ARQUEBUSADE
Pour qui sonne le glas
le lundi 14 décembre 2015, 00:03 - ARQUEBUSADE - Lien permanent
Personne n'a gagné à l'issue du deuxième tour des élections régionales 2015. Tout le monde est perdant, y compris les citoyens. La France est en sursis
Le Front républicain que l'on croyait mort, a encore fonctionné à merveille pour barrer la route au Front national, et au-delà des espérances de ses partisans. Et détracteurs, à commencer par Nicolas Sarkozy, le Le Pen light, resté bouche bée KO debout.
Monsieur ni ni (ni retrait ni fusion) a perdu sur toute la ligne de sa stratégie, du début à la fin. Le rempart devant le FN ce n'est pas lui, celui qu'il prétendait incarner. La droite a gagné des régions (7) mais elle a perdu, il suffit de regarder les chiffres. Ses scores ont été globalement aussi faibles qu'aux régionales de 2010, quand la droite exerçait le pouvoir national.
À la montée du FN et son score historique (6,8 millions d'électeurs) atteint à ce deuxième tour des élections régionales, correspond un effondrement des partis traditionnels, l'UMPS, qui n'ont dû leur salut qu'à une mobilisation hors du commun. C'est grâce à la participation en forte hausse et aux retraits des candidats de gauche, que le Front national n’a remporté aucune région.
Ainsi paradoxalement, apparaît par défaut, la victoire des électeurs de droite et de gauche, qui conforte la thèse de victimisation lepéniste sur « l’UMPS » qui verrouille le système tant dénoncé et à juste titre.
La gauche a perdu et beaucoup perdu. Des régions, mais aussi des sièges dans les conseils régionaux où elle ne siégera plus jamais pendant 6 ans. Et barrer la route de l'exercice du pouvoir au FN est devenu l'ultime argument pour mobiliser et rassembler au-delà d'un parti moribond, aussi moribond que les partis anti-système, écolos, front de gauche, rayés de la carte dès le premier tour.
Le citoyen à force de voter contre, sait-il pour qui il vote et pour quoi ? Que peut-il espérer dans ces conditions ?
Qu'on ne s'y trompe pas. Il n'y a pas de victoire, d'ailleurs personne ne triomphait sur les plateaux de télévision même si certains ont réussi à se quereller quand même dans ces circonstances finalement empreintes de gravité.
Xavier Bertand évoque une rupture en affirmant que plus jamais il ne ferait de la politique comme avant. On attend de voir. Et les autres aussi, les nouveaux et les anciens.
Il va falloir balayer devant sa porte et nettoyer les écuries d'Augias. Rapidement.
Ensuite réinventer la politique et la manière de faire de la politique. Privilégier la transparence, le débat public, l'honnêteté, supprimer les privilèges et prébendes ou passe-droits, autrement dit se vouer totalement au service de l'intérêt général en gérant les budgets comme ils compteraient leurs sous, qui ne sont pas les leurs mais les nôtres. L'argent public.
Si le score du Front national est au niveau où il est dans l'Yonne (37,63%), au-dessus de tout le monde en France, c'est peut-être aussi à cause de cela et parce que plus qu'ailleurs, il faut faire cesser la gabegie, les dépenses inutiles, le gaspillage terrifant parfois.
C'est un sacré chantier qui attend tous nos élus. Seront-ils capables de se retrousser les manches. Ont-ils enfin compris le message du peuple de France. Vont-ils descendre de leur arbre et empoigner les réalités à-bras-le-corps ? Vont-ils enfin coopérer, travailler ensemble et laisser au placard tous les ingrédients de la politique politicienne qui paralysent comme un poison la vie collective ?
Vont-tils se serrer les coudes et oeuvrer pour faire reculer le chômage et la pauvreté qui gagnent nos campagnes mais aussi nos villes ?
Pour qui sonne le glas, à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle ?
Dans un contexte d'une France en état d'urgence, où l'on entend le bruit des bottes, alors que se multiplient les fouilles, perquisitions administratives et la surveillance. La droitisation sur le thème sécuritaire et anti-immigrés est en marche au grand galop. La droite de Sarkozy y est pour beaucoup et va redoubler dans ce sens pour siphoner le FN, ce qui n'a jamais marché jusqu'ici, et Hollande va prolonger l'état d'urgence pour siphoner Sarkozy avant la présidentielle, menaçant les libertés publiques en banalisant une situation explosive sur le plan social et économique car la reprise est un leurre.
La France est en sursis.
