POLITIQUE
Sénatoriales dans l'Yonne : les jeux ne sont pas faits
le mercredi 18 juin 2014, 14:32 - POLITIQUE - Lien permanent
Les élections sénatoriales partielles auront lieu le 28 septembre prochain. Dans l'Yonne les deux sièges sont renouvelables. Les grandes manoeuvres ont commencé ... Première tentative de décryptage. Rien n'est joué, les jeux ne sont pas faits
Beaucoup de prétendants au Palais du Luxembourg, la chambre haute (DR)
Depuis l'adoption de la loi no 2003-697 du 30 juillet 2003, le mandat des sénateurs est de six ans, et le renouvellement s'effectue par moitié, tous les trois ans depuis 2011.Les sénateurs sont élus au suffrage indirect par 150 000 grands électeurs (élus et délégués de collectivités locales). Le scrutin est proportionnel ou uninominal à deux tours. Dans l'Yonne il est uninominal à deux tours. C'est-à-dire que l'on vote pour un candidat (flanqué d'un suppléant) et un seul. Les "tickets" ne sont que des alliances circonstantielles.
Le 28 septembre prochain, les deux sièges de l'Yonne sont soumis à renouvellement. Les deux sénateurs UMP sortants, Henri de Raincourt et Pierre Bordier se représentent aux suffrages des grands électeurs.
Si l'ancien ministre et homme fort du département de l'Yonne qu'il présida de 1992 à 2008, est en piste depuis 1986 incarnant le nord du département, il n'en est pas de même pour Pierre Bordier qui n'envisageait d'ailleurs pas se représenter.
Ces deux seules données ouvrent le champ à la problématique actuelle à droite et au centre dans l'Yonne.
D'une part, le renouvellement des générations est en cours, d'autre part, la difficulté d'unir et de rassembler à droite pour diriger le département, se manifeste de manière criante.
Le contexte national compliqué et incertain vient ajouter aux difficultés. Les affaires Bygmalion (17 millions d'euros de surfacturation et/ou fausses factures pour la campagne de Nicolas Sarkozy enquête judiciaire en cours) notamment, menacent de faire imploser l'UMP qui choisira son nouveau président au mois de novembre. Les appétits sont aiguisés et les couteaux tirés, tous les coups étant permis dans la lutte pour le pouvoir. En course, dans le rôle des pères la vertu, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon qui assurent une présidence collégiale intérimaire, Jean-François Copé contraint à la démission mais qui n'entend pas en rester là et Nicolas Sarkozy qui voit une occasion unique offerte d'effectuer son retour en vue de l'élection présidentielle de 2017. C'est novembre ou jamais. Et gageons que si c'était les militants qui devaient aujourd'hui désigner le nouveau président, l'ancien président de la République arriverait en tête.
Fillonistes, Copéistes et Sarkosystes ...
Si le sénateur (depuis 1986) Henri de Raincourt, ancien ministre, président d'un département qu'il présida de 1992 à 2009 successeur de Jean Chamant ; se représente naturellement ; il n'en est pas de même pour Pierre Bordier qui avait exprimé à plusieurs reprises en public sa non candidature pour un second mandat. Pierre Bordier est un fidèle de Henri de Raincourt dont il fut, pendant de longues années, le premier vice-président au conseil général. Homme intègre et droit, il est tout sauf un politique. S'il a changé d'avis c'est que ses amis ont dû le prier et le convaincre dans l'intérêt du parti, afin de résoudre les problèmes plutôt que les multiplier.
Pour comprendre ce qui se joue et comment se joue l'élection dans l'Yonne compte tenu de ce contexte, il faut savoir qu'Henri de Raincourt est un filloniste, ce qui n'est pas le cas de son jeune collègue de l'UMP issu du même canton de Chéroy, Jean-Baptiste Lemoyne, que l'ancien ministre a mis en selle au conseil général. Le jeune UMP du nord est, lui, copéiste.
