Les électeurs auront le dernier mot

 

 

Après les élections européennes de mai 2019, les municipales du printemps 2020 font figure de test national depuis l'avènement de La République en Marche lors de la présidentielle 2017. Les grandes municipalités telles que Paris et Nice ainsi que les états-majors sont déjà lancés dans la bataille des municipales. L’enjeu se porte sans nul doute que les métropoles et les villes de dimensions c’est à ce titre que les états majors tirent les premiers plans sur la comète élection.

Voilà pour l'image de fond. Auxerre comme nombre de villes s'y inscrit. Si juste qu’à présent les villes de moins de 50 000 habitants n’étaient pas le viseur de l’éxécutif, elles le deviennent pour un coup après les sénatoriales.

Toujours dans une ambition purement stratégique, le gouvernement envisage de repousser les élections municipales, prévues en 2020, en 2021 et de les organiser en même temps que les élections régionales et départementales.

Les deux personnages principaux actuels, ancrés à Auxerre, dans la perspective des élections municipales de 2020, sont Guy Férez maire d'Auxerre PS-LREM et le député Guillaume Larrivé (LR ligne Wauquiez), challenger battu de peu en 2014. Vieux – jeune Poulain de Soisson dont beaucoup pensaient qu'il gagnerait surfant sur la vague bleue. Et après avoir battu, de peu, le maire d'Auxerre à la députation en 2012 dans la 1 ère circonscription d'Auxerre-Puisaye où il a été réélu en 2017 au terme d'un match serré avec le médecin marcheur de Treigny, Paulo Da Silva Moreira.

Premières questions : l'un et l'autre repartiront-ils à la conquête de la mairie de la cité de Paul-Bert ?

Guy Férez maire sortant pour briguer un quatrième mandat, en évoquant qu’il n’a pas terminé les grands projets engagés et qu’une ville a besoin de stabilité.

Guillaume Larrivé pour ce qui serait en cas de victoire un premier mandat et souhaiterait se faire connaître de la population Auxerroise sous un nouveau jour.

 

Larrivé les belles années

 

Le député Larrivé a trois options. Y aller, ne pas y aller en se réservant pour 2026, le coup d'après ou prendre un élu de seconde zone asservi. Cela lui donne du temps et la possibilité de solidifier ses réseaux parisiens dans un contexte très mouvant fort peu apprécié de ce si jeune conservateur.
Macron réussira-t-il  à faire évoluer la France vers le haut ?

Cela permettrait au secrétaire général délégué de LR de faire l'économie d'un choix cornélien s'il advenait que sa liste l'emporte, puisqu'il serait touché par la loi sur le cumul des mandats.

Député ou maire et président de la Communauté d'agglomération mais pas les deux. Il faut choisir. Et que choisirait-il ? Abandonner son mandat de député ? Cela paraît raisonnablement très improbable ... Alors pourquoi s'engager dans cette voie ?

Un scénario qui a coûté cher à Jean-Baptiste Lemoyne au conseil départemental.

Entouré d’une équipe limitée aux démarches politiques pas toujours élégantes (lettre anonyme en Conseil communautaire à Venoy, croa croa), dans l'Yonne, sans réserve parlementaire pour une démarche clientéliste inscrite dans son ADN politique, le député d'opposition LR Guillaume Larrivé, n'est plus le vieux/jeune politique de l'époque où il était au cabinet de Brice Hortefeux  au ministère de l'Intérieur (dès 2008 – date des élections municipales) en charge notamment des questions de sécurité publique et de consignes aux préfets.

Pendant ces années, le jeune conseiller de Nicolas Sarkozy avait fait son trou et mené une vie passionnante au service de l'État. Cet énarque a brillé là où il n'était pas attendu, en mettant en oeuvre la fusion de ministères dans des conditions difficiles où il excella, aux dires de collaborateurs qui l'ont vu travailler.

Évoquer ces années avec lui brise la glace. Et son visage s'éclaire d'un coup comme le regard. Il est lui-même. Années heureuses où il donnait sa pleine mesure au sommet de la fonction publique dans la salle des machines ? Journées interminables avant la séance de piscine détente. Le bon temps. Et le temps passe avec les années, le voici quadragénaire, obsédé par le temps qui s'écoule.

