Désormais un salon porte son nom à l'AJA. Jean-Claude Hamel. L'homme, son oeuvre est phénoménale et rien ne pourrait l'incarner. Donc il faut tenter de dire. Avec des mots, toujours imparfaits.

Un salon Hamel ?

Celui du président de l'AJA pendant 46 ans : de 1963 au 6 juillet 2009. Une aventure programmée avec Guy Roux et le soutien de Gérard Bourgoin, de Jean Eddy, le fidèle obscur, Lucien Jeannot monsieur jeux, Émile Martin monsieur Gebat, Poligot le comptable, Billard la sécurité, Jean Garnault le trésorier de la FFF et bien d'autres. Comment oublier Jean-Pierre Soisson dont le père fut président de l'AJA ?. Ils ont tutoyé les cîmes européennes aux pays paradis du ballon rond.

Jean-Claude H est le fils du propriétaire d'un petit garage qui vendait des camions et des véhicules principalement de marque Simca et Berliet. Son père eut quatre fils et deux filles. Jean-Claude Hamel et son frère reprirent la partie camion du garage que leur légua leur père et firent construire un garage neuf. Ce garage employait à l'époque, environ 110 ouvriers. Jean-Claude Hamel enfant du patro de l'Abbé-Deschamps allait au stade à vélo. Plus tard, il a reçu des familles propriétaires, des morceaux de terrain le long de l'Yonne autour du stade devenu mythique et a acheté les petits bouts de parcelles nécessaires et utiles à la construction de l'édifice.

Un salon Hamel ?

Celui où nombre de négociations et signatures ont eu lieu. Un salon aveugle sans fenêtres au pied de la tribune d'honneur, dans le ventre intérieur, car ici monsieur, on ne gâche rien et on a fait des miracles avec deux francs six sous. Pendant longtemps, longtemps, longtemps. Il épuisait ses interlocuteurs, terminant parfois à plus de 4 heures du matin. Hamel homme de réseaux.

Celui qui après les matchs, reçoit les dirigeants.

Celui où bien des contrats ont été négociés et signés, accueillant les présidents des clubs adverses, adversaires d'un soir.

Celui qui contient le bar célèbre de Marc Meneau à l'Espérance la grande demeurée au fond de la boîte de Pandore. Négocié par Jean-Claude Hamel sur des bouts de papier.

Celui - ce salon-cave accueillant - orné avec amour par Monique. Elle a fait des miracles. Monique est l'épouse du président historique. Une sainte femme à qui, tous les présents, ce soir, ont pensé très fort.

 

Lui c'est lui, moi c'est moi ...

 

Francis Graille le président actuel, Auvergnat, est à l'origine de cette initiative, une inspiration vraie, en toute simplicité, à l'image de Jean-Claude Hamel qui évolue dans sa 90 ème année. Son anniversaire est en juillet, le 9. Hamel homme discret, était confus, presque gêné. Cet homme est toujours resté dans l'ombre et n'a jamais cherché à prendre la lumière. Au contraire de son binôme Guy Roux qui fut le moteur de développement Ajaïste du garagiste. C'est dire à quel point ces deux là qui finirent par se détester cordialement ( Hamel est mon seul échec pédagogique, nous dira Guy Roux à son faîte ). C'est dire aussi la complémentarité des deux hommes.

L'un maître des finances du club, l'autre de la politique sportive en tant que manager (à l'anglaise, c'est outre-manche que le petit Roux d'Appoigny dit avoir tout appris, n'en déplaise ), ce qui n'a plus jamais existé depuis. En dépit des conflits et points de vue parfois opposés, un respect authentique et une amitié sincère existe entre les deux hommes qui se sont toujours retrouvés dans l'intérêt supérieur du club.

La fracture intervint au soir d'une finale de Coupe de France, la dernière remportée, en 2005. Guy Roux annonça au micro de TF1 sa retraite. Il n'en avait pas parlé à son compère, qui s'est estimé trahi. Et blessé durablement. La suite comme un cancer, a produit des métastases qui ont gangréné le club qui n'était plus dirigé. On veut dire que l'AJA s'était à la base, construite sur pierre, le duo Hamel-Roux.

Privé de celui qu'il appelait Monsieur RRRouxxxx lorsqu'il était fâché - mais ne disait jamais mot ... -  le gestionnaire financier Jean-Claude Hamel a pris du plomb dans l'aile et a coulé - pour demeurer poli - pour emprunter à l'image du fin chasseur qu'il est et demeure, en tant que président d'une société de chasse familiale au sud de la Puisaye.

Hamel n'était pas une petite frappe : il tirait à un coup, amoureux de la Sologne, le fin du fin du puriste ; qui respectait l'oiseau et lui donnait une vraie chance.