Pour couronner le tout, le patron de l'UMP dans le département est le député UMP Guillaume Larrivé, sarkozyste et copéiste. Le député de l'Yonne a été chargé par Jean-François Copé de diriger la campagne de son parti pour les élections européennes. Âgé de 37 ans, l'ancien conseiller juridique de Nicolas Sarkozy à l'Élysée et ancien directeur adjoint au cabinet de Brice Hortefeux à Beauvau, a été candidat malheureux à la mairie d'Auxerre, où sa liste a échoué de peu face à celle de Guy Férez (PS).
On voit très nettement la fracture générationnelle et les sensibilités politiques pour le moins contrastées.
Or Guillaume Larrivé, président de l'UMP de l'Yonne a validé le ticket Raincourt-Bordier, ce qui ne mange pas de pain, car rien n'est joué comme on va le voir, dans l'attente des investitures nationales.
Il est une autre donnée à prendre en considération, celle du cas André Villiers (UDI), ancien suppléant du sénateur de Raincourt et actuel président du conseil général de l'Yonne qui a profité du désamour de l'ex-député UMP Jean-Marie Rolland pour lui ravir la charge. Plus généralement il y a le cas d'espèce du centre dans l'Yonne qui s'est divisé aux élections municipales, l'UDI se rangeant derrière Larrivé, Villiers en tête, et Pascal Henriat le président du Modem 89 ralliant le maire socialiste d'Auxerre.
Contesté jusque dans ses terres du sud de l'Yonne, André Villiers doit faire face à des vents contraires ainsi qu'à une position politique fragile au sein de la majorité départementale dont une fraction n'a toujours pas digéré la manière dont fut évincé Jean-Marie Rolland médecin de Vermenton, de sa charge de président du conseil général et de son mandat de député, battu de très peu par le socialiste maire d'Avallon Jean-Yves Caullet.
En outre, entre juin 2009 et mai 2012, le sénateur Henri de Raincourt, alors ministre, avait été remplacé au Sénat par son suppléant André Villiers. La loi empêcherait, aujourd’hui, ce dernier de se présenter contre l’ancien ministre aux élections sénatoriales, mais l’autoriserait à faire campagne à ses côtés.
L'ambition légitime d'André Villiers est de retrouver son siège au Palais du Luxembourg. Président du conseil général il est positionné et a rallié le soutien d'une bonne centaine de maires et délégués dans le département, misant sur un "ticket" avec Herni de Raincourt, qui eut représenté une belle alliance à droite. Mais H2R n'a pas trouvé correcte la manière dont André Villiers et ses centristes ont pris le pouvoir : l'ancien ministre ne s'en est jamais caché, usant parfois de mots assez durs pour qualifier l'opération. Évidemment on peut comprendre car les cocus dans l'histoire, ce sont les élus UMP et l'UMP.
Villiers en embuscade
C'est ainsi que Pierre Bordier non partant, est soudain apparu sur la grille de départ casque bleu, comme partant finalement en binôme avec Henri de Raincourt avec l'absolution de Guillaume Larrivé. On aurait pu croire l'affaire pliée mais c'eût été méconnaître les arcanes de la politique et du jeu des influences. Voici désomais en piste au autre UMP, jeune et brillant, Jean-Baptiste Lemoyne, conseiller général du canton de Chéroy où il a succédé à Henri de Raincourt, qu'il n'hésite pas à affronter comme un fils qui tuerait le père.
De surcroît, un UDI est sorti du rang, Patrick Gendraud, conseiller général maire de Chablis, premier vice-président du conseil général, les instances de l'UDI devant désigner une seconde candidature, prochainement.
À ce jeu de poker, les cartes s'abattent sur la table et on commence à voir plus clair. Il reste que des cartes n'ont pas encore été distribuées, les dernières, la dernière, décisive, pour rafler la mise.