Certes, choisi comme suppléant par le député Jean-Pierre Soisson, le jacobin, pour qui énarque est une vraie marque de fabrique, le jeune Guillaume dut déchanter, un soir, salle Marie-Noël à Auxerre, lorsque contre toute attente, pressé par les maires de Puisaye, il fut débarqué de la suppléance, abruptement, par son mentor, au profit de Alain Drouhin. Qui s’était retrouvé face à Jean-Philippe Saulnier Arrighi, qui fut l’année suivante, en 2008, élu Maire de Moulins-sur-Ouanne avec l’aide appuyée de Guillaume Larrivé officiant au ministère de l’intérieur.

Mais depuis, il a tracé son chemin en homme libre et (in)soumis à son engagement partisan au parti Les Républicains.

 

Encore envie ... et la pêche ?

 

La situation de Guy Férez, maire d'Auxerre, président de la Communauté d'Agglomération et du PETR du grand Auxerrois couvrant un bassin d'emploi de 150 000 habitants, paraît plus simple en apparence.

Repartir pour un quatrième mandat ou passer la main.

À 65 ans, l'âge de son prédécesseur Jean-Pierre Soisson, lorsqu'il prit le risque, en 1998, de candidater sur un nouveau projet politique en Bourgogne avec une ambition de servir en retour son territoire. Certes, aux dépens de la mairie d'Auxerre, avant de s'en mordre les doigts. Guy Férez pourrait penser à d'autres perspectives, après avoir transformé la physionomie de la ville, redynamisé les quartiers et fait les quais de l'Yonne. Et retrouver la sérénité du havre familial.

Jean-Pierre Soisson auprès duquel il a travaillé, a été élu cinq fois et aura accompli quatre mandats et demi. La durée ne semble pas un obstacle au contraire, dans le mandat d'un élu local. C'est même une nécessité afin de pouvoir construire et inscrire l'action dans le temps. L'étude des dossiers, leur mise en oeuvre et la réalisation, cela ne se fait pas sur une seule mandature. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe à Sens où les alternances politiques depuis 20 ans ont plombé la ville, là où elle aurait pu prétendre à un essor économique exceptionnel.

La vraie question est plutôt de savoir si Guy Férez maire sortant, a encore de l'envie, et de la pêche. Lui seul peut répondre à cette question, les citoyens dans une moindre mesure, même s'ils percoivent bien les hommes et les choses. Ce que l'on sait, c'est qu'il veut terminer les chantiers engagés en les menant au bout. Or les échéances dépassent les dates fixées pour les élections municipales. Donc.

Dans l'hypothèse où il briguerait un quatrième mandat, nul doute que Guy Férez s'efforcera de rassembler encore davantage au centre et dans la société civile, comme en 2008 et en 2014.

Il a cette ville où il est né chevillée au corps et son défaut fait sa qualité, il reste et demeure le serviteur de sa ville tant le travail est rude et âpre alors même qu’il devrait envisager des partenariats plus puissants avec d’autres territoires et d’autres collectivités. Cela n’est pas dans sa nature, même au PS, il n’était pas des combines et alliances de parti. Il n’a jamais joué sa carte personnelle pour des ambitions purement politiciennes.

Denis Roycourt chef de file des Verts qui doit s'arrêter comme prévu, repartira-t-il dans une alliance nouvelle ? Ou cèdera-t-il la place à Maud Navarre qui ne crève pas les écrans mais qui a du fond ?

 

Une troisième, quatrième, cinquième voie ...?

 

Mais ces hypothèses pourraient être infirmées si les deux têtes de liste des dernières municipales ne se représentaient pas. Ce n'est pas complètement absurde même si cette probabilité est minuscule, on ne peut tout à fait l'écarter. Et personne ne sait de quoi la vie peut être faite ni ce qu'elle peut réserver par surprise. Y compris les pires.

Toujours est-il que cela existe dans l'inconscient collectif et que pas mal de prétendants y pensent et pensent à servir Auxerre.

Si la gauche, les diverses forces de gauche (France Insoumise, PCF, PS, Parti Radical, Génération S etc), n'est pas sûre de pouvoir miser sur un rassemblement en une liste (y en aurait-il deux ?) ; à droite, outre le Rassemblement National (nouveau nom du FN) qui annoncera à l'automne ses têtes de liste dans les villes de l'Yonne, une autre liste très à droite est en voie de constitution. Laquelle n'a rien à voir avec la liste affichée "Guillaume est arrivé" qui elle aussi est en chantier, avec une volonté de mettre en place une équipe afin de dynamiser l'économie à Auxerre, jugée catastrophique sous le mandat Férez.

