Dès son entrée, on sait qu’on n’a pas affaire au Larrivé vrai-de-vrai mais au Larrivé laissez venir à moi les innocents. Dans un échange avec Christine Angot, il rappelle à l'écrivaine qu'elle et lui se sont un jour fixés longuement dans le métro sans se parler. Elle se dit surprise, ne se souvient pas et reprend le fil en concluant qu'ils auraient peut-être dû se parler, ce jour-là...

 

Bien sûr, nous ne saurons jamais ce qu'il en est de cette rencontre sur la ligne 12 du métro parisien, peut-être ne s'est-il agi que d'un truc habile pour déstabiliser la dame qui, on le sait, n'a pas froid aux yeux. Il a un rire de salon très chic, détendu, que l'on pourrait croire bienveillant, même.  

 


Capture d'écran France 2.

 

Et finalement, au cours de l'émission, on découvre qu'il correspond bien à la description de l’outil qui porte son nom : un rabot étroit. Il rabote, sans relâche, usant les mêmes sillons. Macron, c’est son combat, et il rabote, et rabote encore. Il a des gestes de curé menteur, les mains ondulant pour rassurer. Et en parlant de curés… il n’y a pas pensé, à la pédophilie dans l’Eglise, tiens, il n’a pas eu le temps. Ce n’est pas bien important, finalement… Dieu merci, il y a prescription, comme cité dans l’émission…

 

Macron, on aime,  on n’aime pas, on subit en attendant mieux, on espère des changements malgré tout, peu importe, mais pour Larrivé Macron est, avec une mauvaise foi acharnée,  l’emblème de l’exemple à ne pas suivre, le mal incarné. Rien de bon à en dire. Son ennemi personnel, bien qu’il s’en défende.

Bush avait ses evildoers, celui de Larrivé est Macron. Pensez-donc : il est tellement imbu de lui, Macron, qu’il a choisi ses propres initiales pour En Marche. Vous rendez-vous compte ? Ceci dit, j’entendrai au loin, si notre rabot étroit s’approchait du sommet qu’il ambitionne, surgir en fanfare son chiffre emmêlé au cri de Gloire et Liberté, Grandeur et Légalité ou tout autre charmant amalgame de victoire.

 

Quand on lui fait remarquer qu'il soutient des choix de certains (un square au nom de Pasqua) en s'opposant à d'autres dont le principe est semblable mais viennent de l'evildoer Macron (Pétain), il esquive, c'est pas la même chose (en effet, mais la démarche est semblable...), et il s'indigne vigoureusement... Il y eut plusieurs moments de c'est pas ce que j'ai voulu dire, je n'ai pas dit ça etc...

 

Il parlera de son programme – après avoir démoli celui de Macron - … dans son troisième ouvrage. Aaaaaah nous y voici. Politique et marketing. Faut patienter pour mériter de tout savoir. D’abord on explique tout ce que l’autre fait mal, tapez et cassez, quelques débris tomberont bien au sol, et puis, on sort un troisième ouvrage (rédigé dans le métro ou en soirée chez soi, on l’a bien compris… ) au moment stratégique, pas n’importe quand, non non, au moment où les insatisfaits chercheront une lueur dans le tunnel (dont il leur dira que toutes les lumières sont éteintes à jamais et que si on continue comme ça, on pourrait bien voir le soleil s’éteindre aussi, rien de moins…). Un timing parfait.

 

Il y a quand même des émissions qui se voient en plusieurs teintes : ce qui est dit, comment c’est dit, comment c’est menti, et où déceler les grands moments comediante tragediante

 

Je me suis amusée, personnellement.

                                                                                               Suzanne DEJAER

 

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Suzanne Dejaer est écrivain, chroniqueuse à Auxerre TV et médiatrice sur les réseaux sociaux