TRIBUNE
OPA sur le compagnonnage
le vendredi 06 juillet 2012, 10:03 - TRIBUNE - Lien permanent
Depuis plusieurs jours, que ce soit par le biais d'alertes d'actualité ou par celui des messages et coups de fil reçus d'amis, je n'entends plus parler que de ce discours alarmiste selon lequel on manquerait d'apprentis et de bras dans de nombreux métiers de l'artisanat…
Bien que cela possède sa part de vérité, évidemment, ce discours est en réalité une pure opération de communication de la part de l'Association ouvrière des Compagnons du Devoir, qui entend par ce moyen faire parler de ses centres de formation et asseoir leur recrutement. Par la même occasion, cela lui permet aussi de répondre aux objectifs de l'accord signé en juillet 2011 avec Nadine Morano, concernant la formation d'apprentis supplémentaires. Avec un très gros chèque à la clé, dont une partie reste à venir…
Le 27 juillet 2011, dans le but de promouvoir la formation en alternance et en particulier l’apprentissage, Xavier Bertrand et Nadine Morano ont en effet signé une convention avec l’Association ouvrière des compagnons du devoir et du tour de France (AOCDTF). Par cette convention, une subvention de 2,7 millions d’euros est accordée par l’Etat à cette seule société compagnonnique. Cela permettra d’augmenter les effectifs d’apprentis de 450 personnes à la rentrée de septembre 2011, soit 1332 apprentis au total. Cette subvention sera reconduite en 2012 et 2013. En 2013, la subvention sera en principe calculée en fonction du nombre d’apprentis qui poursuivront leur formation dans le cadre d’un baccalauréat professionnel et du coût réel par apprenti pour leur dernière année.
On comprend que l'AOCDTF ait tout intérêt dans cette perspective à faire feu de tout bois pour attirer les jeunes (et leurs parents). Sans compter le fait que l'arrivée des Socialistes au pouvoir risque d'amener si ce n'est une révision de la convention, à tout le moins un examen critique des résultats.
Encore une fois, les médias sont les complices passifs de cette véritable OPA sur le compagnonnage que tente depuis plusieurs années l'AOCDTF au travers la formation d'apprentis (dont très peu iront ensuite sur le Tour de France, mais là n'est probablement pas l'objectif n° 1), le projet de "Grande école des hommes et des femmes de métier en Compagnonnage" qui entend ratisser au-delà du niveau Bac, la labellisation par l'Unesco au titre du patrimoine culturel immatériel (là, je pense que c'est un peu raté…) que l'AOCDTF avait cherché à obtenir seule dans un premier temps, etc. Quid de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment, quasi absente des médias alors qu'elle aussi forme un nombre important de jeunes ? Quid de l'Union compagnonnique des Devoirs Unis, dont le centre de formation de Brive vient justement de fermer ses portes parce qu'il n'a pas su correctement monter un dossier afin de répondre à un appel d'offres ?
Jean-Michel Mathonière,
graphiste historien, possédantspécialiste de l'histoire des compagnonages de métier, particulièrement des compagnons tailleurs de pierre
Commentaires
Bonjour, ce qui est évident lorsque l'on s'engage avec l'aocdtf c'est que les enfants sont acceptés très facilement mais dans les 3 mois qui suivent on leur les obligent a signer des lettres de démission par des méthodes plus que douteuses, leur méthodes devraient être dénoncées mais personne n'ose bouger.... et bien si les socialistes pointe le doigt sur des dysfonctionnements ce sera un bon point pour eux (les socialistes !!) il y a d'autre stés de compagnonnage mais elles sont bien occultées par l'aocdtf qui les pressente avec mépris lors des rencontres de" journée d'intégration" en minimisant leur valeurs... l'aocdtf devrait tenir ses engagements de formation sérieuse, il y a de plus en plus de parents mécontents...ils ne pourront pas toujours tout étouffer.....