Le projet acté de 4 ème collège - ou cité scolaire - dans le nord de l'Yonne est pour l'heure un fantôme (DR)

 

 

 

Le 1er juillet 2016 le CD89 avait voté à la majorité la fermeture du collège Auxerrois Bienvenu-Martin, en même temps que la création d'un nouveau collège dans le nord de l'Yonne. La délibération liait les deux projets d'établissements, un fait dénoncé par des conseillers de l'opposition tel Nicolas Soret (Joigny) et de la majorité telle Valérie Leuger (Auxerre).

24 pour, 14 contre (Vecten, Quentin, Leuger, Hadrbolec, Soret, Roure, Henriat, Lemoine, Evrard, Grémy, Ounès, Courtois, Boucher, Eurliet-Brocardi) et 3 abstentions (Frassetto, Dorte, Lemoyne) dont celle du sénateur JB Lemoyne, plus un non votant car absent, Michel Ducroux. On notera que la vice-présidente de l'exécutif départemental, Malika Ounès, avait voté contre la fermeture se désolidarisant de son camp.

 

Une délibé "deux en une"

 

Le président André Villiers avait refusé, dans la délibération, de dissocier la fermeture de l’établissement d’Auxerre et l'ouverture d'un collège dans le nord et la fermeture de Bienvenu-Martin. Ceci en dépit de demandes d'élus dont Françoise Roure, Pascal Henriat, Nicolas Soret et Xavier Courtois qui considèrent que les élus sont tous d'accord pour prévoir la construction d'un collège dans le nord.

Cette prise d'otage politique n'avait-elle pour simple objectif que de contraindre la fermeture ?

Xavier Courtois LR avait dit à André Villiers que ce faisant, il "violait la majorité".

Nicolas Soret, PS, avait déclaré avant le vote du 1er juillet 2016, que les élus de l'opposition allaient prendre un conseil et introduire un recours devant le tribunal administratif lors de la décision exécutoire, car la demande de scinder les éléments de la délibération, est de droit et elle n'avait pas été retenue par André Villiers. Comme il n'y a pas eu d'arrrêté de fermeture, il n'y a pas eu de recours de déposé.

 

Bienvenu-Martin a fait sa rentrée, un collège virtuel et mobile dans le nord

 

En effet, le collège Bienvenu-Martin a reçu 500 étudiants à la rentrée 2018. Le préfet de l'Yonne Patrice Latron, a annoncé, le 6 mars 2018, que  "Bienvenue-Martin ne fermera pas et je tiens à ce que cette décision soit définitive. On n'y reviendra pas à chaque changement de préfet." La décision finale lui appartenait.

Qu'en est-il de l'autre collège à créer dans le nord, qui semblait devoir s'imposer sans débat, collège virtuel relativement masqué et relégué au second plan ? D'autant que la délibération du 1er juillet 2016 actait la décision de création et construction de ce nouveau collège.
 

Cinq cents élèves à Pont-sur-Yonne, six cents à Saint-Valérien, six cent soixante à Villeneuve-la-Guyard : les collèges du nord de l’Yonne sont chargés. 17 000  collégiens dans un périmètre de 50 km dans le Nord. Il faut dire que l’évolution des effectifs par collège est et sera très inégale dans le nord comme dans l'Yonne. Les collèges dits ruraux en sous-effectifs sont maintenus par volonté de vie dans les zones rurales, un des chevaux de bataille d'André Villiers.

Le nouveau président du conseil départemental Patrick Gendraud qui a succédé à André Villiers élu député et touché par la loi sur le cumul des mandats, en juillet 2017, a laissé entendre lors d'une récente session plénière de l'assemblée départementale, qu'une nouvelle étude indiquait que la pression démographique dans le nord n'impliquait pas nécessairement la construction d'un nouveau collège dont l'implantation géographique n'a encore jamais été fixée. Et le président Gendraud d'exprimer sa perpexité. Comme l'avait laissé entendre Clarisse Quentin élue sénonaise, un peu plus tôt à l'automne.

 

Prospective et restrictions budgétaires

 

Des projections d'effectifs ont été consolidées par le cabinet MENIGHETTI sur la base de données établies par le Rectorat et la DSDEN, dans la nouvelle étude.

