La sortie du cercueil, la famille derrière, digne dans la douleur au milieu de la foule (DR)

 

 

Méré petit village entouré de points d'eau et de sources au milieu d'un océan de terres cultivées, immensité de champs, et l'horizon à perte de vue, a été envahi, jeudi après-midi, pour les obsèques de Marcel Huré, enfant du pays, paysan, maire pendant de longues années, cultivateur, travailleur, rygbyman, homme engagé dans son temps. Homme de terroir et de valeurs.

L'église St-Martin (XIIè siècle) long édifice, était bondée.

Les parvis aussi, jusqu'à l'entrée de la rue Saint-Martin et au-delà de l'Impasse Aubiottes, une parmi les nombreuses impasses qui caractérisent l'habitat du village où rythmait et dansait autrefois, une boîte de nuit.

Si le plafond du ciel était bas et gris, l'air était d'une grande douceur. La voûte céleste retint les gouttes de pluie le temps de la cérémonie religieuse, simple et dépouillée.

Pas de discours, Marcel n'aimait pas ça préférant, les actes, le coeur et la mémoire.

Pas de fleurs, Marcel voulait l'égalité pour tous. Deux gerbes placées au denrier moment dans le corbillard dérogèrent à sa volonté. Un geste de rébeillon qu'il eut apprécié, malgré lui.

Le curé prononça une homélie en forme de conversation avec lui-même, monologue sensible de proximité, évoquant l'homme que fut Marcel Huré.

Il commenta aussi l'évangile ne manquant pas à son devoir. Marcel ne lui eut pas pardonné... quoique...

Joie, force et tranquilité, le caractérisent. 

 

Dans sa terre

 

Jamais dans sa bouche des paroles négatives. Et si quelqu'un s'avisait d'en commettre quelques unes, Marcel esquissait ce sourire désapprobateur désarmant, les yeux en feu.

Ce même regard  trahissant fureur et révolte de Damien son fils debout, lorsque le cercueil fut glissé au fond du corbillard, sous ses yeux.

Dans la foule et dans les files qui s'organisaient d'elles-mêmes, on put croiser Henri de Raincourt, André Villiers, Patrick Gendraud, Yves Vecten, Jacques Hojlo, Aurélie Berger, Gérard Arnouts, les amis du rugby venus de loin dirigeants et joueurs confondus et bien d'autres, maires, anciens maires, venus du monde agricole, de la chambre d'agriculture, du syndicalisme, du rugby, de Chablis et d'Auxerre, de Migennes et du nord et d'ailleurs. C'est que Méré au cours de l'histoire fit partie du baillage de Sens, du pays de Tonnerre, du diocèse de Langres et du canton de Ligny-le-Châtel.

Ces humains venus d'univers différents se sont retrouvés autour de Marcel Huré, le temps d'un long moment silencieux suspendu dans l'espace et le temps, le temps de réfléchir et se laisser envahir par le destin de l'homme, mort et vif, vif et mort, cette dernière étant une forme de (re)naissance au bout du compte, que l'on soit croyant ou pas.

C'est encore avec la même dignité que la famille, dans l'initmité, suivit le corbillard, à pied, de l'église au cimetière, où Marcel Huré fut porté en terre cette terre qu'il aimait et qu'il a tant travaillée de ses mains géantes. Unité de lieu, unité de temps, unité d'espace, telles sont les règles du théâtre classique convoqué par Marcel.

Un vin de l'amitié, comme l'a décrit le curé, fut servi à tout le monde dans la salle des fêtes, pas loin c'est-à-dire tout à côté de l'église et du cimetière la ceinturant comme sur un plaquage. Deux mots qui parlent de Marcel Huré.

 

P-J. G.

 

 

 Les rues étaient noires de monde, avant pendant et après (DR)

Un répit avant la sortie du cercueil (DR)