Le puzzle communautaire poyaudin va-t-il tomber en pièces ?

Le maire de Charny Orée commune nouvelle, Michel Courtois, ancien conseiller départemental, n'en fait pas mystère, lui et son conseil municipal examinent de près la route de sortie (un plan B) de la comcom de Puisaye-Forterre, avant la fin de l'année, comme cela lui est permis de faire. Tout le monde est au courant, même le député Guillaume Larrivé, vivement pris à partie par un adjoint, la semaine dernière, lors d'une réunion à Charny. Ce dernier minimise et est même dans le déni de la réalité puisqu'il a déclaré à Auxerre TV, au soir de la cérémonie de la Libération d 'Auxerre le 24 Août, qu'il n'y avait pas de problème.

Il est vrai que le nouveau président de la nouvelle vaste communauté de communes de Puisaye-Forterre, le président Jean-Philippe Saulnier-Arrighi (LR) est une pièce politique maîtresse dans le dispositif du député LR, élu à nouveau avec les voix du Front national à la députation dans la première circonscription. Il le protège donc et d'autant plus que l'élu maire de Moulins-sur-Ouanne, élu conseiller régional d'opposition en remerciement de s'être maintenu au second tour aux élections sénatoriales de septembre 2014, a permis au sénateur sortant Henri de Raincourt (LR) d'être élu de justesse aux dépens de Dominique Vérien (présidente de l'UDI) bien placée.

Si les crispations se font de plus en plus fortes et que les relations se tendent au sein du conseil communautaire, aux dires de plusieurs élus de divers horizons géographiques et politiques, c'est essentiellement en raison du mode de gouvernance et de la personnalité du président, qui ont déjà fait quelques dégâts tel le départ de la directrice générale du "Pays" laquelle a écrit et rendu possible techniquement cette fusion des services. La DGS est considérée et reconnue comme quelqu'un de compétent et talentueuse dans la gestion des aides européennes et des relations avec le conseil régional.

L'absence de véritable concertation et la politique définie au travers de quatre projets sans planification financière pluriannuelle, dont certains font polémiques, expliquent ces tensions ainsi que la reconsidération des solidarités territoriales.

 

Quatre projets

 

- Le projet de nouvelle piscine couverte à Toucy dont le coût est estimé à plus de 7 millions d'euros HT est contesté. D'abord c'est un vieux projet de la communauté des communes du Toucycois, depuis 2002 au moins, qui n'avait pas une base de population suffisante.

L'occasion est belle avec la communauté des communes de Coeur de Puisaye puis aujourd'hui, la comcom de Puisaye-Foreterre, bref la grande Puisaye, de l'élargir en passant de 10 000 à 37 0000 habitants. Il reste que cet équipement communautaire qui s'implanterait à Toucy apparaît aux yeux de beaucoup comme estampillé local cité Pierre-Larousse, un équipement communautaire éloigné. Eût-il été prévu à Mézilles, centre géographique de la Puisaye, au coeur des territoires, le projet aurait été regardé différemment.

- Le projet d'Hôtel étoilé à Saint-Fargeau par l'opportunité d'acquisition de l'établissement hôtelier Le Petit Saint-Jean promenade du Grillon, qui a fermé voilà huit mois, provoque de nombreuses réactions diverses.

Pour faire court, d'aucuns estiment inacceptable d'allouer des fonds publics à un établissement qui sera en concurrence avec d'autres établissements privés alentour (hôtels dont Blanche de Castille à Bléneau, chalets, gîtes) qui se battent au jour le jour pour survivre, sachant que du 1er novembre au 31 mars, plus un seul car touristique ne passe en Puisaye et surtout il n'y a aucun partenaire privé identifié (porteur de projet) pour prendre le risque aux côtés de la collectivité.

En outre certains considèrent qu'un autre projet avec des fonds privés ceux-là, aggraverait les conditions de la concurrence aux dépens de tout le monde et aboutirait à des fermetures par ailleurs. L'idée d'attirer des clients plus longtemps en Puisaye - 2,3 jours plutôt qu'une seule nuit - par un établissement haut de gamme non seulement ne s'imposerait pas mais pourrait être contreproductive.

