La vérité toute nue aurait-elle jailli de cette intervention au tour que l’on n’attendait pas ? Car elle s’est levée habillée de mots lumineux, dans le silence de qui, stupéfait, la voyait surgir…

 

La vérité toute nue...

 

La langue de bois permet de rester « polis » mais surtout favorise l’hypocrisie. On se retranche : on n’a pas voulu dire ceci, non non non on ne touchait pas à ça, et comment peut-on penser que… ? La langue de bois développe aussi l’emploi d’une arme paralysante : les poursuites. Un outil judiciaire qui rend impossible le dialogue honnête et en profondeur, proscrit le mot mal choisi, l’éloquence trop passionnée. On crée des interdits, des sujets tabous.

Ah la belle époque qu’était la Belle époque lorsque les seuls sujets tabous étaient la politique et la religion à table… Mais on appelait un chat un chat.

Il ressort de tout cet éclat tellement nécessaire que si nous voulons vraiment vivre ensemble, il faut, c’est vrai, le concours des femmes.

Les femmes sont toujours celles qui s’accrochent aux traditions pour ne pas déplaire aux hommes (et les mariages encouragés parce que c’est dans une bonne famille ma chérie, tu ne manqueras de rien, l’amour c’est pour les chansons de midinettes… ont eu la vie dure dans notre culture aussi, protégés par des mères soucieuses de garder le monde tel qu’il était et qui sacrifiaient le bonheur de leur fille comme on avait sacrifié le leur), mais elles sont également celles qui font bouger les choses quand elles les comprennent.

Les plus ouvertes, celles qui possèdent leur vie, ont le devoir de prendre les autres par la main, de les aider, de leur faire entrevoir que la liberté ne signifie pas luxure et perdition mais simplement le goût de l’être soi. Ce sont les femmes qui peuvent aussi démontrer à leurs hommes qu’une épouse mariée selon son cœur et traitée avec douceur par son époux n’a nul besoin d’être voilée ou tenue entre les murs pour être fidèle. Et chaque homme rassuré sera plus heureux lui aussi.

Quant aux amalgames… ils ne sont pas que dans un seul camp. Loin de là. Faire le concours des images stéréotypées propagées par les uns ou les autres ne servira à rien. On veut vivre ensemble. Et ça veut aussi dire que nous devons penser aux mariages interculturels. Il faut qu’ils aient leur chance, une vraie chance, et les idées préconçues sont leurs ennemies.

Je souhaite que cet éclat soit l’étincelle qui allumera un beau flambeau.

 

                                                             Suzanne DEJAER