Nicolas Soret est le meilleur battleur de l'assemblée départementale, personne ne dira le contraire. Sa force est qu'il n'est pas dans l'opposition systématique voire unique, au contraire. Il travaille, creuse et propose (DR)

 

 

L'élu Jovinien benjamin de l'assemblée départementale de l'Yonne apprécié dans l'Yonne au-delà des clivages partisans, est à Avignon, comme chaque année, au festival du plus grand théâtre mondial, pour trois jours de In et de Off.

Samedi matin, il s'est inscrit dans un groupe de travail intitulé "culture et départements" afin de voir ce qui se fait ailleurs et partager les problématiques. Mal lui en a pris. Nicolas Soret qui est aussi adjoint au maire de Joigny Bernard Moraine, explique sur sa page facebook la politique culturelle du département de l'Yonne. Ce qu'il n'a jamais fait en séance publique du conseil départemental de l'Yonne. Non par manque de courage mais par décence, respect des autres et acteur du changement ...

Sur la production et la diffusion des spectacles vivants ?

On a tué Yonne en Scène, en lui retirant ses subventions. A travers ça, on a tué le bus théâtre, on a tué le Bento, le bus d’art contemporain, on a tué les aides à la production, on a tué le centre d’art contemporain de Tanlay.

Et on a tué la présence de l’Yonne à Avignon, alors que la majorité des départements français ont un lieu, pour que leurs troupes puissent se produire et espérer être repérées par des diffuseurs. Bref, c’est un champ de ruines.

Sur l’enseignement artistique ?

Le département a décidé de la mort de Yonne Art Vivant, en décidant de couper unilatéralement ses subventions. Heureusement que communes et intercommunalités prennent, elles, leurs responsabilités.

Sur le patrimoine ?

Mis à part Vézelay, qui relève d’une opération « Grand Site » impulsée par l’Etat, le conseil départemental a abrogé ses interventions sur le patrimoine classé.

Sur les scènes conventionnées ?

Je n'ai même pas osé avouer combien, le département mettait sur la seule scène conventionnée de l’Yonne (le théâtre d'Auxerre Ndlr), j’aurais eu honte. D’autant que l’on est peut-être le seul département qui ne fait aucune différence entre une scène conventionnée et une salle des fêtes qui programme quelques spectacles.

Sur la lecture publique ?

C'est une compétence restée obligatoire des départements, comme les bibliothèques départementales, je n’ai pour ma part que peu de visibilité

Nicoals Soret avoue qu'il a préféré écouter, plus qu'il n’a parlé...

Le problème dans l’Yonne, c’est que sur la culture comme sur d’autres sujets, on n’a aucune volonté politique, on ne se fixe aucun objectif et on n’a aucune politique de contractualisation avec les autres territoires. On ne parle pas avec le conseil régional, pas plus que l’on ne parle avec les intercommunalités, pas plus que l’on ne parle avec les communes, notamment les villes, qui ont les lieux de diffusion, qui accueillent des troupes en résidence, qui font, de fait, de l’aide à la production. Tous les autres élus expliquent comment ils ont longuement travaillé avec les autres collectivités, pour bâtir un contrat territorial culturel, pour se mettre d’accord sur le « qui fait quoi, qui paye quoi ».

La culture, par la force de la loi, c’est une compétence partagée. PAR-TA-GÉE. Donc si on ne se parle pas, on aura bien du mal à partager…

Et Nicolas Soret de poursuivre en enfonçant le clou.

J'ai aussi noté combien les autres départements s'appuyaient sur leurs compétences obligatoires pour développer une réflexion et une offre culturelle: culture et personnes agées, culture et personnes handicapées, culture et personnes précarisées, culture et protection de l'enfance, culture et familles d'accueil... au delà du grand public.

Sans oublier la dimension "culture et numérique", en s'appuyant sur ce que l'on pourrait appeler la "culture des écrans". Sans oublier non plus, une politique qui me parait essentielle mais qui est absente dans l'Yonne, sur "culture et collégiens". Sans oublier la question de la médiation culturelle. Ca nécessiterait 15 posts différents. Passionnant, et très innovant. Un jour peut-etre, dans l'Yonne ...

