Un chausse-trappe, un piège redoutablement pervers semble-t-il après plusieurs faits similaires (DR)

 

 

On l'appréhende toujours quand on roule dessus : le passage à niveau.

Le passage à niveau de Jonches est situé dans un virage, que plus de 15.000 à 18 000 véhicules traversent tous les jours. Parmi eux, beaucoup de camions.

Trente-huit fois par jour, la sirène retentit, les feux clignotent et les barrières descendent. Malgré la mise en place d'aménagements il y a cinq ans, dont un radar automatique, deux véhicules sont flashés chaque jour, chiffre qui ne baisse pas.

Hassan, qui habite à cinquante mètres assiste toujours à la même scène dit-il à France Bleu Auxerre : "le chauffeur a pilé ric-rac, celui derrière a re-pilé, ça se joue à très peu, on n’a vraiment pas le temps de sécuriser la route. Le train passe dans la foulée derrière, et c’est complètement inefficace."

Un incident du même type s'est déjà produit, mercredi midi 31 janvier 2018, au passage à niveau de Jonches : la barrière est descendue entre la cabine et la remorque d'un poids-lourd. Le chauffeur a évité le pire en reculant pour se dégager. Selon ses déclarations, il s’apprêtait à franchir les voies lorsque le feu rouge s'est mis à clignoter. La barrière est descendue entre la cabine et la remorque immobilisant le véhicule. Le chauffeur a eu le réflexe de reculer pour éviter le train qui arrivait. Il s'en est sorti indemne. La circulation a été bloquée pendant une heure, trains compris.

La SNCF va faire à nouveau vérifier le bon fonctionnement du passage à niveau en question. Les vérifications antérieures ont toujours été positives, c'est-à-dire qu'aucune anomalie n'a été détectée.

Ce passage à niveau fait pourtant partie des plus dangereux de France selon un classement de l'État.  Le 14 janvier dernier deux personnes sont mortes, percutées par un TER.

Après l'accident de car scolaire qui avait fait 18 blessés en décembre 2010, des feux rouges et un radar avaient été installés. Insuffisant, avait estimé Christian Lemoule, maire délégué de Jonches, étonné qu'il n'y ait pas plus d'accidents sur cet axe emprunté quotidiennement par près de 18.000 véhicules.

En juin 2012, le ministère des transports avait pris la décision de supprimer le passage à niveau de Jonches.  

Il avait fixé une enveloppe prévisionnelle de 18 millions d'euros pour la réalisation des travaux.

Cinq ans plus tard, toujours pas de calendrier pour les travaux. Une concertation est évoquée.

La ville d'Auxerre s'impatiente, elle dit ne pas comprendre pourquoi les choses traînent autant. 

Le préfet a convoqué une réunion fin janvier avec tous les partenaires pour faire avancer le dossier.

En attendant, il faut être prudent. Ce qui n'est pas le cas de certains automobilistes : le radar en a flashé 650 l'an dernier. Ils venaient de franchir le passage à niveau de Jonches alors que le feu était au rouge.