SOCIETE
Ces mini mondes que l'on appelle famille
le mardi 07 novembre 2017, 11:04 - SOCIETE - Lien permanent
Un sujet illimité, la famille. Le refuge et l'horreur, les contraintes et la transmission des traditions et connaissances, les drames et merveilleuses histoires, les personnages forts, que ce soit dans la vraie force ou dans la geignante manipulation des faibles. 16è Entretiens d'Auxerre organisés par le Cercle Condorcet, au théâtre municipal de jeudi 18h30 à samedi 19 heures
Mariage (DR)
Il y a la famille du sang, ou que l’on croit telle car les enfants « naturels », les enfants adoptés qui ressemblaient étrangement au père de famille quand même, les enfants qu’un époux magnanime avaient acceptés dans le nid… tous ces lignages indirects et peu nets n’ont rien de nouveau. Il suffit de remonter à la Bible qui nous présente une Sarah trop âgée pour donner un fils à Abraham – qui a malgré tout 86 ans à l’époque, pas un jeune homme non plus - et lui offre donc une jolie servante, Agar qui lui donnera Ismaël.
Il y a aussi la famille agrandie par l’amour. Combien de servantes aimées, d’affectueuses nourrices, d’instituteurs célibataires et patients ne se sont-ils pas faits une place officielle dans la famille ? Ou ces autres que l’on croit de la famille parce qu’on les a toujours identifiés comme l’oncle Gaston ou la tante Simone, et puis non, ils étaient l’ami proche de maman, ou le fiancé inconsolable d’une jolie tante morte avant les noces. Leur place est aussi définie que celle des fauteuils du salon. On ne passerait pas une fête de fin d’année sans leur rendre visite, les inviter ou leur envoyer des vœux.
Et la famille « reconstituée », aux contours changeant. Contours auxquels parfois on s’accroche pour ne pas « encore changer d’avis », ou ne pas infliger aux enfants des séparations d’avec ceux auxquels on les avait unis. Les concessions ont la part belle dans les familles : la vie ne se vit pas avec des « y a qu’à », et il appartient à chacun d’à la fois accepter l’inévitable et de tenir à ce qui pour lui est essentiel.
Inimitiés féroces, monstres qui enlèvent le masque lors des successions, de poursuites judiciaires infâmes, de disputes abominables un jour d’anniversaire ou de funérailles. Douceur infinie de ces membres de la famille – celle du sang, ou celle de l’amour, ou celle du devoir… - qui laissera son empreinte et son sillage dans toutes les vies ainsi touchées. Souvenir de querelles relativisées, de courageuse honnêteté, de sacrifices discrets, ou de la chaleur qui luisait dans ce sourire-là, vibrait dans cette voix-là. Souvenir d’une chanson un peu bête et complice qui faisait rire les petits-enfants, de confidences mutines évoquant une enfance lointaine et impertinente. Secrets confiés en chuchotant, l’œil humide d’une émotion restée intacte à l’évocation d’un amour perdu, d’un compagnon de guerre tué, d’un chiot sauvé des eaux… Ce sont des pardons si profonds que personne ne pourrait les avoir mérités mais qui sont accordés par l’amour jardinier, celui qui met du mastic sur l’écorce meurtrie d’une branche malmenée. Ce sont des cassures irréconciliables qui font que l’on scie la branche et la brûle.
Frédéric Bazille, Réunion de famille, terrasse à Méric, 1867-1868
Le temps que l’on remonte en suivant l’arbre généalogique du doigt, d’une branche à l’autre. Les parents, et leurs parents. Oui mais ne pas oublier que le grand-père a eu deux épouses, dont une qui était veuve et avait un fils, François, qu’on appelle Oncle François bien sûr mais qui n’est pas vraiment de la famille, ce qui est dommage car c’est le plus beau des fils… Et là, autour de 1850, il y a un truc qu’on ne comprend pas, comment la fille aînée ressemble-t-elle à la femme du frère de son père et pas à sa mère ? Erreur de photo, ou erreur de jeunesse ?
La famille… comment ne pas trouver qu’en dire ?
Suzanne DEJAER
Thanksgiving
Le programme des 16 èmes Entretiens d'Auxerre
Jeudi 9 novembre De 18h30 à 20h30. Accueil par Hervé Couteille, président du Cercle Condorcet d’Auxerre, puis introduction par Michel Wieviorka, qui dirige le comité scientifique des Entretiens.
