Un climat nouveau, une ambiance détendue et la parole qui circule .... 2018 sera l'année du déménagement des services au "89", de la libération et de la mise en vente du site historique de Saint-Vigile au centre ville d'Auxerre (DR)

 

 

 

On ne va pas s'apesantir sur la qualité d'un président qui écoute tous les élus et prend en compte un certain nombre de leurs propositions y compris celles de l'opposition. Car pour le citoyen lamda c'est normal : les élus l'ont été pour travailler et coopérer dans l'intérêt général.

Certes, d'aucuns observeront que les lignes ont bougé dans le pays avec l'élection d'Emmanuel Macron sorti de nulle part. D'ailleurs, c'est assez drôle de voir dans les diverses assemblées, les uns et les autres se regarder en se demandant où chacun se situe ou habite désormais, ou se situera sur l'échiquier politique. Les nouvelles cases demeurent floues et parfois en 3 D. L'avenir réserve-t-il de nouvelles surprises de taille ? Who knows ...

Il demeure que la politique est aussi et surtout pour ne pas dire d'abord, une affaire d'hommes, et de femmes.

Force est de constater, en 7 mois, que le nouveau président Patrick Gendraud qui a succédé à André Villiers, imprime sa marque, sa personnalité, empreinte de respect mutuel et de tolérance qui n'exclut pas la fermeté ni l'arbitrage clair et transparent. La parole circule en liberté dans l'assemblée et dans les couloirs.

Qui aurait imaginé cela volià peu ?

Certes, Patrick Gendraud a toujours été un homme affable, agréable, sincère la main sur le coeur, qui n'aime pas les conflits mais aime la famille. Lorsqu'il est entré dans l'enceinte départementale dans les années 90, le fils de la secrétaire de Jacques Chirac qui fut d'abord élevé à Maligny avant de rejoindre la capitale puis la Corrèze, faisait profil bas. Le directeur d'auto-école fit ses débuts en politique au service des citoyens à Courgis puis Chablis dont il fut le maire.

Dans son rôle de 1er vice-président, un rôle difficile à définir et à tenir, on ne saurait dire s'il y a excellé, seul le président André Villiers le pourrait. Idem pour ses présidences dans divers satellites du CD 89, parfois calamiteuses, inscrites il est vrai, dans un contexte général délétère.

Est-ce sa vraie personnalité qui émerge grâce à sa nouvelle charge ? Incarnerait-il aussi une planche de salut au sein d'une assemblée qui a été secouée, divisée, humiliée, mal vue et perçue dans un univers impitoyable ? Après des présidences difficiles de Jean-Marie Rolland et André Villiers qui ont successivement succédé à Henri de Raincourt, et lui-même à Jean Chamant ?

 

Transition

 

Une assemblée largement renouvelée et sous le sceau de la parité en 2015, qui permettait d'entrevoir des jours meilleurs, mais qui fut laminée d'entrée, dès l'élection du président par les querelles d'influences politiques au sein de LR.

Curieusement, Patrick Gendraud semble incarner une fin de cycle et le début d'un nouveau. Il est objectivement dans la transition, dans la phase de transition qu'il a enclenchée immédiatement dès son élection à la présidence au début de l'automne dernier, par quelques décisions capitales, notamment celle qui consista à enrôler un nouveau chef de cabinet qui semble faire merveille puisqu'il fut publiquement, lui aussi, remercié et loué par le président, lors des commentaires après le vote du budget.

Mathieu Pasquet, jeune homme de 34 ans, occupait jusqu'alors, et depuis plus de trois ans, la fonction de directeur général des services au sein de la Communauté de communes Le Tonnerrois en Bourgogne. Auparavant, de 2006 à 2014, Mathieu Pasquet avait fait ses armes sur plusieurs postes au sein de la préfecture de Haute-Marne. Il est attaché d'administration dans la fonction publique. Ce qui confère un autre statut et une autre stature, promise à un bel avenir.

