Combien de temps va pouvoir tenir le centre hospitalier d'Auxerre : difficulté de recruter des médecins, des spécialistes, services menacés à l'avenir, le centre d'appel 15, les urgences, l'hélicoptère, la cardiologie ...

 

Le centre d'appel des urgences au centre hospitalier d'Auxerre : 170 000 appels en 2016. Le service est menacé d'être regroupé à Dijon

 

 

Les pétitions et autres missives et déclarations ponctuelles, sont ce quelles sont. Mais sont-elles pertinentes ...?

La question est de savoir si elles sont dans la réalité ou si elles y échappent ? Aurement dit, le jeu, le match ne se joue-t-il pas ailleurs ?

Le pouvoir dans ce domaine est entre les mains et dans la tête (il y a de nombreuses formes d'intelligence) du directeur de l'Agence régionale de santé. Les politiques n'ont pas prise, c'est lui qui a le pouvoir et il ne rapporte qu'au ministre de la Santé en l'occurence. Or cette dernière, dépend du Premier minstre qui lui-même dépend du Président de la République. Ce dernier veut faire évoluer la société quitte à bousculer les choses. Et il le fait. Cela tout le monde l'a compris. Et une majorité de citoyens le veulent puisqu'ils l'ont élu sur son programme et sa personnalité.

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Le problème c'est que personne ne connait cet objectif. Ni nous ni les citoyens

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Ils ont aussi élu quelqu'un qui proposait autre chose que ce qui a été servi par les uns et les autres ces deux dernières décennies ainsi que par la rupture idéologique aventureuse et dangereuse de l'extrême droite.

Autrement dit, personne ne peut savoir vraiment quelles sont ni quelles seront en définitive, les vraies instructions non plus que les directives inamovibles pour faire tomber des murs. Oui. Nous sommes dans une guerre de positions et les avancées se font en fonction de l'objectif final.

Le problème c'est que personne ne connait cet objectif. Ni nous ni les citoyens.

Donc, personne ne sait quelle copie va rendre le directeur régional de l'ARS, au mois de mai, même si des documents existent.

Ni le ministre, ni le Président de la République, ni Auxerre Tv. C'est dire le pouvoir du  directeur régional, un statut créé par le pouvoir et l'État au sein de l'administration en besoin d'efficacité, bien avant l'avènement de Macron.

Cela étant posé, que peut-on affirmer ?

L'hélicoptère, comme aurait dit Jean-Louis Hussonnois, c'est important mais pas l'essentiel.

Jlhuss est le médecin qui a créé le SMUR (*) en 1975 avec Alain Drouhin alors directeur financier au Centre hospitalier d'Auxerre. J-L Hussonnois a ensuite fait de la politique, obtenu l'hélicoptère, le premier en Bourgogne et défendu le schéma sanitaire régional pendant de longues années, militant pour une médecine de proximité et de qualité, une médecine humaine.

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Le vrai enjeu c'est la 15, le centre d'appel des urgences et son maintien à Auxerre au centre hospitalier.

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Or le nouveau plan régional de santé (2022) prévoit (c'est écrit) le regroupement des 15 à Dijon.

Pourquoi ?

C'est sans doute le vrai sujet. Quel est le contexte ?

La métropole dijonnaise veut tout rassembler, centraliser, face à Besançon, l'autre capitale régionale, dans le cadre de la fusion des deux régions, et on peut le comprendre. François Rebsamen maire PS de Dijon (qui, rappelons-le, a choisi sa ville plutôt qu'un autre ministère après l'Intérieur, sous Hollande au pouvoir) joue pour sa capitale des Ducs de Bourgogne. Et qui ne ferait pas pareil ?

Ce qui implique le regroupement et la mutualisation du 15 à Dijon. C'est-à-dire plus clairement le transfert des 12 médecins urgentistes d'Auxerre à Dijon.

Ce transfert implique, ipso facto, le  rapatriement de l'hélicoptère 89 basé au centre hospitalier d'Auxerre à Dijon. Et la mort des urgences à Auxerre, celles créées par Jlhuss.

Il faut bien compendre que c'est, ça, qui est programmé et écrit dans le projet régional.

L'étau se resserre sur Auxerre.

La métropole, la capitale Rebsamen, veut récupérer à son avantage, le service cardiologie du centre hospitalier d'Auxerre dirigé par le Dr Soto chef du service, dont la réputation n'est plus à faire en terre icaunaise. Et au-delà. Le petit bonhomme à la voix haute et claire est un ponte, si l'on ose dire, de la cardiologie et de la politique sanitaire au sens noble.

Pourquoi la métropole voudrait récupérer le service cardiologie à l'hôpital d'Auxerre ?

Sans doute parce que ce service a créé un système hyper-performant de pose de pace-makers sur mesure, en souplesse, avec des médecins spécialisés car formés en conséquence ainsi qu'un environnement favorable.

Vous aurez compris que Soto malgré lui, a créé un business régional, non négligeable. Vous aurez compris aussi que le DR Soto est courtisé et demandé ailleurs et qu'il a résisté jusqu'à présent.

Et que c'est important dans un contexte contraint des budgets d'hôpitaux dont la plupart accusent des déficits récurrents. Tel celui d'Auxerre, et en dépit d'une politique quasiment obligée de multiplication des "actes", le nombre des ces "actes" servant de base à l'obtention des subventions et subsides. C'est donc pour les gestionnaires une course perpétuelle en avant.