La clé des élections sénatoriales dans l'Yonne se trouve à Paris, au sein des instances nationales des partis en course et notamment à l'UMP et à l'UDI qui se cherche une figure de proue pour succéder au charismatique Jean-Louis Borloo. Nul doute que des négociations âpres et serrées auront lieu pour les investitures. Ce sera le jeu de la négociation nationale, je te donne un siège ici et tu m'en donnes un autre là, on se partage le territoire.
Un sacré tour de bonneteau ou ... nouvelle donne ?
André Villiers n'a sans doute pas dit son dernier mot. On ne peut exclure qu'il fasse tandem avec Henri de Raincourt. La politique a ses raisons.
Pierre-Jules GAYE
Les candidats déclarés
- Le président de la communauté de communes Cœur de Puisaye Jean-Philippe Saulnier-Arrighi, sans-étiquette (ex UMP exclu en 2007)
- Le sénateur sortant Henri de Raincourt (UMP), sénateur de l'Yonne depuis 1986, ancien conseiller général du canton de Chéroy, ancien ministre
- Le sénateur Pierre Bordier (UMP) conseiller général et maire de Saint-Fargeau.
- Didier Hamelin ( Debout la République), candidat aux élections européennes.
- Jean-Baptiste Lemoyne (UMP), maire et conseiller général du canton de Chéroy
- Patrick Gendreau (UDI), vice-président du conseil général, maire de Chablis
- Y ... Un second candidat UDI doit être désigné par les instances
- Les deux candidats du Parti socialiste, du Front de gauche voire du FN, n'ont pas encore été désignés qui devront être investis par les instances de leur parti.
Le scrutin de 2004 : sénateurs sortants, Henri de Raincourt (UDF puis UMP) et Serge Franchis (UDF puis UMP)
Les nouveaux représentants sont élus pour une législature de 10 ans au suffrage universel indirect par les 1067 grands électeurs du département. Dans l'Yonne, les sénateurs sont élus au scrutin majoritaire à deux tours. Leur nombre reste inchangé, 2 sénateurs sont à élire. Ils sont 11 candidats dans le département, chacun avec un suppléant.
ÉLUS HENRI DE RAINCOURT ET PIERRE BORDIER, DEUX UMP
Commentaires
je verrai bien dominique verrien, maire de saint-sauveur défendre la ruralité au sénat, améliorer le quota des femmes, rajeunir l'effectif et avancer des propositions plus urgentes que l'interdiction des concours de mini-miss.
puis proposer une réduction du nombre et des avantages de nos parlementaires et des fonctionnaires des deux assemblées françaises ainsi que de ceux de l'europe.
Raincourt tient la route. Bordier aura surement un peu de mal vu la profusion des candidatures mais l'investiture UMP lui donne un certain avantage (Franchis en son temps, sortant, a goûté le fait de ne plus avoir cette fameuse investiture). Villiers est une catastrophe ambulante, ça n'a aucun intérêt. Reste à voir le PS... Collet ? Ils ont une carte à jouer
Il est tout de même consternant que Monsieur Lemoyne se présente face à Henri de Raincourt.
Un petit rappel s'impose: qui a fait connaître Lemoyne dans l'Yonne? comment est-il monté politiquement ? par le Saint-Esprit? Son mentor est Henri de Raincourt, je trouve honteux de poignarder son mentor dans le dos. JB doit sa place à H2R, aucun respect? aucune reconnaissance ?
De plus H2R et Lemoyne sont du même canton, il serait choquant de faire élire deux personnes du même canton. Donc le reste du département serait abandonné?
Il est indispensable que Pierre Bordier soit réélu il a montré sa capacité, sa loyauté, son travail, au sein du Sénat. Il a toujours défendu les intérêts des élus de l'Yonne avec H2R. Il est tout naturellement qu'il se représente. Les deux sénateurs actuels forment un très bon duo !
La droite icaunaise doit se rassembler autour d'Henri et de Pierre, nous avons déjà une image catastrophique sur le plan national, il serait temps que les petites histoires de personnes s'arrêtent!
