André Villiers député UDI de la deuxième circonscription de l'Yonne (DR)

 

M. André Villiers. Madame la ministre des solidarités et de la santé, l’Yonne, patrie de Romain Rolland, de Colette ou encore de Guy Roux et du Chablis (Sourires),…

M. André Villiers. …ses 428 communes et ses 340 000 habitants sont en émoi. Pire, ils sont en proie au désarroi ! Alors que l’hôpital public réclame des réformes urgentes, le nouveau projet régional de santé, pour 2018-2027, annoncerait des nouvelles rétrogrades quant à la prise en charge sanitaire. Ainsi, le service d’urgence du centre hospitalier de Tonnerre est voué à être fermé la nuit ; le numéro 15 dédié au département serait invalidé ; l’hélicoptère basé à Auxerre serait supprimé.

M. Fabien Di Filippo et M. Jean Lassalle. Très bien !

Mme Caroline Fiat. C’est pareil à Rouen !

M. André Villiers. Madame la ministre, vous êtes médecin, et différente parce que profondément humaine.

M. David Habib. Oh !

M. André Villiers. Vous connaissez mieux que personne la détresse des malades, des personnes isolées, souvent très âgées. Vous avez vécu de près les urgences, les regards de tous ces êtres désespérés, victimes d’accident ou de choc cardiaque voire en état d’urgence absolue.

M. Aurélien Pradié. Cirage !

M. André Villiers. Madame la ministre, vous connaissez l’utilité indispensable du 15 pour organiser le flux des urgences. Vous savez que l’hélicoptère permet d’intervenir avec une efficacité inégalable.

Résonnent encore les phrases du Président de la République, alors candidat, en campagne, le 28 avril 2017 : « un tiers de nos départements sont des déserts médicaux », où vivent 2,5 millions de personnes ; « ça n’est pas une situation de justice » ; « le moment que nous vivons est grave parce que le pays est fracturé » ; « la France des champs » est à la traîne ; il faut « réconcilier les territoires » et « redonner partout les accès, les mêmes droits ». C’est indigne d’un pays comme la France, notre pays.

De quoi s’agit-il ? De sauver des vies, de résoudre la grande question sociétale de la désertification médicale en milieu rural ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LC.)

M. Jean Lassalle. Très bien !

M. Fabien Di Filippo. On veut des médecins !

M. André Villiers. Que de livres, que de reportages télévisés…

M. le président. Merci, mon cher collègue.

La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement.

M. Christophe Castaner, secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement. Monsieur Villiers, étant élu des Alpes-de-Haute-Provence, je sais l’importance du sujet que vous abordez, pour les élus comme pour les citoyens. Je comprends parfaitement l’angoisse qu’ils peuvent éprouver à la perspective de ne trouver personne pour les secourir en d’accident ou d’urgence. Je voudrais cependant vous rassurer.

M. Jean-Paul Dufrègne. Ça va être compliqué !

M. Christophe Castaner, secrétaire d’État. Le Gouvernement veut faire de l’égal accès aux soins pour tous une priorité, sur l’ensemble du territoire, dans les Alpes-de-Haute-Provence comme dans l’Yonne. C’est un point essentiel.

Puisque vous m’interrogez à propos de situations très concrètes, je vous répondrai très concrètement – et mon collègue Jean-Baptiste Lemoyne aurait aussi bien pu le faire car il partage vos inquiétudes, que je voudrais apaiser.

L’organisation des urgences, effectivement abordée dans le cadre de la stratégie régionale construite par l’agence régionale de santé – l’ARS –, est en cours de préparation. Le projet régional prévoit de maintenir un dispositif d’urgence, par le 15 téléphonique, pour que les urgentistes actuellement mobilisés derrière un téléphone le soient plutôt dans les services d’urgence.

Par ailleurs, nous avons conscience de la nécessité d’assurer une desserte permanente de l’ensemble de la région par transport sanitaire héliporté. Si Mme Buzyn n’était pas occupée à défendre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale devant le Sénat, elle pourrait vous dire elle-même l’engagement que je prends devant vous, au nom du Gouvernement : il n’est pas question de supprimer ou de modifier la présence physique, au quotidien, d’un service d’intervention héliporté. Une prochaine réunion a été demandée avec le directeur de l’ARS, qui confirmera, monsieur le député, les propos que je vous tiens. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes REM et MODEM.)

 

Restera, restera pas à Auxerre ... ?

 

 

COMMENTAIRE

 

Ce n'est pas gagné

 

"Il n’est pas question de supprimer ou de modifier la présence physique, au quotidien, d’un service d’intervention héliporté..." affirme le secrétaire d'État, qui ajoute que le directeur de l'ARS (agence régionale de santé) confirmera prochainement ses propos...

Comment analyser cette déclaration qui ne mange pas de pain et est très politique ?

L'hypothèse du rapatriement de l'hélicoptère d'Auxerre à Dijon entre parfaitement dans le cadre de la déclaration dès lors qu'il n'y aurait pas suppression du service d'intervention héliporté, ce dernier décollant simplement d'ailleurs que sur les hauts d'Auxerre. La présence physique de l'hélicoptère ne serait en toute hypothèse pas modifiée dès lors que l'hélicoptère survolerait l'Yonne au départ de Dijon pour secourir les blessés. Castaner ne dit pas Auxerre.

Mais chacun à la lecture de la réponse du ministre pourra se faire sa propre opinion.

La suppression de l’hélicoptère obtenue par la clairvoyance et l’obstination du "Chef" feu Jean-louis Hussonnois, créerait une inégalité des chances tout à fait injuste et inadmissible.

Pour un médecin spécialiste des urgences dans l'Yonne, le Docteur Philippe Mifsud, "il faut bien comprendre qu’il s’agit uniquement d’une tactique sanitaire de la part de l’ARS de BFC (Bourgogne-france-Comté) pour multiplier les transferts secondaires sur le CHU de Dijon et de limiter ceux sur les CHU parisiens".

Alors continuez de partager et faire circuler la pétition initiée par AUXERRE TV qui a recueilli jusqu'à présent près de 15 000 signatures.

Les décisions finales sont prévues pour avril-mai 2018. Il va, d'ici là, encore couler beaucoup d'eau sous les ponts.

 

P-J. G.