Le CHU de Dijon dispose d'un service de cardiologie classique au sein duquel travaille l'épouse du directeur de l'Agence régionale de l'Agence régionale de la santé. Il est évident que le regroupement des services de Dijon et d'Auxerre à Dijon évidemment, apporterait un plus conséquent ainsi qu'une plus-value non négligeable, pour employer un terme général.

Une chose est claire : si Auxerre perd le 15 et que les 12 médecins urgentistes sont mutés à Dijon, c'est la fin de l'hôpital d'Auxerre tel qu'on le connait et la fin des services de proximité de santé publique, en crise dans l'Yonne. Impossible par exemple de trouver un dentiste. Tous refusent de nouveaux patients car leurs agendas sont plus que blindés. Même une urgence ne peut être traitée. La seule issue est d'appeler le Samu le dimanche matin à 8 heures, pour avoir une chance de bénéficier d'une consultation dans la matinée. Un dentiste du privé, assurant une garde pour les urgences à son cabinet. Le même désert existe dans d'autres spécialités. Cherchez à prendre rendez-vous avec un ophtalmologiste. Pas de rendez-vous avant 8 à 10 mois. Pour les urgences, il faut aller à Paris au Quinze-Vingt.

Ce serait la fin, aussi, de la formation de jeunes médecins internes, qui ne viendront plus au Centre hospitalier d'Auxerre s'il n'y a plus de Samu.

Enfin, tous les efforts consentis par les collectivités et principalement par le conseil départemental de l'Yonne en direction du recrutement de médecins dans l'Yonne, à coups de bourses et d'aides pécuniaires à l'installation dans des cabinets médicaux en campagne, seront ruinés et quasiment irréversibles.

Voilà la situation. Il ne faut pas se voiler la face.

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18 mois qu'ils y travaillent (au regroupement du 15 et du 18) ... à coups de réunions mensuelles avec les pompiers, médecins, ambulanciers privés ...

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Dans ce contexte, les tentatives de rapprochement entre le 18 et le 15, entre pompiers et Samu, sur le site de l'hôpital ce qui paraît fondamental vu les tenants et aboutissants exposés plus haut, suffiront-elles à poser une digue au transfert du 15 et des 12 médecins urgentistes hélicoptère compris, au CHU de Dijon ?

Encore faudrait-il qu'elles aboutissent. Selon Christophe Bonnefond le président du Sdis icaunais (service d'incendie et de secours), cela fait 18 mois qu'ils y travaillent ... à coups de réunions mensuelles avec les pompiers, médecins, ambulanciers privés.

Est-ce ainsi que les pros de l'Yonne vont faire fuir la menace d'un regroupement sur Dijon ?

Il est permis d'en douter.

Le maire d'Auxerre Guy Férez, qui est aussi président du conseil de surveillance du centre hospitalier d'Auxerre et président du conseil de surveillance  des hôpitaux du sud Yonne et du Haut-Nivernais, en est bien conscient qui entend accélérer le processus qui traîne. Dans un courrier adressé aux présidents du Conseil départemental 89 et au président du Sdis, il propose en substance d'engager sans tarder des discussions afin de créer un plateau technique unique d'appels des centres d'appel de traitement 18 et 15, sur le site du CHA, seule perspective pour fiabiliser les activités et pérenniser deux services complémentaires.

Ça sent vraiment le roussi. Il faut appeler les pompiers en urgence avant qu'il ne soit trop tard s'il ne l'est déjà.

Raison de plus pour ne rien lâcher avec la pétition citoyenne proposée par AUXERRE TV qui rassemble actuellement près de 16 000 signatures.

Une lettre sera adressée au Président de la République ainsi qu'un SMS senti, le moment venu. Première action citoyenne parmi d'autres qui suivront afin de transmettre l'engagement et la volonté des 16 000 signataires à qui de droit, et de respecter leur démarche qui nous fait confiance. Notre rôle s'arrête là.

 

Pierre-Jules GAYE

 

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(*) Le service mobile d'urgence et de réanimation (S.M.U.R.) est devenu structure mobile d'urgence et de réanimation bien souvent abrégé en SMUR, est un service hospitalier consistant en un ou plusieurs véhicules destinés à apporter les soins d'aide médicale urgente en dehors de l'hôpital, bien souvent conjointement avec une ambulance.

 

Le service d'aide médicale urgente (S. A. M. U.), ou Samu1, est le centre de régulation médicale des urgences d'une région sanitaire. Ce service répond à la demande d'aide médicale urgente (AMU), c'est-à-dire l'assistance pré-hospitalière (dans la rue, à domicile, sur le lieu de travail, …) aux victimes d'accidents ou d'affections soudaines en état critique (malaise, maladie, ou femmes enceintes). Le médecin régulateur du Samu régule les ressources de soins urgents dont il reçoit continuellement les disponibilités et oriente les patients vers les services les plus adaptés à leurs cas.
Dans le langage courant, « le Samu » est utilisé par extension pour parler des services mobiles d'urgence et de réanimation (SMUR) et de leurs ambulances de réanimation, car les véhicules comportent souvent le sigle « SAMU » (à défaut de « SMUR »).

 

L'hélicoptère est le symbole de ce combat dans l'Yonne. Il est basé de longue date au centre hospitalier d'Auxerre et fut le premier en Bourgogne

 

 

# Courrier adressé par Guy Férez président du Conseil de surveillance du Centre hospitalier d'Auxerre au président du Conseil départemental Patrick Gendraud, et à Christophe Bonnefond, président du Sdis