Elle est grande, cheveux longs masqués par une casquette yankee dont la visière protège le front et les yeux. Assise dans un coin à l'équerre, elle a vue panoramique sur le café où les humains s'agitent parfois dans des conversations que l'on devine passionnées.

Laura L. ne se livre pas. Elle répond en deux mots. Méfiante ou timide, elle demeure circonspecte, sur ses gardes.

Pour briser la glace, il faudra monter à l'étage avec l'aimable autorisation de la patronne, car en bas, il y a trop de bruit pour enregistrer l'interview. Et rencontrer le grand frère par la taille.

Le grand frère qui est peut-être le petit frère, arrive. Et là, Laura L. s'épanouit soudain, contente  de le voir. Elle travaille à Paris et rentre à Auxerre, le week end, quand elle le peut, autant qu'elle le peut. Ils doivent préparer le départ à la retraite de leur mère qui ne s'y attend pas. C'est une surprise, la surprise du soir, pour cette dame qui aura travaillé toute sa vie à la mairie au service urbanisme.

Native d'Auxerre, Laura y a fait ses études au collège Paul-Bert puis au lycée Jacques-Amyot (bac littéraire). Puis ce sera l'exploration des facs à Dijon, psychologie, droit, philo mais cela ne lui plaît pas.

Elle change de braquet et entreprend de devenir serveuse dans un restaurant parisien de luxe. Elle est rapidement promue adjointe au directeur.

 

La musique, les mots ne la quittent pas

 

Mais cela ne lui suffit pas. Elle sera relieuse à Paris de livres cerclés d'or fin. Mais ne se voit pas faire cela toute sa vie.

Laura se lance dans la communication marketing des études au long cours qu'elle finance en travaillant. Aujourd'hui, elle travaille à la Monnaie de Paris quai de Conti, dans l'événementiel.

Un curiculum vitae parmi d'autres, varié voire surprenant. Mais ce qui caractérise la jeune femme depuis son enfance, c'est un fil rouge. Le fil de la musique, de la chanson et du piano qu'elle trimbale toujours avec elle, qui ne la quitte pas. Comme ces feuilles où elle écrit des textes. Puis les met en musique, elle-même.

Février 2018. Loolise Records, en passe de voir le jour, recherche de nouveaux talents. Laura L passe l’audition avec succès et dès lors entame l’élaboration de son premier EP. Cet opus décliné en 5 titres, dont le single La fin de l’été, aux sonorités vibrantes et aux textes percutants. Et aussi Gare à ta peau, la chanson préférée de Laura.

Influencée par la scène française, de Gainsbourg à Barbara, de Benjamin Biolay à Camille, auteure-compositrice, Laura L. excelle.

Paradoxalement celle qui aime le concret, toucher, construire, bricoler, a une âme de poète enfouie sous sa cloche intime, son jardin secret qu'elle partage avec elle seule. Avec délicatesse, précision et tendresse, elle n'élude rien de la vie quotidienne non plus que des thèmes millénaires qui bercent l'humanité. Elle ordonne les mots comme des séquences coups de poing et rien que les mots prononcés sont déjà en soi une musique, une poésie.

Laura n'a pas voulu, pas pu, chanter ou fredonner un refrain d'une de ses deux nouvelles chansons. Mais elle a dit - et non récité - les mots. Tout à la fin. Merci.

 

P-J. G.

 

 

 

 

 

Laura L. au premier étage du café resto Le Biarritz à Auxerre (DR)

 

 

 

 

Laura et son frère (DR)

 

 

 Laura L. aime Auxerre et ne peut s'en passer. Elle aime la ville la rue, ses expressions. Elle parle d'Auxerre tous les jours, dit-elle, à Paris (DR)