 

Absence de visibilité

 

Enfin, il semblerait qu'il n'y a pas de visibilité sur cet hôtel haut de gamme à St Fargeau d'environ 36 chambres, investissement prévisionnel financier qui implique un montage financier hasardeux.

L'investissement immobilier serait porté par l'EPF régional (établissement public foncier) qui n'a pas validé le montage et dont Jean-Philippe Saulner-Arrighi vient d'être nommé administrateur.

La cotisation à cet établissement coûterait un point de taxe au contribuable de Puisaye (soit à peu près 70 000 euros) juste pour voir ; c'est-à-dire que le financement n'est pas acquis.

La collectivité est incapable de financer seule cette opération.

Enfin, les fonds européens sont plafonnés à 20% maximum pour ce type d'investissement. Autrement dit, les charges d'emprunt risquent d'être exrêmement lourdes pour ce type d'investissement qui vient concurrencer les initiatives privées avec des fonds publics sans réalité économique

Ce projet est porté par Florian Bourgeois, vice-président en charge de l’économie, maire de Chevillon qui ne siège plus depuis des semaines à la Commune Nouvelle de Charny Orée tellement son attitude est contestée et sa posture intenable. Dans le cas d’un rapprochement de commune nouvelle avec une autre collectivité, il en ferait les frais. Tout comme le risque d’une défaite aux prochaines municipales de Chevillon. Il lorgne sur Toucy, tout comme Isabelle Froment-Meurice élue de Villiers-Saint-Benoit et conseillère départementale, vice-présidente chargée des musées.

- L'aménagement de la voie centrale, le chemin écologique de Puisaye-Moutiers-St-Sauveur-Bourdon-Écluses de Rogny-Briard, lui, ferait consensus. Il reste à décrocher les financements ... et optimiser les opérations. L'étang de Moutiers serait aménagé ainsi que les abords du Bourdon et Saints.

- L'aide à la réhabilitation de l'hébergement du centre potier à Saint-Amand, où des stagiaires arrivent de toute la France, est un projet qui semble s'imposer mais qui nécessite une étude et les financements appropriés.

 

Saulnier-Arrighi s'enferme

 

L'absence de visibilité financière et de programmation constitue un motif de défiance qui s'intensifie et se prolonge depuis le début de l'année, en dépit des efforts consentis par le président Monsieur Saulnier-Arrighi dont l'autoritarisme et la capacité d'écoute relative connus, ont le don d'agacer des élus.

A part Guillaume Larrivé, le président à fort peu d’alliés car il n’y voit aucun intérêt pour lui-même.

Les relations avec la Région ne sont pas simples du fait de sa volonté permanente en tant qu'élu de l'opposition de vouloir s'opposer et tenter de piéger la présidente lors des débats publics dans un rôle peu constructif.

Il a fait savoir au regroupement départemental des présidents d’intercommunalités 89 qu’il n’avait rien à faire avec ses paires pour les projets structurants.

Le président aurait en outre tenu des propos déplacés dans le cadre du projet de mutualisation des Écoles de musique auquel il s’est raccroché créant des tensions avec ses élus portant le projet et issus de Charny.

Surtout enfin, il s'est enfermé après cette victoire, dans un clivage gauche/droite dont les citoyens ne veulent plus entendre parler et l'ont signifié de manière limpide lors des élections présidentielle et législatives.

La maîtrise des dépenses dans un contexte contraint où les collectivités voient diminuer d'année en année les dotations qui leur sont dévolues, l'incertitude qui pèse sur les prochaines évolutions, guère souriantes, dans ce domaine, amènent les élus communautaires à se montrer prudents et à demeurer sur une certaine réserve.

En clair, pas question de charger la barque et pas question de se faire embarquer sur des projets qui ne soient pas tirés au cordeau, transparents et programmés financièrement au cent près.

La commune nouvelle de Charny Orée est l’une des plus visionnaires du territoire avec une culture industrielle. Sa force de réflexion lui donne une capacité d’anticipation et de prospective que chacun reconnaît.