Le 23 octobre 1991, l'AJA recevait Liverpool dont c'était le retour en Europe (C 3) après le drame du Heysel. Des mesures de sécurité draconienne avaient été prises par le préfet Froin. Juste avant le match, Hamel déambulait dans l'entrée et était consterné de voir chaque supporter des Reds entouré de deux CRS. "Ce n'est plus du foot " disait-il hochant la tête avec tristesse les yeux rivés sur le sol.

 

Un vrai courageux

 

Grâce à ses relations professionnelles et à une sorte d'empathie et d'apétence pour le Royaume Uni, l'Auxerrois de famille souche droite de droite auxerroise intouchable (comme Serge Franchis), a chassé la grouse en Écosse, ce qui n'est pas donné à tout le monde, au mois d'août. Un mets délicious. Si l'on écarte les pattes.

Hamel Jean-Claude : un homme de l'ombre, discret, fidèle, muet, qui a toujours placé l'amitié au-dessus de tout. On ne l'a jamais entendu dire du mal de quelqu'un, même dans des situations extrêmes.

Il représente l'archétype du contraire de ce qui existe aujourd'hui dans la course à l'échalote.

Certes diront d'aucuns, il est pulvérisé de défauts. Oui. Mais qui ne l'est pas ? ET qui a oeuvré comme lui ?

Hamel est un homme vrai, courageux.

En 1987 à Athènes, avant le match aller Uefa C3 Panatinaïkos-Auxerre au stade Olympique où le jeune Éric Cantona a bouffé la feuille de match en ratant deux occasions immanquables - on veut dire que même l'ami journaliste Jean-Pierre Guilletat n'aurait pas manqué ça avec son short noir d'école et le paquet de clopes dans la poche arrière - Hamel nous a donné une leçon.

Après Soisson marin corse au parfum buriné, Hamel a sauté du bâteau du président de Pana à plus de 20 (?) mètres de haut. Lui n'avait pas l'habitude. Il y est allé s'est jeté et est tombé comme un sac de patates. Il avait 58 ans. Un, âgé de 51 ans, se voyait le faire, mais est resté bloqué au bord du gouffre.

Vanitas vanitatis.

La vie des humains est insignifiante au regard de l'histoire de l'humanité.

Que restera-t-il de Jean-Claude Hamel ?

 

Never complain never explain ...

 

Dans l'esprit ? Un homme muet, compliqué à comprendre parfois. Un homme droit en dépit des méandres et des vicissitudes. Un homme du privé qui s'est investi dans le public. Une homme bi-face, Janus, complément de Guy Roux qui, sans doute, n'eût été rien sans lui. Oui Hamel a fait plus fort que Roux. Il négociait les cafés dans le menu de l'équipe, au centime près, en division d'honneur et en CFA.

Son défaut dans ces conditions, aura peut-être été d'avoir engendré le phénomène Guy Roux.

Mais au-delà, .. que reste-t-il, que restera-t-il ...?

Un homme secret, inébranlable en apparence, opiniâtre, persévérant, qui ne renonce jamais.

Un homme qui voue aux autres respect, bienveillance et amitié. Lorsqu'un chauffeur était dans l'adversité à l'autre bout de la France, nuitamment, Hamel répondait présent. Quitte à le rejoindre. Le service avant l'heure.

Le secret ? De l'homme ?

L'amitié toujours.

"Never complain, never explain ..." (Benjamin Disraeli 1er ministre Anglais, devise de la famille royale britannique)

Un confident. Une tombe.

Jamais Hamel n'a trahi quiconque, à commencer par la grouse. Fidélité, fidélité, fidélité.

 

Pierre-Jules GAYE


 

 

 Hamel-Graille ... qui est le plus jeune ... À l'arrière plan, Baptiste Malherbe : qui a dit qu'il ne souriait jamais ... ??

 

Le maire d'Auxerre regarde comme un enfant : l'AJA l'aurait-elle fait rêver ...?

 

Au centre Michel Chauffournais, administrateur délégué de l'association AJA à la section professionnelle dirigée par James Zhou 

 

 Le maire d'Auxerre mi gilet jaune, mi AJA à côté du talentueux reporter-photographe du quotidien local

 

 Des joueurs du centre de formation de l'AJA venus honorer le président historique.
Accompagnés par Raphaël Guerreiro et Jean-Sébastien Jaurès, deux de ses anciens joueurs, les jeunes lui ont réservé une haie d’honneur avec applaudissements jusqu’au tunnel officiel

 

 Applaudissements des jeunes sous le regard du président de la Famille AJA, Alain Hébert

 

 Le quaisi nonagénaire, humblement, s'est assis dans un fauteuil du salon qui porte son nom

 

 Yves Biron, adjoint aux Sports de la ville d'Auxerre , à gauche en arrière plan le fidèle Patrick Bonnot, syndic de presse à l'AJA