Henri de Raincourt

 

Henri de Raincourt ancien ministre de François Fillon (sous la présidence de Nicolas Sarkozy), a toujours été son plus fidèle et loyal supporter et serviteur. Il s'est joué de tous et surtout du calendrier pour abandonner son mandat au Sénat au profit de son mandat de président d'exécutif local. Cela prendra effet le 30 septembre. L'élection partielle aurait lieu certainement un peu plus tard que prévu, car certains collèges de grands électeurs doivent être de nouveau désignés. On évoquerait alors la deuxième semaine de décembre.

Ce choix n'est pas une surprise d'autant que le sénateur de l'Yonne a retrouvé de la sérénité après les épisodes judiciaires concernant le détournement de fonds de la soulte affecté à son groupe politique au Sénat, ces derniers ayant pour la plupart tourné court.

Ce n'est pas une surprise quand on connaît l'attachement de l'élu du nord de l'Yonne et de Saint-Valérien à son territoire à la Communauté de communes du Gâtinais-en-Bourgogne qu'il préside, à son territoire, et plus exactement à ses territoires. Il fut président du conseil général pendant 16 années. Son mandat fut ponctué par une volonté de porter haut et grand le département de l’Yonne comme par exemple au travers du rayonnement du Festival des Musiques de Cinéma qui fit venir à Auxerre de grands comédiens, réalisateurs et musiciens.

Exploitant agricole de profession, Henri de Raincourt marquis de Raincourt est diplômé de l'École supérieure d'ingénieurs et de techniciens pour l'agriculture. Il est le fils de Philippe de Raincourt (1909-1959), sénateur de l'Yonne entre 1948 et 1959, décédé dans un accident de voiture alors que son fils Henri n'a que dix ans. On l'oublie. Les grand-père et arrière-grand-père d'Henri de Raincourt ont été conseillers départementaux.

Membre des Républicains indépendants (puis du Parti républicain et de Démocratie libérale), il a été élu maire de Saint-Valérien en 1977. Il entra au conseil départemental de l'Yonne en 1979, dont il fut le benjamin, premier vice-président en 1988 puis le président de 1992 à 2008, succédant à Jean Chamant, ancien ministre l'homme du train à grande vitesse, conseiller général de Quarré-les-Tombes. Jean-Marie Rolland, UMP conseiller départemental de Vermenton lui succédera à la tête de l'assemblée départementale, avant d'être "éliminé" par ses pairs, une situation qui permit au non inscrit centriste André Villiers de rafler la mise après un gros coup de poker avec la complicité objective de l'opposition départementale incarnée à l'époque par le socialiste Jean-Yves Caullet, maire d'Avallon.

Henri de Raincourt a été élu le 28 septembre 1986 sénateur de l'Yonne, et réélu le 24 septembre 1995, porté alors à la présidence du groupe RI (républicains indépendants) au Sénat après avoir été secrétaire de la chambre de 1989 à 1995. Ayant intégré l'UMP en 2002, il devint vice-président délégué du groupe UMP au Sénat. Après sa réélection du 26 septembre 2004, il envisagea de se porter candidat à la présidence du Sénat face à Christian Poncelet, mais il y renonca face aux coups bas et à l’ambiance délétère qui était entrain de se créer. Il conserva la vice-présidence déléguée du groupe parlementaire jusqu'au 15 janvier 2008, quand il en devint président.

 

Un monument de la vie publique dans l'Yonne

 

Alors vous allez dire que cette biographie succincte n'éclaire pas la suite et est une forme de mise en bière. Justement non, et bien sûr qu'elle peut éclairer la suite.

D'abord, Henri de Raincourt c'est un monument de la vie politique du département qui non pas s'éclipse, au contraire, mais qui a choisi en toute connaissance de cause, d'opter pour ses mandats locaux icaunais.