Cette liste "Guillaume est arrivé" de centre-droit d'opposition municipale qui compte six élus, inspire des candidats potentiels et des appétits puisque comme nous l'avons expliqué plus haut, un scénario est que le député se réserverait pour l'échéance de 2026. La nature ayant horreur du vide ...

Comment dès lors, mettre en piste une tête de liste qui ne fasse pas d'ombre à Guillaume Larrivé dans l'hypothèse d'une victoire ?

La liste des noms digne d’une sélection pour l’équipe de France au prochain Mondiale circule.

Des noms ont circulé comme des ballons d'essai autour de :

- Isabelle Joachina, conseillère départementale LR,

- Pascal Henriat (MoDem) une prise dans la majorité municipale. Mais l'hypothèse qu'il soit à la tête d'une liste MoDem-UDI élargie n'est pas à exclure, il y pense et d'aucuns le poussent.

- Christophe Bonnefond, maire de Venoy, vice-président du conseil départemental, président du SDIS,

- ou encore Jean-Pierre Bosquet architecte qui a des plans pour Auxerre et des lettres à porter.

 

Une femme dans la course

 

Le dernier sénario plaide pour une liste avec Guillaume Larrivé en numéro 1, qui laisserait la place à Christophe Bonnefond pour gérer la ville voire l'agglomération en cas de succès, le député de l'Yonne choisissant de conserver son mandat de député.

Christophe Bonnefond veut s'engager et s'investir pour Auxerre et l'Auxerrois. On peut comprendre que le budget infiniment retréci pour combler les nids poules des routes départementale ne puisse satisfaire ce grand coq gaulois, respecté pour sa capacité de travail..

Autre hypothèse au centre droit à Auxerre, est la candidature de Valérie Leuger Dorange, conseillère départementale LR d'Auxerre 1, trésorière de LR 89, ralliée à Valérie Pécresse et son mouvement "Libres ! " qui veut incarner un mouvement humaniste non populiste mais populaire.

Valérie Leuger Dorange fut une militante qui a beaucoup aidé Guillaume Larrivé lors de sa campagne pour la députation en 2011-2012 qu’il délesta non sans élégance, en 20 ème place, sur la liste des municipales en 2014, pour service rendu.

Elle trouva sa juste place auprès de Jean-Baptiste Lemoyne lors de sa campagne pour les sénatoriales, qui sut lui confier les responsabilités, puis fut son d’attachée parlementaire dans l'Yonne, une fois élu.

La collaboration prit fin avec le ralliement de J-B Lemoyne à la République en Marche, à cinq mois de l'élection présidentielle. Un choc rude encaissé par la jeune femme d'autant que le sénateur Lemoyne fut le premier président élu par les militants de l'Yonne de la Fédération LR 89, à une écrasante majorité.

Reste la République en Marche qui jouera  une carte importante à Auxerre comme ailleurs car le mouvement veut des élus qui compteront pour les élections sénatoriales. Sans délégués pas de sénateurs. À Auxerre, ils sont une vingtaine d'adhérents venus de divers horizons à se réunir depuis plus d'un an.

Ils ont créé une association "S'engager pour l'Auxerrois" dont le président est Mathieu Debain, kinésithérapeute, qui fut le suppléant de Paulo Da Silva Moreira (LREM) aux élections législatives du mois de juin 2107 dans la première circonscription. L'association organise des conférences thématiques trimestriels qui sont suivies et suscitent l'intérêt. Alors LREM présentera-t-elle une liste aux municipales ? Il est trop tôt pour le dire, même si François Patriat et Malika Ounès poussent en ce sens. Mais on pencherait plutôt pour une ouverture dans une liste compatible qui recevrait l'investiture de LREM.

Les programmes des uns et des autres sont en voie d'élaboration. Le travail a commencé voici un an. Cela démontre que personne ne prend à la légère les futures échéances.

 

 Pierre-Jules GAYE

 

 

 

 L'Hôtel de ville d'Auxerre. Au premier étage, la salle des délibérations chargée d'histoire (DR)