Le conseil départemental, pour autant, demeure sur le fil du rasoir. Comme l'affirme Patrick Gendraud dans l'interview à Auxerre TV, à chaud, après le vote du budget. Comme l'a fort bien expliqué Marie-Laure Capitain, vice-présidente en charge des finances et présidente de la commission du même nom,  les problèmes demeurent.

La situation est contrainte et encore davantage depuis la loi des finances qui encadre la gestion des départements, les oblige à ne pas dépasser 1,2% d'agmentation en dépenses de fonctionnement (le département a budgétisé + 1,32 % pour 2018 donc hors des clous) et à se désendetter en ramenant la capacité de désendettement qui doit rester inférieure à 10 ans. Des contraintes nouvelles qui doivent être contractualisées avec l'État pour une durée de trois ans. On observera avec attention les conditions qui seront négociées avec l'État.

C'est ce que l'élu d'opposition du Jovinien Nicolas Soret dénonce sous la forme d'une re-centralisation de l'État, qui entâche la souveraineté de la collectivité territoriale qui ispo facto pourrait être susceptible d'être mise sous tutelle. Transition écrivions-nous : oui, une transition amorcée nettement sous la présidence d'André Villiers qui a par des mesures parfois draconiennes, contribué au désendettement jugé excessif (250 millions d'euros). Il s'est toujours refusé à emprunter car il estimait que la limite avait été atteinte.

Alors peut-on vraiment parler d'embellie ? La situation économique s'améliore c'est vrai et provoque un dynamisme des ressources (recettes taxes foncières, droits de mutation) du conseil départemental. En même temps comme dit Macron, elle permet une évolution favorable de certaines dépenses sociales notamment le RSA qui se stabilise après des années de hausse ( 53 millions d'euros en 2017 contre 38 en 2012), note Marie-Laure Capitain. Valérie Leuger-Dorange (Auxerre majorité) a d'ailleurs présenté un budget 2018 où les dépenses de fonctionnement (dépenses d'allocation) sont en diminution de 1,55% par rapport à 2017. Alors que le budget global du CD affiche + 1,32% en fonctionnement.

 

Familles en détresse

 

Monique Hadrbolec (Auxerre opposition) pointa la grande chasse et les situations de grande détresse de familles de migrants intégrées depuis plusieurs années, qui travaillent, ont un emploi et dont les enfants sont scolarisés et parlent le français ; et qui ont reçu  une OQTF (ordonnance de quitter le territoire français). "Elles ont une autorisation de travailler arrivant à terme. Et il faudrait deux policiers par personne pour les accompagner ....et que leur pays accepte leur retour ... d'où plus aucune aide, malgré le non départ, encore que ce soit totalement discriminatoire ... ". Comment imaginer que les services sociaux ferment les yeux sur ces cas d'inhumanité ? À ce train, les dépenses sociales vont diminuer, certes.

Quels résultats fin 2017 pour le département où la situation des comptes du CD 89 s'améliore ?

Une épargne en hausse grâce à la réduction des dépenses et des ressources plus dynamiques. Soit 22,6 millions d'épargne brute avec les reports. On notera qu'à partir de 2018, les recettes ne seront plus amputées par les baisses successives de la DGF (dotation globale de fonctionnement) qui était de - 5 millions d'euros par an sur les 3 dernières années.

Sur les 400 millions que représente le budget du département, 60 millions constituent la masse salariale dont les classifications compétences vont être repensées.

Les efforts consentis par des mesures diverses d'économie ont permis de garder le cap et d'assurer toutes les dépenses y compris de RSA et de préserver les compétences facultatives notamment culturelles et sportives. Le budget des sports est pareil qu'en 2017.

 

"Branches l'aéroport fermé"

 

75 rapports, 483 pages, sans compter les rapports particuliers, ont détaillé la politique départementale par grands chapitres. Les débats furent multiples toujours empreints de courtoisie. Nous y reviendrons par thématique.

