Le préfet de l'Yonne a rendu sa décision

 

 

Le préfet de l'Yonne Patrice Latron a annoncé, mardi en début d'après-midi, que le collège Auxerrois Bienvenu-Martin en zone d'éducation prioritaire, ne fermera pas, qu'il ne signera donc pas l'arrêté de fermeture. La décision finale lui appartenait. "Bienvenue-Martin ne fermera pas et je tiens à ce que cette décision soit définitive. On n'y reviendra pas à chaque changement de préfet."

"En matière d'éducation, je considère que la logique comptable ne peut pas être le principal argument. On est en train de parler de 400 enfants et leur avenir ne se réduit pas à la question de quelques centaines de milliers d'euros. D'ailleurs, si on appliquait cette logique comptable, il faudrait fermer d'autres collèges en milieu rural. Or, c'est précisément ce que je ne veux pas."

Ce collège était menacé depuis deux ans, le conseil départemental ayant voté la fermeture pour des raisons de rationalisation et de démographie.

La décision du représentant de l'État et de la République est objectivement un échec pour le tandem politique Villiers-Larrivé.

L'ancien président du conseil départemental de l'Yonne - que le temps passe vite et passent les hommes  - avait quasiment, sur un coup de tête, décidé la fermeture du collège Auxerrois, suite à une intervention en séance plénière de Yves Vecten conseiller départemental du canton de Vincellles, où il avait saisi le ballon, plutôt ovale, au bond, ce jour là subtilisé au pilier cht'imi historique du RCA.

Le président paysan éleveur de Pierre-Perthuis a ensuite imposé sa manière, posé sa patte sur le dossier et réussi à convaincre une majorité des collègues de sa majorité, pour faire voter la fermeture en liant la délibération à l'ouverture d'un nouveau collège dans le nord. Une astuce dont on ne saura (M. Soret ?) peut-être jamais, si elle était légale. Ou pas.

Si ce collège était implanté à Pierre-Perthuis ou plus bas en Morvan, André Villiers l'aurait-il sacrifié de la même manière ?

 

Le résultat d'un travail de fond non négligeable

 

Jean-Baptiste Lemoyne, porteur du même prénom que Bienvenu-Martin, conseiller départemental du canton de Gâtinais-en-Bourgogne, malheureux lors de l'élection à la présidence du CD 89 son comparse, tout juste nommé secrétaire d'État en avait fait son premier dossier, le collège Bienvenu-Martin d'Auxerre, auprès du ministre de l'Éducation et du Premier ministre.

Le nouveau préfet qui a succédé à Jean-Christophe Moraud opposé à la fermeture, qui a ferraillé dur avec un André Villiers qui ne recule jamais, a tricoté une concertation et restauré un dialogue nécessaire entre les parties, dans un bon timing, qui laissait du temps et de la place à chacun, notamment à Patrick Gendraud nouveau patron du Département qui se révèle en homme de conciliation et veut sortir des ornières.

Un travail d'orfèvre, certes, mais qui ne doit pas occulter la forte mobilisation des parents d'élèves, membres du corps enseignant, syndicats, élus locaux et citoyens, choqués par la méthode. Qui ont effectué de multiples démarches, organisé moultes manifestations, y compris culturelles. Un engagement citoyen à la mesure de l'enjeu. Sauver l'édifice Bienvenu-Martin, pierre d'angle de la laïcité dans des quartiers où le bien vivre-ensemble est une obligation républicaine.

Il est d'ailleurs regrettable de ce point de vue que cette "méthode Villiers" quelque peu brutale et dépourvue d'écoute véritable, a pu prendre le pas sur le fond. Car le sujet des collèges dans l'Yonne dont la majorité sont loin de faire le plein et perdent des élèves, d'année en année, comme à Noyers, Ancy-le-Franc, Saint-Fargeau et ailleurs, demeure. Un vrai sujet. Sur le fond, en dépassionnant le débat, au fil du temps, avec le recul et le confort de cet espace de liberté créé par Patrice Latron, force est de constater que André Villiers n'a pas totalement tort quand bien même sa démarche fut-elle essentiellement politique.

 

 Une copie à revoir

 

Comment rationaliser et accompagner la démographie tendance lourde incontournable ?