Certes c'est la conséquence de la loi sur le non cumul des mandats obligeant les élus cumulards à choisir. Mais c'est un choix, et un vrai choix qui prend en compte les conséquences de la loi de réforme territoriale NOTRe, applicable depuis le 1er janvier 2017.

Henri de Raincourt fut président du PETR du grand sénonais avant de claquer la porte au nez de Marie-Louise Fort qui n’eut de cesse de lui porter affronts et humiliations de manière inconsidérée et répétée, au point de ne plus pouvoir faire avancer le territoire.

C'est l'élu jovinien Nicolas Soret qui lui succéda lors d’une élection face à Marie Louise Fort (lâchée par ses pairs ne pouvant plus supporter ses injonctions, oppositions et contradictions) dans cette charge, avec lequel il s'entend particulièrement bien en dépit d'étiquettes politiques  différentes car ils ont dans leur ADN commun le sens du territoire, des habitants et du dévouement.

Ce n'est pas un hasard si le président PS de la Communauté des communes du Jovinien lui a rendu un vibrant hommage rappelant qu'Henri de Raincourt fut le seul à se retrousser les manches après l'annonce du départ du Groupement géographique de Joigny, coup dur pour la cité de Marcel Aymé.

Henri de Raincourt fut un des fers de lance de la mobilisation des intercommunalités dans le dossier épineux de la cession des actions de la SEM Yonne Équipement dont il fut à l’initiative de la création il y a plus de 20 ans. Il en avait d’ailleurs confié la présidence à Jean Chamant qui ensuite confiera la charge à Michel Pisani.

Henri de Raincourt mena et gagna le combat avec Mafoud Aomar, président de la comcom de l'Aillantais et de l'association des maires de l'Yonne.


Pressenti dès le départ pour succéder à la présidence de Yonne Équipement au terme du mandat de Michel Pisani, il a souhaité faire connaître sa décision mi-septembre.  François Boucher élu voilà quelques semaines, en juillet, devrait respecter son engagement « intérim » pris devant les membres du bureau et de quitter la Présidence de la SEM.

Il remplit pleinement son rôle à ce jour, en travaillant à l’entrée au capital de la Région Bourgogne Franche-Comté et le suivi du programme d’investissement de près de 7 millions d’euros.

On retrouverait dans cette hypothèse, le binôme Férez-Raincourt, le premier à la tête de l'association Yonne Développement, le second à la tête de la SEM Yonne Équipement, les deux étant intimement liés. On retrouverait alors la même pertinence que le binôme Drouhin-Pisani ; qui a toujours bien fonctionné, l'entente entre les deux hommes sur la vision de l'intérêt collectif du territoire et des Icaunais se s'étant jamais démentie.

Henri de Raincourt, président en exercice et plus que jamais de la Communauté des communes du Gâtinais en Bourgogne, est donc loin d'être enterré.

Le roi est mort, vive le roi !.

Sans affirmer que c'est en quelque sorte une nouvelle vie qu'il a choisie et qui s'offre à lui, son influence, ses réseaux, son expérience et sa connaissance des hommes avec leurs qualités et leurs faiblesses, demeurent de vrais atouts pour la gouvernance de l'Yonne, désormais dévolue aux intercommunalités appelées à se regrouper encore davantage, et aux PETR ces pôles d'équilibre territoriaux ruraux auxquels la population n'entend rien.

 

Les grandes manoeuvres

 

Voilà pour l'essentiel. Regardons l'accessoire si l'on ose dire, à savoir l'élection sénatoriale partielle à venir dans l'Yonne.

On posera que désormais les parlementaires sont dépossédés de leur cassette qui leur permettait de distribuer arbitrairement une enveloppe moyenne de 150 000 euros par an. Ils sont à présents déconnectés dépassés par les conséquences de la réforme territoriale qui redécoupe les territoires, les compétences et les tuyauteries financières privilégiant la région et l'Europe. Leur rôle, leur fonction est de légiférer, ce qui est très important même si les trois-quarts du droit positif sont produits par le Parlement européen. En outre les Assemblées, Nationale et Sénat, sont appelées à voir le nombre d'élus divisé au moins par deux. Quant à l'Yonne, elle aura deux députés au lieu de trois et un seul sénateur au lieu de deux dans un avenir plus que proche à la plus grande satisfaction de la population.