Il y a beaucoup à dire sur "l'aéroport" d'Auxerre-Branches" le Notre-Dame-des-Landes miniature, dont des élus départementaux ont affirmé qu'il était fermé en raison d'un conflit entre le syndicat propriétaire (il récolte ce qu'il a semé a tranché William Lemaire, Aillant), le gestionnaire et un riverain pilote. Sur la politique de protection de l'enfance, la non mise en concurrence des marchés (Nicolas Soret), la souffrance des uns et des autres, la nécessité d'une structure qui coifferait l'ensemble des cas, pas que ceux dépendant des juges pour le placement. Sur la politique sportive de compétition aux dépens du sport de masse et de loisirs.

Sur la politique de la santé dans l'Yonne en voie de déménagement du territoire (urgences de nuit à l'hôpital de Tonnerre, centre d'appel 15 à l'hôpital d'Auxerre, urgentistes, hélicoptère) alors que l'État schizophrénique est incapable de gérer sa faillite dans la démographie médicale qui a raréfié la filière médecin. Aujourdh'ui, la tendance voudrait que les médecins libéraux payés par l'argent public (sécurité sociale) soient payés et salariés par les collectivités pour s'installer, secrétariat compris, alors que les gens n'arrivent plus à être soignés puisque les médecins ne prennent plus de patients ... On marche sur la tête et le sustème avec, tandis que des polytechniciens pondent des plans et textes illisibles donc incompréhensible pour la majorité des mortels, inventant si de besoin des néologismes barbares.

Sur l'abandon ou le transfert de charges de l'État sur les rivières et barrages dans l'Yonne où il faudrait débourser 3 millions d'euros pour ces derniers. Le président Gendraud a utilement différé ce dossier.

 

La conférence des financeurs

 

Sur l'IER (institut d'entretien des rivières), la redevance incitative, les travaux au château de Maulnes où la toiture (cinq pans il est vrai) n'est pas encore terminée depuis 20 ans. Des tôles permettent le couvert.

Sur la conférence des financeurs et la loi ASB qui les a générés, dossier maîtrisé par André Villiers. L'enveloppe budgétaire de 600 000 euros reçus pour la dépendance n'est pas consommée par manque de projets de dossiers dans les clous... Nicolas Soret  (Joigny opposition) se plaint de ne pouvoir développer une politique de mobilité, son projet ayant été retoqué à cause d'un réglement d'intervention mal ficelé. Il semblerait que les effets d'annonce prennent le pas sur les détails nécessaires. Catherine Maudet (Brienon-sur-Armançon, majorité) a elle aussi été retoquée mais a rebondi sur un autre projet.

 Sur la répartition des places gratuites en tribune  à l'AJA, où il semblerait que ce soit toujours les mêmes qu'on voit et d'autres qui ne sont pas des élus, sur les élus à portée de baffe des habitants, sur les trous dans la raquette ce qui inspire Grégory Dorte, sur non pas la ruralité mais les ruralités (Maurice Pianon) et l'eau dans les déserts ruraux, sur la diminution des moyens accordés aux EHPAD, sur le voeu collectif des élus du CD 89 de solidarité et de soutien aux collectifs des hôpitaux de Tonnerre, Clamecy, Avallon et Auxerre, de la taxe additionnelle à la taxe de séjour (nouvel impôt même s'il est payé par les touristes ?) .... à destination de l'Agence départementale du tourisme, des emplois aidés et encore et encore de la Nuit Profonde dans l'Yonne en matière de santé publique ...

C'est une autre histoire. La longue journée de jeudi s'est achevée à 22 heures. Soit 13 heures de labeur en continu. Mais une journée de gagnée le lendemain. Il en faudra bien davantage pour avancer.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 Patrick Gendraud, l'interview à chaud après le vote

 

 Vue partielle du rang des élus de l'opposition de gauche à droite : Monique Hadrbolec, Pascal Henriat, François Roure, Nicoals Soret. manquent Christiane Lemoine et Yves Vecten (DR)

 

 

Un quatuor performant