Simple bon sens paysan, remplir les tonneaux en année pleine, pour permettre de vendre le vin en année creuse…
Une sorte d’épargne de précaution face aux caprices du climat, aux calamités, qui permet d’éviter de solliciter l’aide de l’État les années difficiles…
Oui mais ça… c’était avant.

Aujourd’hui fini le bon sens paysan, voici venu le temps du tout régulé… du tout administré. Le législateur ne l’a pas entendu ainsi et dépouille les paysans de leur bon sens.

Pour l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO pour les initiés), la quantité récoltée ne doit pas dépasser un certain volume qui pourra être commercialisé (le rendement autorisé par hectare), et dans certains cas, le viticulteur peut mettre en réserve une partie de sa récolte pour les années suivantes… mais pas trop (ce que l’on appelle dans le jargon les VCI - Volumes Complémentaires Individuels).

Quant aux volumes restants, pour éviter trop de production, ils partent à la distillation…

 

Va-t-il falloir jeter le vin du millésime 2018 ?

 

Le garder permettrait d’avoir une meilleure empreinte environnementale.

Alors que les stocks de sécurité sont au plus bas et que les volumes complémentaires constituent, pour les viticulteurs, le seul recours en cas de mauvaise année, 2018 est, par excellence, l’année du stockage en prévention des années difficiles.

Et bien non… l’administration en décide autrement, malgré le réchauffement climatique qui n’a pas été intégré dans le logiciel de l’administration.

Malgré le gel, la grêle, la sécheresse ou la chaleur, les viticulteurs ne pourront pas remplir leurs chais, malgré tous les efforts visant une meilleure protection de l’environnement, on va jeter le millésime 2018.

Les viticulteurs vont devoir « cravacher » en 2019 pour produire à nouveau en quantité et qualité suffisantes. On a l’impression de marcher sur la tête…

C’est ainsi, qu’à nouveau, la FDSEA de l’Yonne, en soutien à ses adhérents et l’ensemble des organisations vigneronnes, saisit le Préfet et sollicite du Gouvernement que son administration fasse preuve de bon sens et octroie une dérogation, dérogation naguère pourtant permise dans notre ancien monde de bon sens.

Stockons le millésime 2018 … sinon en 2025 nous pourrions boire de l’eau !

 

Damien BRAYOTEL,

Président de la FDSEA de l’Yonne