Il y avait beaucoup de monde, samedi en fin de matinée, pour l'inauguration du Square désormais appelé Christian Jambert, en hommage au gendarme enquêteur d'Auxerre, qui le premier, dès 1984, incompris, avait dressé procès verbal et établit le lien entre Émile Louis et nombre de jeunes femmes disparues de l'Yonne.

Ce n'est que des années plus tard, début 90, que le lien fut rétabli.
Le gendarme Jambert, lui, s'est, officiellement, officiellement suicidé d'un coup de fusil en 1997 laissant planer doute et ombres.

Feu Émile Louis a été condamné à perpétuité pour l'assassinat de 7 jeunes femmes dont seulement deux dépouilles ont pu être exhumées.

Les autres n'ont pas été retrouvées même si on croit savoir qu'elles reposent du côté de Rouvray.

La cérémonie fut poignante car outre des membres des familles des disparues de l'Yonne et les principaux personnages qui ont compté et pesé dans cette tragédie, elle a témoigné que personne n'avait oublié.

Les souvenirs semblent intacts et gravé comme dans cette sculpture à la blancheur pénétrante où les figures inclinées des disparues rappelent que ce sont des jeunes femmes innocentes, sans défense, handicapées ou faibles, des proies faciles, qui ont été sauvagement assassinée par un prédateur pervers, chauffeur de car. Puis ignorées comme par un mépris de classe.

 

Perdu de vue

 

Non, personne n'a oublié et sûrement pas Maître Didier Seban l'avocat défenseur, présent, ainsi que Pierre Monnoir le président obstiné de l'association de défense qui sortit de l'oubli total les sept jeunes femmes fragiles, sans appui ni reconnaissance.

Cela permit de relancer l'affaire grâce à sa médiatisation à l'émission "Perdu de vue" d'appel à témoin et de metttre au jour le rapport du gendarme Jambert datant de 1984, qui suspectait Émile Louis d'être impliqué dans la disparition de jeunes femmes entre 1975 et 1979. Un rapport qui ne trouva aucune suite se heurtant de manière inexplicable au mur du silence et des conventions étouffées au Palais de justice.

La fille de Christian Jambert, Isabelle Richard, et une forte délégation de la gendarmerie de l'Yonne étaient présents à la cérémonie, impeccablement alignés face au public sous les frondaisons de l'automne, dans le prolongement du momument immaculé de blancheur dédié aux disparues dont les visages émergent de la pierre en relief comme pour les maintenir en vie.

Les gendarmes, colonel Pascal Garérès en tête, prolongeaient et protégeaient les figures. À l'image des années d'enquête d'un des leurs, le gendarme Jambert.

 

Honneur

 

Les discours témoignèrent eux aussi, que personne n'avait oublié la tragédie découpée en séries, non plus que ses séquences et détails sordides.

Des paroles dures, sans concession, mais lucides, pointèrent et rappelèrent comme un devoir, les dysfonctionnements inexplicables, monstrueux avec le recul. Des mots abrupts, forts mais paradoxalement mesurés, ce qui leur donna encore plus de force.

Aussi c'est à l'aulne de ces faits et verbes fulgurants qu'il faut apprécier l'intervention du représentant de l'État, Julia Capel-Dunn, directrice du cabinet du préfet de l'Yonne, qui sut trouver les mots et toucha. Avec distinction et profondeur.

Reconnaissance-respect-honneur.

Au service de la recherche de la vérité.

Honneur à Jambert. Et honneur à la gendarmerie nationale.

 

P-J. G.

 

 

 

La sculpture symbolisant les disparues de l'Yonne, victimes d'Émile Louis, a été érigée en 2005 (DR)

 

Isabelle Jambert, la fille du gendarme Jambert, est convaincue que son père a été assassiné. L'enquête officielle démontre le contraire, concluant au suicide. Les plaies sont encore vives (DR)

 

Pierre Monnoir au micro au pied de la statue sculpture à la mémoire des 7 disparues de l'Yonne (DR)

 

 

 

Isabelle Jambert-Richard et Maître Didier Seban (DR)

 

 

Pierre Monnoir, Guy Férez et Julia Capel-Dunn, le citoyen, l'élu et le représentant de l'État (DR)