Deux entraîneurs de métier expérimentés croisent le fer à distance en cachant bien leur jeu

 

 

 

Le groupe Ajaîste

Adéoti, Ayé, Boucher, Diallo, Fumu Tamuzo, Goujon, Ndicka, Obraniak, Philippoteaux, Polomat, Sakhi, P. Sané, Y. Sané, Tacalfred, Touré, Westberg, Yattara, Youssouf.

A noter l'absence de l'ancien Lensois Abdoul Ba, qui ne retrouvera donc son ancien club qu'à la dernière journée du championnat, à Bollaert.

 

Alain Casanova, entraîneur du RC Lens

 

 

 

Après sa reprise tardive, le gardien Nicolas Douchez ne figure pas dans le groupe et fait donc les frais des choix de l’entraîneur pour ce match tout comme l’attaquant Habib Habibou. A l’inverse, les 5 premières recrues estivales du club, Dankler, Alvaro Lemos, Christos Tasoulis, Ivan Lendric et Mouaad Madri sont présentes. Absents durant toute la série de matches de préparation, Abdelrafik Gérard et Cristian Lopez seront du voyage. Le première relève d’une lésion musculaire, le second d’une entorse à un genou. Sans surprise, le jeune défenseur Maxence Carlier, qui a occupé le côté droit de l’arrière garde durant la fin de la préparation, est également dans le groupe.

Le groupe du RC Lens

Belon, Vachoux – Carlier, Cvetinovic, Dankler, Duverne, Lemos, Tasoulis – Bellegarde, Bostock, Ephestion, Gérard, Koukou – Fortuné, Lendric, Lopez, Madri, Zoubir.

 

 

 

 

 

 

La reconstruction exige de la patience

 

Contre toute attente, l'intersaison 2017, est une révolution en regard des quatre dernières années, faméliques marquées par les exclusions, réduction budgétaire oblige. Si le nouvel actionnaire chinois a abondé au capital puis en compte courant, de 13 à 21 millions d'euros, validés par la DNCG, l'afflux d'argent n'explique pas tout de la profonde mutation en cours à l'AJA qui initie une nouvelle aventure, celle de demain qui reste à écrire


Paradoxalement, il ne faudrait surtout pas s'emballer.  Ce serait la pire des choses. L'AJA vient de loin et revient de loin. Sur le fond et sur la forme. Le fond, c'est son passé, son palmarès exceptionnel et les hommes qui l'ont contrruite. La forme c'est qu'après deux saisons calamiteuses l'AJA a frôlé la relégation en National, sauvant sa tête, en mai, lors de la dernière journée.

Un miracle non pas républicain mais bien concret au terme d'une saison de dingue.

L'arrivée surprise d'un entraîneur adjoint de l'équipe nationale de Roumanie qualifiée pour l'Euro, Moldovan, qui n'aura jamais amené des joueurs comme beaucoup le pensaient.

N'évoquons pas le psychodrame de l'épisode Papin décapité par Guy Roux qui a cru, et bien cru, devoir monter au créneau dans l'intérêt de l'AJA, Papin qu'il connait bien, son prédécesseur à Lens avec Francis Gillot.

C'est sur ce dossier qu'apparut au grand jour le divorce consommé entre le président de l'AJA Guy Cotret et l'actionnaire chinois James Zhou le boss d'Org Packaging qui emablle les canettes sur toute la surface du globe. James a géré d'un bout à l'autre l'affaire sans en informer Cotret qui en a souffert.

Cela n'a pas contribué à améliorer l'ambiance au club plongé dans l'incertitude du lendemain.

Enfin, dans ce contexte, la fin de saison s'avéra critique sur le plan sportif, l'AJA sauvant sa tête le dernier jour, managée par un homme seul à la barre, vent debout.

Cédric Daury a été l'homme clé et pont d'un sauvetage improbable. Grâce à une communication de fond, de celles qui font grandir les hommes. Cela s'est joué à pas grand chose certes, mais cela n'enlève rien à cette démarche en vérité fondatrice. L'intelligence de l'actionnaire principal et du nouveau président Francis Graille aura été de comprendre cela et de bâtir en posant la première pierre sur l'existant.

