CULTURE
L'Yonne la culture qu'on abat faute de souflle et d'ambition
le samedi 15 juillet 2017, 14:12 - CULTURE - Lien permanent
Les dossiers à résonance culturelle ont défrayé la chronique ces dernières années et pas dans le bon sens. Nicolas Soret, président du PETR (pôle d'équilibre territorial et rural) du Grand Sénonais, président de la communauté de communes du Jovinien, conseiller départemental de Joigny, a régulièrement tiré la sonnette d'alarme devant les élus du conseil départemental en interpellant ici et là le président sur tel ou tel aspect d'une politique culturelle peau de chagrin. Aujourd'hui, dans un post facebook, l'élu lève le voile sur l'anéantissement d'une politique globale. Un constat effrayant
Nicolas Soret est le meilleur battleur de l'assemblée départementale, personne ne dira le contraire. Sa force est qu'il n'est pas dans l'opposition systématique voire unique, au contraire. Il travaille, creuse et propose (DR)
L'élu Jovinien benjamin de l'assemblée départementale de l'Yonne apprécié dans l'Yonne au-delà des clivages partisans, est à Avignon, comme chaque année, au festival du plus grand théâtre mondial, pour trois jours de In et de Off.
Samedi matin, il s'est inscrit dans un groupe de travail intitulé "culture et départements" afin de voir ce qui se fait ailleurs et partager les problématiques. Mal lui en a pris. Nicolas Soret qui est aussi adjoint au maire de Joigny Bernard Moraine, explique sur sa page facebook la politique culturelle du département de l'Yonne. Ce qu'il n'a jamais fait en séance publique du conseil départemental de l'Yonne. Non par manque de courage mais par décence, respect des autres et acteur du changement ...
Sur la production et la diffusion des spectacles vivants ?
On a tué Yonne en Scène, en lui retirant ses subventions. A travers ça, on a tué le bus théâtre, on a tué le Bento, le bus d’art contemporain, on a tué les aides à la production, on a tué le centre d’art contemporain de Tanlay.
Et on a tué la présence de l’Yonne à Avignon, alors que la majorité des départements français ont un lieu, pour que leurs troupes puissent se produire et espérer être repérées par des diffuseurs. Bref, c’est un champ de ruines.
Sur l’enseignement artistique ?
Le département a décidé de la mort de Yonne Art Vivant, en décidant de couper unilatéralement ses subventions. Heureusement que communes et intercommunalités prennent, elles, leurs responsabilités.
Sur le patrimoine ?
Mis à part Vézelay, qui relève d’une opération « Grand Site » impulsée par l’Etat, le conseil départemental a abrogé ses interventions sur le patrimoine classé.
Sur les scènes conventionnées ?
Je n'ai même pas osé avouer combien, le département mettait sur la seule scène conventionnée de l’Yonne (le théâtre d'Auxerre Ndlr), j’aurais eu honte. D’autant que l’on est peut-être le seul département qui ne fait aucune différence entre une scène conventionnée et une salle des fêtes qui programme quelques spectacles.
Sur la lecture publique ?
C'est une compétence restée obligatoire des départements, comme les bibliothèques départementales, je n’ai pour ma part que peu de visibilité
Nicoals Soret avoue qu'il a préféré écouter, plus qu'il n’a parlé...
Le problème dans l’Yonne, c’est que sur la culture comme sur d’autres sujets, on n’a aucune volonté politique, on ne se fixe aucun objectif et on n’a aucune politique de contractualisation avec les autres territoires. On ne parle pas avec le conseil régional, pas plus que l’on ne parle avec les intercommunalités, pas plus que l’on ne parle avec les communes, notamment les villes, qui ont les lieux de diffusion, qui accueillent des troupes en résidence, qui font, de fait, de l’aide à la production. Tous les autres élus expliquent comment ils ont longuement travaillé avec les autres collectivités, pour bâtir un contrat territorial culturel, pour se mettre d’accord sur le « qui fait quoi, qui paye quoi ».
La culture, par la force de la loi, c’est une compétence partagée. PAR-TA-GÉE. Donc si on ne se parle pas, on aura bien du mal à partager…
Et Nicolas Soret de poursuivre en enfonçant le clou.
J'ai aussi noté combien les autres départements s'appuyaient sur leurs compétences obligatoires pour développer une réflexion et une offre culturelle: culture et personnes agées, culture et personnes handicapées, culture et personnes précarisées, culture et protection de l'enfance, culture et familles d'accueil... au delà du grand public.