Les grandes et les petites manoeuvres pour succéder à Henri de Raincourt au Sénat ont débuté. Rappelons qu'il s'agit d'une élection de grands électeurs, au deuxième degré : maires, délégués, conseillers départementaux et régionaux, parlementaires qui élisent le nouveau sénateur.

Dans le contexte actuel de forte pression sur les collectivités, on voit mal un candidat porté par la République en Marche faire fortune, au contraire. Il reste que les citoyens aspirent toujours au changement et surtout au renouvellement. Une équation pas facile à mettre en musique.

Nul doute que les candidats ne vont pas manquer. Ils étaient 14 en 2014.

Qui pourrait prétendre se porter candidat cette fois ? Pas André Villiers UDI, ancien sénateur tout juste élu député. Il doit s'en mordre les doigts et encore plus Patrick Gendraud investi à la présidence du département successeur de Villiers. Qui voulait utiliser cette nouvelle fonction comme « tremplin » à destination des Sénatoriales. Atterrissage loupé.
Dans cet effet domino, Le Sire Bonnefond voit également disparaître l’opportunité de se présenter à la Présidence du Département, avant 10 ans maintenant.

Alors regardons d'abord ceux qui le furent, candidats, en 2014, de manière infructueuse, et principalement :

- Dominique Vérien, maire de Saint-Sauveur, présidente de l'UDI de l'Yonne, présidente de l'association des maires ruraux de l'Yonne, conseillère régionale, avec comme suppléant Joseph Agache, UDI, maire de Saint-Martin-du-Tertre. 

- Aurélie Berger, maire de Gurgy, conseillère régionale à l'époque, conseillère communautaire de l'auxerrois, suppléante de Henri de Raincourt, frustrée de cette élection partielle alors qu'elle aurait pu espérer remplacer le sénateur sortant.

- Jean-Philippe Saulner-Arrighi, UMP, président de la comcom de Puisaye, conseiller régional, maire de Moulins-sur-Ouanne avec comme suppléante Anne Jérusalem DVD, élue du Tonnerrois, maire de Chassignelles. Il a dit qu'il n'irait pas cette fois.

- Bernard Moraine maire DVG de Joigny avec comme suppléante, Murielle Vergès-Caullet PS d'Avallon. À noter qu'un autre attelage PS s'aligna, constitué du Poyaudin Jean-Luc Minier et Françoise Martin.

Le Front de gauche était représenté par Gérard Lacombe (4,55%), EELV par le conseiller général Jean Massé (6,82%) et le FN par Claude Dassié (2,75%). Qui sera le candidat FN pour cette sénatoriale partielle dans l'Yonne ? 

 

Trois figures émergent

 

Parmi les nouveaux noms avancés, Gilles Pirman, maire LR de Saint-Clément, directeur général des services du conseil départemental de Seine-et-Marne, conseiller départemental de l'Yonne, ex-président de la comcom du sénonais avant d'être débarqué par Marie-Louise Fort, maire de Sens, députée. Il présenterait l'avantage d'être un élu du nord, face à la sénatrice du sud, Noëlle Rauscent maire de Domecy-sur-Cure qui a suppléé Jean-Baptiste Lemoyne nommé ministre dans le gouvernement d'Édouard Philippe. Il présente un autre avantage aux yeux de H2R et Guillaume Larrivé le président apparatchick nommé par intérim par Paris de la Fédération LR dans l'Yonne, décapitée par le transfert de son président JB Lemoyne à la République en Marche. Celui de ne pas leur faire de l'ombre et de jeter une pierre dans le jardin de Marie-Louise Fort avec laquelle ce n'est pas le grand amour.