Certes avec des moyens, aucunement comparables à ceux de la saison dernière, c'est plus facile, beaucoup plus facile. Mais l'argent ne suffit pas à bâtir un club et une équipe performants.

Une osmose en forme d'alchimie est objectivement en voie de recherche et de création nourrie par un état d'esprit se voulant familial qui doit beaucoup à Cédric Daury et à Francis Graille, ancien président de Lille et du PSG au début des années 2 000. Un homme discret, rond, tactile qui ne veut pas apparaître.

  

Rassembler ce qui est épars

 

Intégrer et non exclure, construire pierre après pierre, patiemment, sans précipitation ni folie mais mesure, au contraire, et discernement, humilité. Voilà le plan de jeu de l'intersaison qui n'est pas terminée.

Petit à petit, une équipe se construit, se forme et s'assemble, tant bien que mal, sous la conduite de Francis Gillot, entraîneur d'expérience bonnes et mauvaises, qui a du recul et sait comment voir venir.

Le retour pour trois ans de contrat de deux prêts désespérés en janvier, conforte l'idée d'un réunion de forces éparses et de recentrage sur un savoir-faire Ajaïste séculaire.

Voici que par surcroît, partant de rien ou quasiment rien, l'AJA tire son épingle du jeu dans les matches de préparation où elle demeure invaincue en dépit d'une défense friable. Pire l'AJA est réaliste comme contre Metz équipe de Ligue 1 à qui elle a enfilé 4 buts et rien à redire la-dessus.

Alors on s'enflamme. Les commentaires demesurés d'idéalistes et de fervents supporters mis à la diète trop longtemps, prennent le pas sur la raison.

Voici l'AJA qui jouerait la montée en L1 dès cette année, alors que ni le président ni l'entraîneur n'ont jamais eu ces mots à la bouche. Au contraire.

Anciens dans la maison football, ils connaissent la musique et mesurent mieux que quiconque le chemin à parcourir. On ne bâtit pas une équipe en un an ni deux ni trois.  Mais quatre plus sûrement en amenant les deux ou trois joueurs complémentaires dans un ensemble huilé et complice. Et en espérant avoir ce brin de chance qui a fui Brest la saison dernière, menant ce championnat difficile de bout en bout pour s'écrouler sur deux matchs finaux décisifs. Mais qui a souri à Amiens de manière incroyable : un but venu d'ailleurs du capitaine, l'ex Ajaïste formé à Auxerre Thomas Monconduit, à Brest et le but de la victoire le dernier jour à Reims dans les arrêts de jeu. Yes this is football.

Il faut donc raison garder et se montrer patient, tout en profitant bien de la montée en puissance régulière de l'AJA, on veut dire du club qui commence à se régénérer de l'intérieur et où souffle à nouveau un esprit. Au-delà des résultats en tant que tels, c'est cela qui est le plus important et permettra, un jour, la performance.

Alors, lundi soir, contre Lens, le public va voir en action la nouvelle phalange bleu et blanche et son nouveau staff dirigé par Francis Gillot, 57 ans, qui a notamment fait ses preuves à Lens, Sochaux et Bordeaux, et de quelle manière.

Le groupe a bien travaillé, même si un certain nombre de joueurs n'ont que vingt entraînements à leur actif soit la moitié de certains autres. Les matches de préparation ont été plutôt encourageants mais ne signifient rien. Francis Gillot se réjouit de cette confrontation, enfin, qui va permettre à l'AJA de s'étalonner face à une équipe de référence, Lens, qui joue la montée après avoir échoué d'un souffle.

"On va voir ce dont on est capable, ce que l'on peut montrer. J'espère simplement que ce ne sera pas un non match parce que des joueurs auront été paralysés par l'enjeu. Je veux qu'ils se lâchent, la saison dernière et le stress, c'est le passé. Et beaucoup de joueurs nouveaux ne l'ont pas vécue", explique Franics Gillot qui alignera les joueurs prêts physiquement, en priorité.

Ce soir, le compteur va tourner. Cela commencera à compter, vraiment.

 

 

Pierre-Jules GAYE