Échange, avec Noëlle Chatelet, « La grand-maternité, un voyage initiatique »; Martine Segalen, « Ce qui se cache derrière “Palylouis” et “Mamitine”. Les nouveaux grands-parents dans la famille d’aujourd’hui. »
Vendredi 10 novembre De 9 à 11 heures, « Diversités de la famille ». Président de séance : Jean-Pierre Dozon. Avec François de Singly, « Les deux pluriels de la famille : structure et style »; Jean-Luc Domenach, « la famille : fondement de la société contemporaine chinoise »; Denis Pelletier, « La “famille catholique” entre politiques du genre et mondialisation théologique (années 1970-2010) ».
De 11h15 à 12h30, « La famille en images ». Présidente de séance : Michèle Skowron. Avec Jean-Marie Barbaro, « La famille au cinéma »; Martin Douaire, « La famille dans les séries TV : quelles représentations ? Quelles histoires ? »
De 14h30 à 16h30, « Aider la famille ou les individus ». Président de séance : Philippe Frémeaux. Avec Jeanne Fagnani, « Aider les familles et les individus : contradictions et incohérences des politiques sociales actuelles »; Daniel Lenoir pour une participation au débat.
De 16h45 à 18h30, « Dilemmes et débats ». Présidente de séance : Valentine Zuber. Avec Hervé le Bras, « Famille et travail : l’impossible dilemme des femmes et des (hommes) » ; Séverine Mathieu « La famille en mouvement. Normes familiales et recours à l’assistance médicale à la procréation »; Anne Muxel, « La politique au cœur de la famille ».
Samedi 11 novembre De 9 à 11 heures, « Transmissions familiales ». Président de séance : Jean Dhombres. Avec Jean-Michel Baligand, « la notion de famille vue sous l’angle notarial : solidarité intergénérationnelle et rôle essentiel du notaire quant à la transmission du patrimoine. Aspects théoriques et applications pratiques »; Nicolas Duvoux, « La philanthropie des familles en France »; André Masson, « Très cher héritage : les droits de succession ont-ils encore un avenir ? »
De 11h15 à 12h30, « Portraits de familles ». Présidente de séance : Monique Castillo. Avec Rachel Lauthelier-Mourier, « Présence absente : le père de famille dans le portrait bourgeois »; Tiphaine Martin, « Retrouver sa famille : de sans famille à en famille ».
De 14h30 à 16h30, « Protéger les enfants – Protéger la famille ». Présidente de séance : Héloïse Lhérété. Avec Nicole Boyer, « familles et travailleurs sociaux »; Fabienne Brugère, « La famille moderne et l’invention du “prendre soin” »; Jean-Pierre Rosenczveig, « qui est responsable de l’enfant? ».
De 16h45 à 18h30, « Famille et politique ». Président de séance : Pascal Dibie. Avec Michel Foucher, « Papa m’a dit ! Ou le rôle des dynasties familiales dans la politique internationale »?; Marcela Iacub, « La famille contre la démocratie »; Pascal Perrineau, « Y a-t-il des familles politiques ? »
De 18h30 à 19 heures. Conclusions, par Michel Wieviorka.
Commentaires
Tres beau texte, en effet. Les familles biologiques sont souvent meurtrieres. Les enfants qui voient leurs parents.biologiques s'entre detruire en font les frais. En revanche les liens fondes sur "l'affectio societatis" sont forts car ils reposent sur la seule volonte. Ne soyons pas aussi pessimistes. Un homme et une femme"d'esprit" peuvent fonder une vraie famille.
Près de 130 000 divorces sont prononcés chaque année,10 couples mariés sur 1000 divorcent. Autre chiffre qui révèle l’importance du divorce en France : près de 45% des mariages se termine par un divorce
Conséquence de cela : plus de 1,6 millions d’enfants vivent aujourd’hui dans des familles recomposées.
Peut on, Ã la lecture de ces statistiques, parler encore de, "LA famille" ?
L'image que nos sociétés occidentales ont, depuis des lustres, de la famille, représente l'unité, l'indivisibilité, or, aujourd'hui, elle est synonyme de conflit, de séparation, de recomposition, d'éparpillement. Certes, les enfants d'aujourd'hui et de demain naitront et vivront dans cette configuration et s'y adapteront (ils n'ont pas le choix), peut être même seront ils plus ouverts au changement, plus endurcis face aux difficultés de la vie, il est déjà possible de le vérifier dans notre environnement.
Dans le monde révolu évoqué avec talent et sans concession par Suzanne DEJAER, le terreau familial était parsemé de turbulences, de cachoteries, de secrets, de jalousie, de drames en tout genre, mais tout cela survenait sans pour autant aller jusqu'à la séparation, morale et religion obligent, contrairement à l'époque actuelle. Laquelle des deux était elle la mieux vécue par l'enfant ?