Sans oublier la dimension "culture et numérique", en s'appuyant sur ce que l'on pourrait appeler la "culture des écrans". Sans oublier non plus, une politique qui me parait essentielle mais qui est absente dans l'Yonne, sur "culture et collégiens". Sans oublier la question de la médiation culturelle. Ca nécessiterait 15 posts différents. Passionnant, et très innovant. Un jour peut-etre, dans l'Yonne ...
Nicolas Soret, homme politique de premier plan dans l'Yonne où il coopère dans le nord afin de développer les liens en tirant vers le haut, de proposer au nouveau président du département, Patrick Gendraud, de l'investir dans une "petite mission culturelle".
Clin d'oeil humoristique - Soret manie l'humour français comme personne - au coup de gueule de Monique Hadrbolec doyenne d'âge de l'assemblée départementale à qui revint de droit, l'honneur de présider et de diriger la séance plénière pour l'élection d'un nouveau président. Elle s'indigna que celle qui a été battue de peu de voix, en réunissant 18, n'a aucune réprésentation, fut-elle symbolique, au sein de l'exécutif composé par le président Gendraud. Un petit gamin à côté de Henri de Raincourt qui lui, avait non pas le sens de l'ouverture, mais celui de la dignité et du sens politique.
Si, d’aventure, précise Nicolas Soret sur la scène d'Avignon, le président Gendraud, néo-président du département, acceptait de franchir le rubicond et souhaitait me confier une petite mission, j’aurai plaisir à lui rendre un travail argumenté avec des propositions et préconisations. Comme son cabinet fait une lecture régulière de mon facebook, je ne doute pas que cette idée lui parvienne. En attendant, c’est quand même triste…conclut Soret né à Villeneuve-sur-Yonne, amateur de théâtre mais aussi acteur, comédien et artiste, homme politique, animal, qui a fait le choix du terroir avant tous les autres.
La culture digue à la barbarie
Pour celles et ceux qui ne seraient pas au courant, cela n'a jamais été simple dans l'Yonne, département jugé pauvre par Thomas Jefferson, président américain qui traversa en train l'Yonne au siècle dernier et écrivit quelques pages édifiantes.
Dans les années 80, Jean Chamant ministre du Général de Gaulle, qui initia entre autres le TGV, supprima le CEDAC, formidable outil qui forma entre autres le comédien Corse Robin Rennucci.
Aujourd'hui, la culture apparaît comme la première variable d'ajustement des politiques publiques. Ce n'est pas un hasard si le Front national s'y attaque, à ces budgets inutiles réservés au bobos. Partout les collectivités résistent tant bien que mal aux restrictions budgétaires. Alors que de longue date, on sait que la culture doit être le premier budget d'une nation et que les autres doivent en découler. La culture comme l'éducation sont ce qui fait avancer l'homme et la société. Et est l'alternative par excellence à la barbarie et une digue. Le reste est littérature. Le problème est que tout le monde ne peut entendre cela. Surtout ceux qui sont en souffrance économique et qui se battent, comme beaucoup de chefs d'entreprises, pour survivre.
Dans l'Yonne, on part de loin, on ne fait même pas la différence entre la seule scène conventionnnee (Théâtre d'Auxerre Ndlr)) qui a d'énormes obligations (jeunes créateurs, production, diffusion) et skeneteau... alors il faut vraiment tout reprendre. Mais Jean Marchand, est-il à 10 000 lieues de tout ça ...
Auxerre TV ouvre le débat culturel dans l'Yonne.
Chacun peut s'exprimer.
Auxerre Tv va enquêter et prendre le temps qu'il faut.
Tous les acteurs et témoins de la vie culturelle dans l'Yonne sont invités à témoigner ICI : redaction@auxerretv.com
Questions
- Quelles sont les lignes budgétaires du département dédiées à la culture.
- Comment est prise en compte la révolution Numerique ? Quels liens avec les compétences obligatoires, handicap, personnes âgées..."
- Quelles aides à la diffusion et à la production
- Quels liens avec les villes et leurs scènes ?
PIerre-Jules GAYE
Yonne Arts Vivants (Photo / Raynald Henry)
Commentaires
Bonjour,
nous allons chercher bien loin ou bien cher ce qui n'est parfois qu'un clinquant culturel quand il y a mieux à la maison.
https://www.cjoint.com/c/GLEf4o7CHh...
A Jacques Millereau: la science et l'intelligence s'acquierent par le travail. Les maisons de la culture se rattachent a l'education nationale et donc au contribuable. Le contribuablea le droit de se constituer en republique. Mais s'il vote pour Chirac -Mitterrand au lieu de voter pour la republique et la culture, tant pis.
