L'église du Christ-Roi à MIgennes dont les cloches ne sonnent jamais afin de ne pas réveiller les cheminots qui dorment le jour après le travail la nuit

 

 

Il y avait du monde aux obsèques de Claude Leclerc, qui s'est éteint à l'âge de 72 ans des suites d'une maladie cruelle, lundi matin, à la Résidence Saint-Germain à Auxerre.

Le curé dans son homélie a évoqué la générosité et l'engagement de l'homme au sein de la communauté. "Claude Leclerc aimait les autres et ne mesurait, pas sa peine" a expliqué en substance le pasteur.

 

Voici le texte lu par Olivier Lecllerc, fils de Claude, non sans émotion.

                                                                   

 

Bénédiction de Claude LECLERC

                                   Eglise du christ roi à Migennes

                                   Le 9 Mars 2018

 

Vous parler de mon père, de sa vie, n’est pas chose facile tellement elle fût riche et hétéroclite.

Il est né le 15 Septembre 1945 à Aufferville en Région Parisienne, Fils d’Henriette et d’Henri, frère ainé de Christian et cadet de Lucien.

Henri, mon grand-père, était maréchal Ferrand et ferronnier d’Art. Il tordait le métal en tous sens pour lui donner forme.

Henriette, ma grand-mère, épicière à Migennes, vendait du poisson en fin de semaine. Henri lui, commençait des tournées avec son camion pour aller vers les clients.

C’est à ce moment-là que mon père eut un déclic pour le métier de poissonnier. Il fait alors son apprentissage à l’école de la poissonnerie à Paris en alternance à la poissonnerie PETIT à Sens.

J’ai souvenir qu’il nous racontait, non sans se plaindre, que bien souvent il allait de Migennes à Sens à vélo.

Raconter cette anecdote aujourd’hui nous plonge dans une autre époque…

En 1964, Il fait son service militaire dans la Marine, rattaché aux ports de BREST et TOULON, d’où son titre d’ancien marin.

Il revient dans l’Yonne en 1966.

En 1969, nait Virginie d’une première union.

En 1971, il rencontre Maryse qui arrive de Saint Martin d’Ordon pour Migennes.

2 enfants naissent de cette union, Olivier et Emmanuelle.

Nous avons vécu quelques années au-dessus de la Poissonnerie du 35 Rue Aristide Briand, pour ensuite nous installer à Epineau les voves.

Maryse maitrisait plus le langage du maquignon, métier de ses parents, que le langage du poisson et de la mer.

Ce ne fut pas un gros souci, courageuse elle l’était, elle l’est toujours et le prouve aujourd’hui.

Elle se met sous la coupe de son maître et très rapidement, elle coupait, filetait, écaillait, conseillait sa clientèle avec des recettes plus délicieuses les unes que les autres.

Les années étaient prospères pour le commerce de détail, la distribution non encore structurée, a fait que nous avons eu une vie confortable.

Ils eurent 3 Boutiques, à Migennes et Joigny, des marchés et des tournées dans les campagnes.

C’était le temps où le klaxon créait du lien dans les endroits les plus reculés de l’Yonne.

Il m’a fait découvrir Rungis où il se rendait 2 nuits par semaine, à l’âge de 3 ans.

Que de beaux et bons moments passés ensemble. C’est sans aucun doute grâce à lui que j’adore cet endroit.

Certains de ces anciens fournisseurs sont maintenant mes clients

Il créa des emplois, et les employés firent carrière à la poissonnerie.

Pour exemple Maria qui arriva en apprentissage à 14 ans et resta fidèle à l’histoire de la poissonnerie. Avec les compétences acquises et son niveau de professionnalisme, elle finit sa carrière au Centre LECLERC de Migennes au rayon poisson.

C’était une époque, une entreprise familiale, tout le monde attendait avec impatience le retour du marché du samedi midi pour se mettre à table autour d’un énorme poulet de la maison BONDOUT et de la purée maison faite par Maryse notre mère, fine cuisinière…

Mon père était connu et reconnu de ses pairs au niveau professionnel, voilà comment on parlait de lui au congrès national des poissonniers. Je cite :  

 

« A Migennes, savez-vous qu’il y a un écailler ?
LECLERC c’est son nom, et il a le sourire
Il garde pour vous le choix de la marée
Son Turbot ou sa sole, il n’y a plus qu’à les cuire
Claude c’est un chef, un battant, un vrai lion,
Normal quand on connait comme lui le poisson.
Mais quand d’un clin d’œil, sa Maryse lui dit non
il file derrière l’étal écailler son saumon. »

 

En quittant ses affaires Migennoise, il se fait embaucher comme Maître poissonnier dans l’une des plus belle poissonnerie Parisienne, au Lafayette Gourmet Boulevard Haussmann, où il excellait dans l’art de la mise en scène et de la théâtralisation.

Il assouvit un rêve, servir le poisson de l’étal à l’assiette afin de régaler les parisiens.

Il a eu une vie sociale riche, très riche, peut-être trop riche, ce qui l’a perdu.

Je parlerais également de sa vive implication dans le milieu associatif Migennois :

Son implication quotidienne au sein des ancien marins, ses fonctions au sein de l’association de commerçants.

On se rappelle des grandes opérations commerciales des années 70 :

 « L’opération JOYEUX NOEL » où l’on pouvait gagner entre autres une voiture et un séjour à la neige.

« L’immense Braderie du mois d’Août » qui témoignait de la bonne santé du tissu commercial de l’époque et du dynamisme des dirigeants.

On le revoit tous en train d’œuvrer pour le fameux carnaval de Migennes et son soutien aux 100 Km.

Il monte de toute pièce le comité des fêtes, il organise, il anime.

Je me souviens de moto à Gogo, du festival d’accordéon coorganisé avec Radio Triage, la radio locale, sans oublier les belles années de la foire gastronomique.

Il était un créateur dans l’âme, un bâtisseur en tout point.

Ce fût un père, mais aussi un maître, un exemple de courage, un dictionnaire de valeurs professionnelles, respect du client et de la marchandise.

Mais papa ce n’est pas que ça.

Il nous aura aussi inculqué la générosité et le plaisir des relations humaines, l’art du management et de la communication, sans oublier l’organisation et l’exigence du travail bien fait.

Je dirais pour résumer « la perfection n’accepte pas la médiocrité »

Il a eu des copains par centaines, des amis très peu, ils se reconnaitront.

Le plus dure n’a pas été de vous lire ces quelques lignes, mais le fait de parler au passé.

Lui comme moi avons toujours croqué le présent avec une certaine vision du futur.

 

Ton dernier voyage te conduira en Bretagne, cette belle région se nourrira de tes cendres et de tes valeurs.

 

Kenavo Papa

 

Claude et Maryse dans la boutique rue Aristide Briand à Migennes

 

Au bicentenaire de la Révolution française

 

Les débuts à Migennes