Pierre-Jules GAYE
Commentaires
en constituant ces listes, on a oublié les jeunes éventuels candidats ou presque oublié. les vénérables anciens se sont partagé, une fois de plus, le bon fromage, quitte à cumuler honteusement car ils ne feront pas le job pleinement. c'était la dernière occasion de les mettre en place avant la présidentielle. on m'a répondu qu'ils n'avaient pas d'expérience, oui. mais l'expérience des sortant ou des anciens élu que l'on voulait remettre en selle n'est pas une véritable réussite et, d'ailleurs, les premiers élus régionaux n'avaient pas d'expérience et ces jeunes se seraient mis au travail pour gérer les régions où vivront leurs enfants. idem au niveau national mais lors de la distribution des investitures, il y aura tous les sortants au premier rang alors qu'ils devraient se cacher pour la plupart. enfin, la présence de plus de jeunes et de ruraux sur les listes aurait équilibré les prises de décisions d'un conseil dont les compétences et le territoire ont encore changé. reste que les candidats de tous bords à l'investiture soient choisis en tenant compte de leur volonté de changer, dans la constitution, le nombre et la répartition des parlementaires. enfin, l'yonne va déguster encore plus avec ces résultats ; elle n'était déjà pas gâtée dans le domaine de la culture où un pourcentage infime d'aides restait autour de dijon et pour les trains, quand les bons ont été retirés pour déplacer les côte d'orient (s) nous laissant des gares et haltes désertées.
Merci à SALE GOSSE pour son commentaire humoristique et néanmoins quelque peu désabusé. Pour ma part je crois incapables le pouvoir en place et ceux qui envisagent de le remplacer d'opérer une remise en cause radicale des lignes politiques suivies depuis plusieurs décennies. Quoiqu'il arrive, les fossoyeurs de la démocratie qui dirigent ces pouvoirs peuvent dormir tranquilles car ils ont pris les dispositions nécessaires (retraites et autres privilèges) pour assurer leurs vieux jours.
"Il va falloir balayer devant sa porte et nettoyer les écuries d'Augias. Rapidement." dites-vous. Ah voila une idée qu'elle est bonne et en sale gosse, je m'en vais vous suggérer une piste. Si ces problèmes de choix électoraux vous barbent, je ne saurais trop vous recommander l'usage du "Rasoir d'Ockham". Ca consiste en gros à ne retenir que l'essentiel, dans sa plus simple expression, dégagé de ce décorum avantageux, de candidats propres sur eux et présentant des programmes électoraux qui ressemblent à ces menus gastronomiques, destinés à aiguiser vos papilles et où finalement "le délice de l'escargot" s'avère n'être que trois feuilles de salade dans l'assiette. La raison nous pousserait à vouloir analyser et évaluer les propositions. Mais savez-vous qu'un quelconque système expert serait capable de faire ce genre d'analyse et de vous sortir en prime les courbes en couleurs qui vont bien ? Je ne parle même de l'usage de la photocopieuse, pour pomper le menu du concurrent d'en face. Non posez-moi ces menus sur le coin de la table, et surtout regardez bien en face la gueule du taulier.
En politique l'usage du rasoir d'Ockham, montre que ce qui prime, c'est la "confiance", la "Volonté" et la "résilience" qui se dégagent de la personnalité des candidats. Des vertus qui s'expriment non pas pour ce qu'ils sont, mais par ce qu'ils font. Aujourd'hui, alors qu'on dispose de tas de systèmes experts capables de vous faire des propositions en fonction de vos habitudes de navigation, histoire de vous fourguer la bonne pub ... faudrait voir à ne pas trop se foutre de notre Google. Les lobbys supranationaux qui secrètent une technostructure, et noyautent les instances étatiques, sont passés maitre dans l'art du casting en sachant soutenir, voire fabriquer l'image du candidat qui va bien, en correspondance avec les études d'opinion. Que vous preniez un Bush et un Obama aux USA, ou un Hollande et un Sarkozy en France, ils résultent tous du même casting, procédé par les mêmes lobbys. En fait le packaging semble différent, mais il renferme la même lessive, avec parfois un petit cadeau en bonux, pour amuser les enfants.
Que deviennent les principes politiques et notamment démocratiques, quand dominent les techniques du merchandising ? Apprendre à lire les "étiquettes" ? Faire confiance au magazine "50 millions d'électeurs" ? Oui peut-être faudra t'il apprendre à consommer de la politique. Moi en Sale gosse, ah j'aurais bien une proposition, mais un peu "coyote" sur les bords .... imaginez un système, où à chaque fois qu'un électeur passe devant un candidat dangereux, il clique juste sur un bouton, et le système se chargerait automatiquement de dresser la carte des candidatures dangereuses. Si déjà le système permettait à l'électeur de "lever le pied de l'accélérateur" au passage de ces "dangerosités", ça serait toujours ça de gagné pour espérer réduire le nombre d'accidents ... sur les routes électorales.
La politique des ''affaires'' explique pour beaucoup le désaveu des électeurs. C'est particulièrement vrai dans l'Yonne ou LR-UDI réalisent leur pire score jamais vu dans le département. Domanys, l'EPCC, et récemment Yonne art vivant... tous ces scandales y sont assurément pour beaucoup !!