Lemoyne aura bien le temps de se présenter.
La posture de Villiers est on ne peut plus hypocrite ! Comment pouvais t'il sincèrement espérer quelquechose après ses sales coups en 2011 et 2012 ? Un bilan aussi nul au département ? On croit rêver !!
Pierre Morel a bien raison. Marre des Raincourt, Villiers et autres anciens... Assez vus ! Place aux jeunes !
comment peut-on oser dire ne faire jamais équipe avec quelqu'un de son propre parti , de sa famille politique , c'est ridicule !!!
on s'étonne après que les gens s'éloignent des partis républicains en entendant de telles absurdités, des guerres d'égo , des ambitions personnelles de vieux élus qui tiennent à leur place plus qu'à la prunelle de leurs yeux...
quelle image offrent ce type de politiciens qui ne font que dénigrer "l'autre" ...La prétention et le mépris sont décidément sans limite .
vous êtes responsables de votre propre perte messieurs les anciens,
le peuple attend une nouvelle génération d'élus qui ne se croient pas sortis de la cuisse de jupiter , peut être de simples gueux et non des marquis ...
MAIS DANS TOUS LES CAS DES HOMMES QUI RESPECTENT LES AUTRES
On murmure effectivement que Lemoyne est ds une stratégie de positionnement... Si tel ''était pas le cas, cela pourrait pousser deux autres présidents potentiels au département, F. Boucher ou G. Pirman. Villiers commet là l'impair fatal
Henri de Raincourt a déclaré qu'il ne ferait jamais équipe avec Jean-Baptiste Lemoyne...
Les choses ne sont pas si simples
Les candidatures UDi seront de témoignage et donnent une justification de plus aux Ump pour défaire la présidence du département... Maladroit, encore et toujours. Il avait pourtant de l'or dans les mains, la possibilité de lancer un mouvement différent, décalé... trop tard maintenant !
André Villiers était bien le seul à croire en ces chances, après 3 années de désastre au département.
Villiers est trop décrié pour qu'on y croit.
C'est un homme de qualité.
Son problème c'est qu'il parle beaucoup et parfois trop.
Son problème c'est sa garde rapprochée et notamment Alain Drouhin, le fossoyeur de Domanys
Le problème de Villiers c'est qu'il est tiré vers le bas par ceux qui l'ont fait roi
Il mérite mieux. Il ne tient qu'à lui.
Les mêmes seront reconduits. C'est du flan ! Reste le département, Lemoyne arrive pour redresser la cata Villiers si on en croit les rumeurs ?
"villiers en embuscade"
Avec son pistolet à eau ?
Bordier c'était cousu de fil blanc. Lemoyne est positionné de façon très i ntelligente... Juste avant de ravir la présidence d'ici fin 2014... Un peu de lumière ne faisant jamais de mal.
Un mot d'H2R et les efforts de Villiers pr tenter de maintenir son radeau au departement seront vains. Les UAY "UMP" ont été surpris en 2011, meme Villiers and co n y croyaient pas vraiment, ms le match retour sera rude. Jouer de la methode Coué ca ne marche qu une fois avec une telle réussite. Villiers n a pas de troupes. H2R est implanté depuis trop longtzmps pour etre mis en danger. Apres septembre, il y aura forcement un accord comme à chaque foid... Lemoyne president, Bordier et Raicpurt reeelus. C ne sont pas xes amateurs !!
Bravo pour ce travail de fond, difficile à trouver ailleurs. Villiers menace mais n'a plus d'options et porte des casseroles insurmontables désormais, c'est terminé. H2R pourrait prenfre Lemoyne en suppléant par ex...
Intéressant ce cadrage qui permet de voir plus clair même si c'est compliqué.
Belle analyse
Lemoyne aura la tête du département en lot de consolation. Villiers ne pese plus rien en effet
Villiers est mort politiquement. Gendraud a temporisé en restant tjrs à l'abri.