Les bibliographies d'Andrei Sakharof et d'Alexandre Soljenitsyne sont, à titre d'exemples de libertés créatives sous tutelle, voire persécutées (et parmi tant d'autres personnalités célèbres de l'ex URSS), intéressantes à consulter.
Loin de moi de critiquer les organisations culturelles d'Etat ; les Maisons de la Culture crées par Paul Vaillant-Couturier en 1935 à Paris, puis relancées par André Malraux en 1959, sont un exemple positif des initiatives que peuvent proposer les pouvoirs publics pour rapprocher l'individu du savoir, mais la démarche essentielle aujourd'hui, en cette période de disette budgétaire, doit principalement venir du citoyen lui-même.
A Jacques Millereau: rien ne vous permet de dire que l'homo sovieticus n'etait pas libre; l'URSS a donne lieu a de grands createurs.
Piurquoi se defier des institutions publiques? Les institutions publiques dont le mode d'action de la democratie. Si les pauvres ne peuvent installer un piano 1/2 queue dans leur HLM, c'est aux institutions publiques de leur offrir un lkeu ou ils puissent travaille
Et ne l'oublions pas: beaucoup de pauvres parviennent a s'elever; les exemples sont innombrables.
CULTURE !
Le débat par AuxerreTV interposée est lancé, enfin ! Et ce mot le mérite car comme l'écrit avec talent Voinette, "elle ouvre des portes...". La Culture est l'essence même de l'être humain et ce faisant, elle nous conduit vers le chemin qui nous permet d'être qui nous sommes, femme et homme de pensée et d'action, capable de discernement et de créativité. A ce propos, prenons garde de dévaloriser les oeuvres nouvelles de notre époque car de tout temps, la création fut l'expression du moment mais aussi et surtout une expression avant gardiste.
A l'intention de Contribuable rincé -"un jeune soviétique connaissait Flaubert, savait jouer Chopin, maîtrisait les bases du dessin"- mais n'oublions pas qu'il était aussi privé de liberté pour s'exprimer à son tour dans ces domaines et dans bien d(autres, si son oeuvre venait à déplaire au pouvoir.
Chacun doit, dès qu'il en a conscience, faire son effort de culture, sans obligatoirement passer par une institution publique, mais souvent, il sera confronté à la limite du possible, économiquement parlant, et il serait bien avisé de s'organiser par la voie de la solidarité, en sollicitant par exemple sa mutuelle pour qu'elle propose à ses adhérents, comme le Code de la Mutualité le permet, une prestation d'accès au Savoir et à la Connaissance, indépendante des pouvoirs, au moyen d' une cotisation volontairement consentie.
A partir du moment où la culture s'est professionnalisée, avec un régime d'indemnisation chômage scandaleusement généreux, la culture s'est dégénérée. La subvention a été captée par des "professionnels" au détriment de la culture pour tous. Picasso, Léger ne vivaient pas d'argent public. Oui au propos de Cairtas. Entre nous, en URSS, la culture était contrôlée, avec des moyens financiers conséquents. Résultat : un jeune soviétique connaissait Flaubert, savait jouer Chopin, maîtrisait les bases du dessin. Un jeune français, que sait-il faire ? Se vautrer par terre ("danse contemporaine"), taguer un mur ("arts plastiques") et taper sur une boîte à rythme ("création musicale"). Recyclons cet argent gaspillé pour les intermittents du spectacle, plaies culturelles, pour que nos jeunes disposent d'une vraie culture "classique". Et après on verra qui est "martyrisé"...
A M. Millereau:
Je n'intellectualise pas, j'essaye d'eclaircir.
La culture des riches et la culture des pauvres, c'est un fait, et on n'y echappe pas; les pauvres ne peuvent pas mettre un piano 1/2 queue dans leurs HLM; retablir l'egalite, telle est bien la fonction de la republique; tout le monde est d'accord.
Ce n'est pas avec des competences, des conventions et des subventions qu'on y parviendra, c'est pourtant la seule chose que savait faire la Ve quand elle avait de l'argent: subventionner l'abrutissement des masses pour se mettre en valeur dans les discours des enarques. C'est l'inverse qu'il faut faire; je prendrai 2 exemples.
1) j'ai trouve dans des brocantes des Larousse du debut du XXe s. (5 euros) . On ne peut imaginer la source de "culture" que ces livres contiennent.
2) de nos jours, le philosophe Michel Onfray a ouvert son "Universite Populaire" pour repondre exactement a vos preoccupations. Il est seul, il est libre, il n'interesse personne et il ne recoit pas de subvention. Telles sont a mon avis, les vraies questions.
