« Colosse aux pieds d’argile » est une association de loi 1901 à but non lucratif créée en 2013 par Sébastien Boueilh, il y a quatre ans (*)

Rugbyman du sud-ouest près de Dax, il a été violé et a pris 18 ans ferme comme il dit, emmuré dans le silence, avant de libérer la parole et d'avoir droit à un procès qui a condamné son agresseur après que ce dernier ait fini par tout avouer.

Depuis sa réhabilitation et sa dignité retrouvée, l'homme marié, père de famille, milite pour tenter d'aider les autres victimes de la pédophilie qui provoque des ravages dans notre société.

Si l'action de l'association Colosse aux pieds d'argile est tout azimut, ce sont les clubs sportifs de toutes disciplines qui sont principalement visés par des actions d'information, de formation et de prévention.  Dans l'Yonne le relais est l'Ufolep.

Le propos de Sébastien Boueilh est en substance d'affirmer quil faut apprendre aux enfants à se défendre face à l'agresseur et de leur donner des outils. D'affirmer que personne n'a le droit de toucher leur corps en-dehors d'eux-mêmes et du médecin. De soutenir qu'une distance doit être marquée dans les relations entre éducateurs et enfants : pas de bises mais un check de main ou de tête.

Le conférencier tout en pudeur a nommé les choses tout en commentant des slides illustrant les ravages de la pédophilie qui fait 150 000 victimes connues, chaque année, un chiffre effarant.

La description de réalités hallucinantes évoquant les stratégies des prédateurs qui avancent masqués. À la question de l'orateur demandant aux membres de l'assistance quelles étaient les qualités d'un éducateur, les mots clé surgirent de manière très positive. "Vous venez de décrire le profil du parfait prédateur ...", conclut-il. Une conclusion effrayante car elle déstabilise et fait peur. Ainsi ne pourrait-on faire confiance à personne ?

La force du témoignage personnel donna encore plus de force à la relation par le conférencier d'autres témoignages indirects pour décrire ce qu'il faut bien appeler l'horreur.

Sébastien Boueilh évoqua son agresseur, un éducateur, qui l'emmenait et le ramenait chez lui après l'entraînement. Après avoir été violé, il voyait l'éducateur boire le café avec ses parents. C'est tout dire de l'omerta, la loi du silence et des stratégies utilisées par l'agresseur pour réduire sa victime au silence.

L'orateur du soir n'a pas éludé l'autre facette de l'horreur. Celle des dégâts provoqués par des accusations non fondées qui font également des victimes, pointées du doigt à jamais.

Que de souffrances.

P-J. G.

 

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(*) L’association Colosse aux pieds d’argile vise à sensibiliser sur la pédophilie dans les milieux sportifs.

Sébastien Boueilh, président de Colosse aux pieds d’argile, mènera des actions de sensibilisation auprès des clubs sportifs dès la rentrée de septembre. (Photo Nicolas Le Lièvre).

Durant trois jours de procès en mai dernier, devant la cour d’assises des Landes, il a ôté leur cuirasse, cassé leur image d’hercules pour montrer leurs blessures, est passés au-dessus de la honte et de la culpabilité pour décrire les viols dont il a été victime, dans les années 90, à Téthieu, quand ils n’avaient que 12 ans.

Le soir même de la condamnation de son agresseur à dix ans de réclusion criminelle, Sébastien Boueilh a voulu donner un sens à ces années de souffrance qui l’ont enfermées « dans un monde de haine ».

Entouré de ses proches, il a créé l’association Colosse aux pieds d’argile – expression utilisée par son avocat durant l’audience – dédiée à la prévention et la sensibilisation aux risques pédophiles dans les milieux sportifs.

 

Sébastien Boueilh, à Auxerre, jeudi soir (DR)

 

Une soirée organisée par l'Ufolep 89 et la Ligue de l'Enseignement de l'Yonne (DR)

 


Depuis la création de l'association les colosses aux pieds d'argile, Sébastien Boueilh reçoit des témoignages tous les jours (DR)