Guy Roux au marché de l'Arquebuse, vendredi en fin de matinée, un marché où nombre d'étals étaient fermés et bien des volets baissés devant les échoppes. L'ancien coach de l'AJA s'est surtout approvisionné en fruits et légumes après en avoir goûté (DR)

 

 

Les joueurs de l'AJA ont repris l'entraînement, dimanche dernier 30 décembre après une semaine de congé entamée dès le soir de la victoire nette et tranchante contre Grenoble (4-0).

Forêt et séances techniques ont rythmé les journées à l'exception du jour de l'an, à raison de deux séances par jour en général.

Il en sera ainsi jusqu'à l'envol pour Ajaccio, où les Auxerrois en découdront lors de la reprise du championnat de Ligue 2, vendredi 11 janvier, coup d'envoi à 20 heures contre le Gazélec.

Pas de stage donc ni de réoxygénation en bordure d'océan ou ailleurs.

La direction du club composée de Francis Graille le président, Cédric Daury directeur sportif - ces deux là vont toujours par deux et ne semblent jamais se quitter - et Pablo Corréa, l'entraîneur, annoncent qu'ils ne veulent pas de recrue ni céder ou prêter des joueurs. Un fait suffisamment rare pour être relevé.

Comment expliquer ce fait singulier alors que ni la manière ni les résultats n'ont été au rendez-vous des espérances depuis le début de la saison ?

L'AJA ne chercherait pas à mettre la main sur ce buteur qu'elle recherche en vain depuis des années ...? Le laisserait-elle passer ? Et le jeune Begraoui n'aurait pas sa chance avec du temps de jeu ?

À moins que James Zhou de Pékin ait dit stop et mit le hola aux dépenses, exigeant des résultats et retours sur investissements avant de remettre la main à la poche ?

 

La spirale de l'échec

 

La situation est sans doute plus complexe qu'il n'y paraît.

L'AJA a mal entamé la saison et a ramé. Elle a même plongé à nouveau dans les profondeurs obscures du classement et occupé la place de barragiste. Disons-le franchement : on craignait le pire et personne ne voyait le bout de ce tunnel en forme de spirale descendante infernale. Ou plus exactement si, on ne le voyait que trop : la relégation possible en National.

C'était il n'y a pas longtemps. Il suffit de retourner sept matchs en arrière. Car depuis 7 matchs l'AJA est invaincue et semble avoir trouvé une équipe solidairement impliquée.

Avant ce redressement indiscutable et étonnant, l'AJA était à la rue au classement tandis que le sort de Pablo Corréa semblait scellé. Il partirait, faisant les frais d'une désastreux début de saison et attirant les foudres de James Zhou, souriant par devant mais sanguin par derrière.

Parallèlement et en même temps, pour reprendre une expression consacrée, les pourparlers entre la directon de l'actionnaire majoritaire et l'actionnaire minoritaire (l'association AJA) étaient au point mort après avoir patiné dans la semoule.

L'enjeu ?

James Zhou veut acquérir le patrimoine foncier de l'AJA que détient l'actionnaire minoritaire. Bis repetita.

 

Le même scénario le long de l'Yonne

 

On retrouve le même scénario qui opposa Emmanuel Limido et Guy Cotret, l'actionnaire principal et l'équipe dirigeante précédente, aux membres de l'Association AJA l'historique que porta l'abbé Ernest Deschamps sur les fonts baptismaux. L'éternel recommencement du sauveur du club qui sauverait pour avoir flairé le bon coup financier en mettant la main sur les bijoux de famille, le magot dont le président Jean-Claude Hamel cobâtisseur de l'édifice de la route de Vaux, a toujours affirmé avec force qu'il ne serait jamais vendu à des étrangers, au sens, d'étrangers au club du patro.

La question aujourd'hui est de savoir jusqu'où James Zhou veut mettre le curseur et au-delà de quelle limite l'association AJA n'ira pas.

Avec le recul fut-il court, on peut aisément imaginer la situation tendue vécue par le président Francis Graille pendant des mois en pleine crise. L'Auvergnat a du en passer des nuits blanches à chercher des solutions pour avancer tant sur le plan sportif catastrophique que sur le plan de la gestion patrimoniale du club.

Il n'a pas coulé. C'est au pire moment sportif que l'homme, le manager, a tracé la voie. Tout le monde pensait que Corréa était viré. L'AJA était éliminée des Coupes de France et de la LIgue. La composition de l'équipe changeait tout le temps.

C'est alors que répondant à la question précise à ce sujet d'un journaliste, Francis Graille répondit que bien sûr il y avait pensé sous-entendant que ce ne serait pas normal qu'il ne le fasse pas, mais que Pablo Corréa serait encore sur le banc pour les trois prochains matchs.

 

La lumière revient

 

D'un mot, il calmait le jeu et l'incertitude qui pesaient sur les esprits et donnait objectivement une nouvelle dernière (?) chance au staff et aux joueurs. Force est de constater et on ne vous dira pas par quel miracle ou tour de magie, que les choses changèrent. Non seulement l'AJA ne perdit plus un match mais elle en gagna, le plus gros score étant le dernier, le vendredi 21 décembre, au solstice d'hiver, le jour où la lumière revient, face à Grenoble le promu performant sur terrain adverse. Reparti avec quatre buts dans la musette.

Depuis - 7 matchs sans défaites - l'AJA est comme sur un nuage, un fil ... On ne touche plus à rien ! Ça semble enfin fonctionner.

À voir en janvier puis en février etc. Le championnat est encore long.

Voilà donc une explication. Qui, à elle seule, vaudrait à Francis Graille le titre symbolique d'homme de l'année ou plus mesurément celui d'homme de l'automne. Cela le fera sourire d'autant qu"il sait la fragilité des choses, des hommes et de la vie.

Un sourire alors que débute le plus gros combat, c'est toujours ça de pris en ce début de mois de janvier, le mois à double face. Celles de Janus, l'une tournée vers le passé, l'autre vers l'avenir. Janus dans la mythologie, dieu des commencements et des fins, des choix et des portes.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

Francis Graille, man of the year, man of the autumn, at least (DR)

 

 

ET pendant ce temps là, en même temps, Guy Roux achète des fruits et légumes au marché sous  l'Arquebuse. La halle va faire l'objet d'une rénovation et d'un réaménagement en 2019 (DR)