Enfin, il apparaît que les élus en général et ceux de Charny en particulier (ils ont toujours voté les délibérations et ne se situent pas dans l'opposition comme le prétend le président Saulnier), souhaitent avancer pas à pas, sans précipitation, ensemble, dans le respect de la diversité des territoires et de leurs besoins et attentes.

Autrement dit, la demande en Puisaye est plus politique qu'économique pour gérer le développement du territoire.

Le président Jean-Philippe Saulnier-Arrighi a beau claironner que la communauté des communes de Puisaye-Forterre est la plus grande de l'Yonne en termes de superficie en m2, cela ne suffit pas.

Rassembler et non diviser s'impose plutôt que vouloir cultiver le contentieux et les procès. Au moment où la Puisaye-Forterre n'apparaît pas unie et se délite. Un homme, seul, en portera la responsabilité et les conséquences seront fâcheuses.

La politique est l'art du possible. Elle consiste donc à formuler des propositions et suggestions qui puissent être et seraient acceptées.


 

Pierre-Jules GAYE

 

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Article Mis À Jour mardi 29 août à 12 heures

Le conseil communautaire de Puisaye-Forterre s'est réuni, lundi soir, à Saint-Fargeau.

Sur les 92 élus convoqués en bonne et due forme, 13 étaient abents.

Il a été procédé au vote notamment, sur l'acquisition de l'Hôtel le Petit Saint-Jean à St-Fargeau. La délibération a été adoptée par 42 voix pour, 31 contre et 6 abstentions.

Des conditions suspensives techniques et financières ont été inscrites dans la délibération.

 

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(*) Le pays est une catégorie administrative française d'aménagement à caractère géographique désignant un territoire présentant une « cohésion géographique, économique, culturelle ou sociale, à l'échelle d'un bassin de vie ou d'emploi » afin d'exprimer « la communauté d'intérêts économiques, culturels et sociaux de ses membres » et de permettre l'étude et la réalisation de projets de développement. Ce statut a été créé en 1995 par la Loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire (LOADT), dite Loi Pasqua du 4 février 1995, renforcé par la LOADDT (dite Loi Voynet) du 25 juin 1999. Les pays peuvent être représentés et gérés sous différentes formes juridiques : syndicat mixte de pays, association, groupement d'intérêt public… Leur financement provient de la participation de leurs membres (Communautés de communes, communes) et de multiples contrats avec le département, la Région, l’État (ex: les conventions territoriales dans le cadre des contrats de projets État-région), l'Union européenne, l'ADEME

 


 

Réhabilitation de la piscine à ciel ouvert de Toucy (déficit annuel de fonctionnement de 100 000 euros), choix d’une structure couverte ou suppression d’un équipement qui reste trop coûteux : l’avenir de l’établissement intercommunal, basé à Toucy, est en suspens. Le nouveau projet communautaire prévoit une piscine couverte à Toucy. Coût estimé 7 millions d'euros HT (DR)

 

L'Hôtel le Petit Saint-Jean promenade du Grillon à Saint-Fargeau a fermé voilà 8 mois. L'idée du conseil communautaire est de le racheter pour le réhabiliter avec des fonds régionaux notamment, afin d'en faire un établissement haut de gamme afin de retenir les touristes plus d'une seule nuitée (DR)

 

L'étang de Moutiers serait privilégié dans le projet d''aménagement du chemin de la Puisaye jusqu'aux 7 écluses de Rogny. Depuis le village natal de Colette à Saint-Sauveur, découverte des chemins verts, du village de Moutiers et de l'étang de Moutiers où traînent encore quelques cornuelles (DR)

 


Hébergements au centre de formation CNIFOP. Un ensemble à réhabiliter. Le Centre de Formation aux Métiers de l’Art et de la Céramique créé en 1976, niché à Saint-Amand, est un agréable lieu ou il fait bon d’y séjourner. Pour profiter pleinement de la formation, l’Ema-Cnifop bénéficie d’un complexe résidentiel, d’atelier équipés, de four à bois…. et de professionnels passionnés de céramique (DR)