Nicolas Soret, homme politique de premier plan dans l'Yonne où il coopère dans le nord afin de développer les liens en tirant vers le haut, de proposer au nouveau président du département, Patrick Gendraud, de l'investir dans une "petite mission culturelle".

Clin d'oeil humoristique - Soret manie l'humour français comme personne - au coup de gueule de Monique Hadrbolec doyenne d'âge de l'assemblée départementale à qui revint de droit, l'honneur de présider et de diriger la séance plénière pour l'élection d'un nouveau président. Elle s'indigna que celle qui a été battue de peu de voix, en réunissant 18, n'a aucune réprésentation, fut-elle symbolique, au sein de l'exécutif composé par le président Gendraud. Un petit gamin à côté de Henri de Raincourt qui lui, avait non pas le sens de l'ouverture, mais celui de la dignité et du sens politique.

Si, d’aventure, précise Nicolas Soret sur la scène d'Avignon, le président Gendraud, néo-président du département, acceptait de franchir le rubicond et souhaitait me confier une petite mission, j’aurai plaisir à lui rendre un travail argumenté avec des propositions et préconisations. Comme son cabinet fait une lecture régulière de mon facebook, je ne doute pas que cette idée lui parvienne. En attendant, c’est quand même triste…conclut Soret né à Villeneuve-sur-Yonne, amateur de théâtre mais aussi acteur, comédien et artiste, homme politique, animal, qui a fait le choix du terroir avant tous les autres.

 

La culture digue à la barbarie

 

Pour celles et ceux qui ne seraient pas au courant, cela n'a jamais été simple dans l'Yonne, département jugé pauvre par Thomas Jefferson, président américain qui traversa en train l'Yonne au siècle dernier et écrivit quelques pages édifiantes.

Dans les années 80, Jean Chamant ministre du Général de Gaulle, qui initia entre autres le TGV, supprima le CEDAC, formidable outil qui forma entre autres le comédien Corse Robin Rennucci.

Aujourd'hui, la culture apparaît comme la première variable d'ajustement des politiques publiques. Ce n'est pas un hasard si le Front national s'y attaque, à ces budgets inutiles réservés au bobos.  Partout les collectivités résistent tant bien que mal aux restrictions budgétaires. Alors que de longue date, on sait que la culture doit être le premier budget d'une nation et que les autres doivent en découler. La culture comme l'éducation sont ce qui fait avancer l'homme et la société. Et est l'alternative par excellence à la barbarie et une digue. Le reste est littérature. Le problème est que tout le monde ne peut entendre cela. Surtout ceux qui sont en souffrance économique et qui se battent, comme beaucoup de chefs d'entreprises, pour survivre.

Dans l'Yonne, on part de loin, on ne fait même pas la différence entre la seule scène conventionnnee (Théâtre d'Auxerre Ndlr)) qui a d'énormes obligations (jeunes créateurs, production, diffusion) et skeneteau... alors il faut vraiment tout reprendre. Mais Jean Marchand, est-il à 10 000 lieues de tout ça ...

Auxerre TV ouvre le débat culturel dans l'Yonne.

Chacun peut s'exprimer. 

Auxerre Tv va enquêter et prendre le temps qu'il faut.

 

Tous les acteurs et témoins de la vie culturelle dans l'Yonne sont invités à témoigner ICI : redaction@auxerretv.com

 

Questions

- Quelles sont les lignes budgétaires du département dédiées à la culture.

- Comment est prise en compte la révolution Numerique ? Quels liens avec les compétences obligatoires, handicap, personnes âgées..."

- Quelles aides à la diffusion et à la production

- Quels liens avec les villes et leurs scènes ?

 

PIerre-Jules GAYE

 

 

 

Yonne Arts Vivants (Photo / Raynald Henry)