Auxerre a rendu hommage aux deux fondateurs de la sécurité sociale, Ambroise Croizat et Pierre Laroque inconnus du grand public.

Un espace et une stèle ont été inaugurés devant le siège de la sécurité sociale à Auxerre rue du Moulin.

Paul Girard président du conseil d'administration de la CPAM et Guy Férez maire d'Auxerre ont évoqué la vie et l'action des deux hommes mais surtout le sens de leur engagement pour une sécurité sociale unie et universelle.

 

 


 

 

Hommage À Ambroise Croizat
Auxerre 24 mars 2018



Une question a toujours hanté l’esprit des salariés et le hante encore hélas, celle de sa sécurité et de celle de sa famille.

C’est ce qu’avaient très bien compris le CNR et Croizat lui-même ;

Il fallait lever ce sentiment continuel d’insécurité.

Pour lui la notion de sécurité sociale devait avoir un contenu très large.

    1.    Une organisation économique qui fournisse à tous en état de travailler une activité rémunératrice et les communistes sont fidèles à Croizat quand aujourd’hui ils défendent dans leur visée de transformation de la société un système emploi formation tout au long de la vie pour permettre à chacun-e de pourvoir aux besoins personnels et familiaux.
    2.    Mettre en place dans le même temps un système qui permette au travailleur de maintenir son activité en conservant sa capacité de travail. Il fallait donc une organisation médicale autour du soin mais aussi de la prévention, couvrir les risques  maladie et invalidité, prendre en compte aussi les questions d’hygiène et de sécurité au travail que Macron aujourd’hui remet en cause avec ceux qui le soutiennent en voulant supprimer les CHSCT.

Pour Croizat, à l’époque et c’est toujours la conviction des communistes partagée par de nombreux syndicalistes, la sécurité sociale doit être un ensemble global. Citons Croizat lui-même : « quel que soit le but particulier auquel peuvent tendre les institutions qui la constituent, quelles aient pour objet de couvrir les charges de la maladie, de fournir des retraites de vieillesse ou des pensions d’invalidité professionnelles, ou d’alléger les charges des familles nombreuses, il s’agit toujours d’opérer un prélèvement sur les revenus de la masse pour couvrir l’insuffisance des ressources momentanées ou longues de ceux qui en auraient besoin…. » « L’unité de la sécurité sociale n’est à cet égard que l’affirmation d’une solidarité nationale indiscutable : garantir la prévention, les soins, répartir les revenus ».

Ces revenus tirés de la richesse produite par l’ensemble des salariés que nous appelons-nous le salaire socialisé mais que le patronat depuis toujours et hélas bon nombre de journalistes appellent des charges. Ce salaire socialisé, différé c’est le seul moyen de garantir, nous le réaffirmons clairement ici, le capital humain de la nation et la possibilité d’une retraite heureuse…

Pour Croizat une dernière règle était fondamentale, celle qui consistait à ce que la gestion des caisses soit conduite et contrôlée par les travailleurs eux-mêmes. Ce fut là une innovation profonde, révolutionnaire même, qui a été apportée à l’organisation nouvelle et citons le exactement : « de manière que la sécurité sociale soit le fait non d’une tutelle paternaliste type caisse de secours ou étatiste, mais de l’effort conscient des bénéficiaires eux-mêmes ».

D’autre part, Croizat était lucide. Il savait que ce qu’il réalisait avec à ses côtés de hauts fonctionnaires comme Laroque et aussi la masse militante sur le terrain des hommes et des femmes notamment de la CGT qui ont construit dans les départements les bases de la sécurité sociale, il savait que cette œuvre rencontrait et rencontrerait de nombreuses résistances. On a pu le voir hélas tout au long de la Vème République quand le patronat qui ne pouvait rien revendiquer en 1946 du fait de sa collaboration avec l’ennemi pendant l’occupation releva la tête et fit tout avec la complicité de la droite et de l’ensemble des libéraux y compris certains socialistes pour revenir sur ce qui avait été conquis dans l’organisation et l’esprit de la sécurité sociale voulu par Croizat.

Pour notre part, nous continuons à exiger une sécurité sociale universelle en France à 100% en luttant avec les forces des gauches anti libérales européennes pour que les mêmes principes s’étendent à toute l’Europe si on veut en finir avec les distordions que l’on connaît d’une concurrence libre mais faussée.

De tous les Ministres du Travail, aucun n’a accompli d’œuvre aussi immense que le communiste Ambroise Croizat de novembre 1945 à Mai 1947. Son nom est lié au rétablissement des libertés syndicales, à la création des comités d’entreprise, à la généralisation des conventions collectives, au statut des délégués du personnel, à la médecine du travail, à la majoration des heures supplémentaires.

Sa grande œuvre le « plan complet de sécurité sociale » c’est au fond la réalisation concrète d’un communisme mis en pratique.

Nous continuons le combat de Croizat mis à mal par des forces réactionnaires pour une sécurité sociale universelle à 100%. Ce qui a été fait dans  une France ruinée peut se faire aujourd’hui. Il y faut une volonté politique et c’est au peuple de l’exiger. Face à ceux qui ont tout essayé pour gommer le nom de Croizat dans l'histoire contemporaine nous disons : l'esprit de Croizat est toujours vivant.

Merci Monsieur Croizat, Camarade Croizat. 
Merci aux Hauts fonctionnaires qui l’ont suivi, conseillés…, merci aux militant-e-s syndicaux sur le terrain pour eux leur histoire reste à écrire et à faire connaître.



Alain Raymont
Secrétaire Départemental PCF 89