque de fabrique dans l'Yonne, constatant que la communauté d'agglomération de l'Auxerrois fait de même après coup et que la région après avoir promis la gratuité, a l'intention de revenir en arrière.

Il évoque le dossier de l'année, la fermeture du collège Bienvenu-Martin et argumente sa décision.

 

Une embellie se profile

 

Sur les retraites complémentaires des anciens conseillers généraux, André Villiers souhaite que le droit soit dit par les tribunaux. Le montant de la subvention annuelle de l'ordre de 300 000 euros a été étudié attentivement, au cas par cas, et le montant réduit à 220 000 euros. Il appartient à l'amicale et à son président d'ester en justice, pour y voir enfin clair.

Le CD 89 ayant perdu la compétence économique, André Villiers se félicite d'avoir valorisé les actions de Yonne Équipement à hauteur de 27 euros l'action au lieu de 15 euros valeur nominale et 32 euros valeur qu'il souhaitait négocier. Sur ce point, l'ex-président du CD 89 observe que personne n'a relevé que la ville d'Auxerre s'est alignée sur ce prix négocié pour vendre ses actions à la valeur de 27 euros à la communauté d'agglomération auxerroise, le maire et le président étant la même personne (*)

Aujourd'hui, André Villiers relève une embellie. Les droits de mutation (taxe sur les transactions immobilières ... vrai que l'implantation de Carrefour dans le nord doit rapporter cash...) sont en hausse sensible et que les dépenses du RSA (revenu de solidarité active) semblent maîtrisées et à la baisse, compte tenu de la reprise économique.

André Villiers qui se dit ravi que son fidèle lieutenant Patrick Gendraud reprenne le flambeau, forme le voeu que cette embellie permette de dégager les marges de manoeuvre nécessaires pour faire avancer le département. Ce sera nécessaire dans un contexte politique où la "majorité départementale n'a de majorité que le nom". 36 c'est beaucoup trop ça ne fonctionne pas, il convient selon André Villiers de se baser sur un socle solide fut-il restreint. André Villiers donne rendez-vous à la majorité au prochain vote du budget 2018 pour y voir plus clair. Il fiche son billet que la majorité en question ne sera pas au rendez-vous.

L'élu du canton de Joux-la-Ville affirme qu'il ne manquera aucune séance du conseil départemental.

Ce sont ses racines et il sait d'où il vient.

 

Le vilain petit canard

 

Homme libre qui refuse d'être enfermé dans un carcan, vilain petit canard lorsqu'il fut élu à l'assemblée départementale en 1992, rebelle, il siègea longtemps en tant que non inscrit et paya au prix fort ce non alignement au sein de l'UAY, l'union pour l'avenir de l'Yonne, association regroupant les élus de la majorité. Voilà peut-être pourquoi, André Villiers a toujours laissé toute latitude à ses collaborateurs et aux élus de s'exprimer librement autant qu'ils le souhaitent.

Le socialiste Jovinien Nicolas Soret en sait quelque chose qui a rendu hommage sur ce point au président sortant dans un post sur son compte Facebook. On sent que c'est une litote, un understatement de la part du plus coriace opposant à André Villiers qui est aussi un des plus travailleurs de l'assemblée. L'homme de l'opposition qui creuse et fait avancer les dossiers. Il existe un attachement entre les deux hommes qui tient au respect mutuel mais aussi à l'appréciation objective du travail de l'un et de l'autre.

Le petit Villiers né à Tharoiseau, interne au lycée Jacques-Amyot, agriculteur à Pierre-Perthuis où il élève boeufs et moutons qui divaguent souvent, a fait du chemin. Le voici député, non par ambition, mais une étape dans sa vie issue d'un ressenti d'étouffement démocratique.

L'homme qui a le sommeil léger a des lignes conductrices, la liberté, l'indépendance, la séparation de l'essentiel de l'accessoire, l'amitié, la fidélité, la loyauté, ainsi que sa famille, Élise son épouse vigneronne et leurs deux filles dont une énarque qui travaille au cabinet du Premier ministre et l'autre en Alsace, après des parcours brillants similaires. Et un point commun avec le papa : une fringale pour les collectivités territoriales.

Celui que tout le monde surnomme Dédé a mené la barque du conseil départemental dans la difficulté et navigué parfois au plus près, sans vent. C'est dans ces situations qu'on voit les bons marins, dit-on, lorsqu'il n'y a pas de vent et qu'il faut avancer quitte à godiller. En attendant une embellie.

 

Pierre-Jules GAYE

 

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(*) Contrairement à ce qui est écrit dans le commentaire de l'interview d'André Villiers, le prix de vente de l'action de Yonne Equipement, tant dans la transaction entre la Ville et l'agglo qu'entre les EPCI et le CDY n'est pas de 27€ comme indiqué, mais de 20,17€.
(Cf délibération n°2016-161 lors de la réunion du conseil municipal d'Auxerre du 8 décembre 2016)

 

 

André Villiers le rebelle a retrouvé ses amis Bernard Chardon et Jean-Claude Lemaire venu partager ce moment d'après élection, pas évident à vivre après une gouvernance de six années (DR)