Comment éviter que les campagnes se vident ? Sans école, sans collège, ces services publics essentiels à la vie en communauté, que peuvent devenir nos zones rurales sinon des espaces vides car vidés ?

Cela est valable pour Auxerre où les collèges possèdent de nombreuses classes vides, faute de collégiens.

La volonté commune exprimée par le préfet puis par le maire d'Auxerre de développer le projet pédagogique remarquable du collège Bienvenu-Martin, de l'ouvrir peut-être à l'international, bref de développer ses activités avec des partenariats forts (une grand école, un musée... de nombreuses pistes existent), constitue une sortie par le haut. Le conseil départemental qui a la cométence des collèges dans l'Yonne va désormais devoir intégrer la décision du préfet de l'Yonne et revoir sa copie.

C'est la collectivité départementale qui va donner le la car c'est sa responsabilité. Elle a su investir plus de 15 millions pour rénover le collège Denfert-Rochereau à Auxerre, un investissement nécessaire de 5,2 millions à Bienvenu-Martin ne paraît pas hors de portée. D'autant moins que l'État mettra au moins un million d'euros sur la table et que le ville d'Auxerre affirme par le voix de son maire qu'elle contribuera financièrement à donner une nouvelle dimension à ce grand collège à haute valeur symbolique.

On attend d'un président du département la définition d'un cap. Ensuite on regarde comment y parvenir. Et quels moyens on se donne.

Le Préfet a signalé la mise en place d’un groupe de travail dont la mission est justement d’appréhender la problématique de L’Yonne dans sa globalité. On peut penser que cela débouchera sur un diagnostic sérieux.

Des chantiers, il y en a toujours. Mais à chaque jour suffit sa peine.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

Le préfet de l'Yonne Patrice Latron

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ça y est, c'est fini !

 


Il y a quelques minutes le préfet de l’Yonne a annoncé la non fermeture du collège Bienvenu-Martin et le lancement d’une campagne de travaux.
Comme vous pouvez vous en doutez, nous avons reçu cette nouvelle avec beaucoup d’émotion(s).

Nous souhaitons simplement rappeler certains faits comme la durée de cette attente interminable. Il s'est écoulé 781 jours soit 2 ans, 1 mois et 22 jours…entre le 15/01/2016, date de l’annonce par l’ancien président du Conseil départemental de la possible fermeture du collège Bienvenu-Martin, et la conférence du préfet Latron qui vient de se tenir.

Il sera temps prochainement de dresser un bilan.

Si aujourd’hui la tendance est à l’euphorie, c’est une euphorie teintée de colère et nous ne sommes pas prêts d’oublier cette expérience. Nous ne sommes pas prêts d’oublier le fait qu’un élu local devenu aujourd’hui député a bien failli réussi à faire fermer le dernier collège REP d’Auxerre en érigeant comme unique raison l’assainissement de la situation financière du département. Au cours de cette longue séquence, nous avons en réalité compris qu’il était question d’autre chose. L’argument de la nécessité de la construction d’un nouveau collège dans le Nord du département a aussi été avancé. Or nous insistons sur le fait qu’au CD89, on a depuis de longues années mené une « politique de l’autruche » en refusant de voir la réalité qui était déjà inquiétante…Les élus ont détourné le regard du Nord afin de justifier des rénovations d’établissements qui n’avaient rien de prioritaires. Nous tenons à préciser que le collège Bienvenu-Martin aurait déjà dû avoir sa dernière tranche de travaux. D’autres collèges lui sont passés devant…Pourquoi ? Selon quels critères ? Il serait intéressant d’investiguer un peu dans cette direction mais nous n’en avons pas les moyens. Nous ne sommes que de simples enseignants et nous avions hâte de pouvoir faire notre travail plus sereinement.

Si nous n’avons jamais nié les difficultés financières du département, nous avions compris que dans le dossier Bienvenu-Martin, il était bien plus question de politique que de gestion financière. Villiers a gagné son pari en se faisant élire à l’Assemblée nationale mais nous ne l’avons pas laissé fermer notre établissement ! Ce combat a priori déséquilibré, nous ne boxons pas dans la même catégorie, a tourné en faveur de l’intérêt public mais il a tout de même servi des intérêts particuliers.

Bien évidemment, nous souhaitons remercier tous ceux qui de près ou de loin nous ont apportés leur soutien.
Merci

 

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