Abandonner la culture, c'est assassiner tout le reste. La culture ouvre des portes d'expression, qui aime lire ou écrire, qui aime la musique ou en compose, qui voit la beauté des cailloux, d'un ciel nuageux, de la laine rugueuse ou tissée, de l'eau, du sable... Chacun est touché par ce vibrato particulier. Le refuser, l'interdire ouvertement ou plus lâchement, en fermant les subsides, c'est étouffer dans l'oeuf ce qui donnerait de l'élan, de la grandeur, de l'humanité, de la joie.
Et quand on parle de joie, il ne s'agit pas de "s'amuser". Il s'agit d'aimer. Ce qu'on fait, ce qu'on vit.
La culture est la lumière. Le stimulus de la culture soutient tout le reste. Sans culture, pas de curiosité, pas de mouvement, pas d'envie...
Un combat à soutenir absolument!
il est grand temps de faire des economies sur cette soit disant culture qui est parfois et souvent debile.voila un ministere ou il ya enormement d economies a faire
En 'intellectualisant" le débat sur la Culture comme semble le vouloir Pimoulle, on se dirige tout droit vers une culture de "riche" et une culture de "pauvre".
Je plaide pour ma part en faveur de la Culture pour le plus grand nombre afin d'égaliser les chances pour réussir sa vie en toute autonomie et responsabilité.
Alors oui, cela regarde une institution publique comme le Conseil Départemental et toutes les autres institutions représentatives et au service des citoyens. Bien sûr, chacun, chacune doit aussi faire l'effort personnel qui convient pour entreprendre cette quête de soi et ses apprentissages.
Le mot "culture" revet deux acceptions differentes:
Les Allemands opposent la "Kultur" a la "Natur"; justement, Bach a ecrit... 200 cantates; c'est une bonne introduction; en ce sens le mot "culture" en allemand correspond chez nous a la notion de civilisation; c'est un phenomene collectif.
En revanche, les latins, eux, associent la "culture" du "discernement"; c'est pourquoi St Ignace a ecrit ses "Exercices Spirituels". Cultiver son discernement est un exercice personnel et individuel.
Natur et Kultur c/ culture et discernement: le vrai debat est la.
Il faut donc se chercher soi-meme, entre les cantates de Bach et les Exercices Spirituels de St Ignace; ce n'est pas facile, et plus tot on commence mieux c'est. On peut alors laisser le departement a ses competences authentiques et incontestables que sont.l'entretien des batiments publics et les transports d'interet local.
Revenons aux sources. Colo, colis, colere, colui, cultus: je cultive. Que puis- cultiver? Mon jardin, bien sur; mais non seulement; je peux cultiver ma musculature pour devenir un athlete; et enfin, je peux cultiver mon discernement pour DISCERNER dans mon ame l'oeuvre de l'Esprit des tentatons du Malin. Ce n'est pas si facile, car l'esprit souffle ou il veut. Les competences, les conventions et les subventions diverses et variees lui sont parfaitement indifferentes.
La Culture est aujourd'hui la valeur la plus précieuse de l'Humanité.
Dans un monde qui se déshumanise de plus en plus sous la dictature implacable d'un système au service du dieu "argent", dans un contexte mondial en évolution dans tous les domaines :
- Naturel, par les bouleversements climatiques qui provoqueront des déracinements territoriaux et une remise en cause de notre rapport à la nature.
- Spirituel, avec un processus long mais inéluctable et déjà engagé, de disparition des religions.
- Géo politique, du fait de continents au sein desquels des peuples, jusque là sous-développés et donc soumis à la loi de ceux dits "développés", revendiquent leur droit au progrès et "au meilleur être".
- Au niveau des sciences de la vie, par la découverte de moyens susceptibles d'influencer, voire de se substituer aux lois naturelles qui ont prévalu jusqu'à nos jours, de la naissance à la mort.
- Technologique par l'utilisation d'équipements de production plus performants que la pensée et la main de l'Homme ainsi que de communication dont chacun de nous peut mesurer les effets, positifs ou négatifs.
Tout cela doit conduire l'être humain, s'il veut survivre, à s'informer et à analyser pour comprendre, à acquérir sans cesse de nouveaux savoirs, à apprendre de nouvelles méthodes d'adaptation aux évolutions de son environnement, proche ou lointain et pour ce faire, il doit pouvoir disposer le plus facilement possible, de lieux d'accueil qui lui permettront de s'informer et de nourrir son esprit.
Alors oui, Monsieur Nicolas Soret a raison de mener ce combat pour la Culture dans un département où elle est martyrisée et nous devons être nombreux à le soutenir et à l'y accompagner. Pourquoi ne ferait il pas appel à des bonnes volontés citoyennes, au delà du Conseil Départemental ?