Une étude contradictoire. Quels sont les élèments pris en considération à présent qui permettent des résultats d’étude aussi diamétralement opposées. Qui croire et comment ? Pourquoi ? La situation actuelle suggère l'idée d'une manipulation pour asseoir une politique partisane. Casser un collège en zone d'éducation prioritaire à Auxerre pour servir l'opposition locale en mal de dossiers et rallier le maire de Pont-sur-Yonne en échangeant un pont contre un collège.

Avec le temps pour allié naturel, Patrik Gendraud revenu de l'UDI à LR, effectue une autre lecture des dossiers et introduit objectivement, une dimension prospective en concertation y compris avec les membres de l'opposition départementale au nombre de six qui ne pèse rien arithmétiquement, mais qu'il respecte pour leur engagement et leur force de proposition. Le socialiste - oui il y en a encore - Nicolas Soret, ne dira pas le contraire.

André Villiers et Patrick Gendraud sont liés par un serment "politique" contracté à Bléneau voilà longtemps, il est donc hasardeux d'imaginer que les deux hommes ne seraient plus sur la même longueur d'onde.

 

De 15 à 20 millions d'euros pour un collège

 

Sur le fond de ce dossier de nouveau collège - rappelons que les élus du département ont pris une délibération qui les autorise à construire un nouveau collège -, peut-être faut-il surtout regarder de près la situation des finances du Département et ses minuscules marges de manoeuvre. Or un nouveau collège cela coûte entre 15 et 20 millions d'euros, ce qui n'est pas une paille même pour le Département, dans un contexte de restriction des dépenses et des coûts, tous azimuth. Pour la préparation du budget 2019, il manque, comme chaque année depuis le début des temps, les 2 millions d'euros sur les 336 millions de budget, et plus précisement au chapître social.

La médiocrité de la logique administrative departementale n’a jamais été de travailler à dégager des marges de manœuvre financière mais plutôt à pleurer les euros perdus de financement d’État et de crier « au feu » sur la limite budgétaire … Triste gestion sans ambition de solution. L'investissement dans un nouveau collège ne serait pas sans conséquences sur la fiscalité locale.

Les frais de fonctionnement d'un nouveau collège (professeurs, personnel, frais fixes etc), ce n'est pas rien non plus pour l'État qui est en cure d'amaigrissement voir plus !

 

Un séminaire pour y voir clair

 

Les élus de la majorité départementale vont effectuer leur séminaire de rentrée, mardi 11 septembre, à huis clos, sur la thèmatique des collèges, compétence "régalienne" du conseil départemental. Avec les élus de l'opposition, donc tous les élus des territoires de l'Yonne. Ça tombe bien. Nul doute que ce dossier sera examiné en bonne et due forme dans la perspective de l'élaboration du nouveau budget 2019.

Quoi qu'il en soit, si le projet acté de nouveau collège dans le nord devait être abandonné, il faudra que cela passe par une délibération en séance publique. Ce ne sera pas pour aujourd'hui, le président Patrick Gendraud ayant fait savoir qu'il n'y avait aucune urgence et que cette journée de partage des informations et de réflexion se terminerait sans aucune annonce. Pas de fumée blanche en vue, mardi soir, plutôt les vignes du seigneur et du préfet.

La question est de savoir, au fond, s'il est possible de satisfaire aux besoins de la population tout en maîtrisant les coûts.

Avec ces données nouvelles que sont une diminution des effectifs dans 23 collèges de l'Yonne, faible certes mais en baisse. Qu'en est-il des 8 autres collèges ?

Enfin, chaque année depuis cinq ans, les effectifs du primaire perdent de 350 à 500 élèves à la rentrée. Soit l'équivalent d'un collège par an.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

 

L'inspectrice d'académie Madame Annie Partouche, assistait aux débats aux côtés du président Villiers le 1er juillet 2016 lors du vote de fermeture du collège Bienvenu-Martin. Elle et le recteur de l'Académie  avaient estimé que cette décision de fermeture était négative en termes de mixité sociale et scolaire à Auxerre (DR)