Valérie Leuger, conseillère départementale d'Auxerre, trésorière de la fédération de l'Yonne du parti Les Républicains est également citée en coulisses, incarnant le renouvellement féminin (tant attendu au Sénat) et la jeunesse. La militante d'une droite qu'elle veut humaniste avec Valérie Pécresse en opposition avec la ligne dure qu'incarnent Laurent Wauquiez et Guillaume Larrivé dans l'Yonne, a fait deux campagnes victorieuses celles de Guillaume Larrivé, en 2012, à la députation et celle de Jean-Baptiste Lemoyne aux sénatoriales en 2014, un J-B. Lemoyne parti comme dissident indépendant sans l'investiture UMP. Et une perdante aux dernères législatives.

Sa force est son énergie, sa connaissance du terrain, sa présence ainsi que sa puissance de travail. Elle connaît les maires du département et leurs problèmes. L'avantage pour les pontes d'LR est qu'elle laisserait la voie libre à Auxerre où il se murmure qu'elle pourrait être tête de liste aux élections municipales de 2020. Mais les deux personnes qu’elle a le plus aidé sont tapis dans l’ombre pour saborder sa candidature. Par misogynie ou jalousie ?

Il y a aussi Mafoud Aomar, issu de la société civile, ancien créateur et chef d'entreprise, président de la Communauté des communes de l'Aillantais et président de l'Association des Maires de l'Yonne qu'il a sorti des ténèbres un soir à Venoy. Un homme de consensus et d'action, épaulé par Henri de Raincourt, Guy Férez, Bernard Moraine, François Boucher et tous les présidents d'intercommunalités de l'Yonne.

À gauche, Jean-Yves Caullet, maire d'Avallon la République En Marche, Thierry Corniot maire DVG de Seignelay et Murielle Vergès-Caullet conseillère régionale socialiste comme Frédérique Colas, ne semblent pas vouloir y aller. Les écologistes devraient être sur la ligne de départ avec le Poyaudin Jean Massé ou une candidature féminine.

Quant à Bernard Moraine le maire DVD de Joigny candidat en 2014, il ne se représentera pas, c'est une certitude. Le bureau fédéral du PS fera sortir le lapin du chapeau dès demain.

Il y aura des candidats divers à droite, comme en septembre 2014 où les Auxerrois Jean-Louis Druette DVD, Didier Hamelin Debout la France,  firent un tour de piste en tant que candidatures de témoignage. Jean-Louis Druette ne repartira pas.

Si l'on sait que 54% des délégués de communes grands électeurs sont des élus de communes de moins de 1 500 habitants, que ces derniers sont remontés contre les coupes claires dans les dotations diverses, la suppression de la taxe d'habitation principale ressource qui estiment-ils ne sera pas compensée totalement, et contre les futurs proches regroupements de communes et intercommunalités, il semblerait qu'aucun candidat ne souhaite endosser la casaque de la République En Marche sauf à aller au massacre.

Les jeux ne sont pas faits. On comptera les bouses à la fin du deuxième tour de scrutin, s'il y en a un.

Et puis rendez-vous en 2021 pour la prochaine élection sénatoriale, le renouvellement du mandat de Noëlle Rauscent suppléante de Jean-Baptiste Lemoyne.

À moins que le siège en question ne soit supprimé, ce qui permettrait alors de dire combien Henri de Raincourt fut un stratège en remettant son mandat. Il aurait empêché l’actuel secrétaire d’État de se représenter et réaliserait donc un strike ! Comme on dit au bowling d'une boule qui renverse toutes les quilles.

 

 

Pierre-Jules GAYE 

 

 

Sénatoriales 2014 deuxième tour

Quatre candidats s'étaient désistés au deuxième tour : Pierre Bordier ( sénateur UMP sortant), Jean-Luc Minier (PS), Jean-Louis Druette (DVD) et Isabelle Bourassin-Lange (DVD)