<p>Il aura finalement eu droit &agrave; trois sorties apr&egrave;s une fausse, la vraie et un rappel flatteur. En v&eacute;rit&eacute;, le message de l&rsquo;embl&eacute;matique entra&icirc;neur ne passait plus depuis quelques ann&eacute;es. Il a pu le v&eacute;rifier une nouvelle fois &agrave; Lens apr&egrave;s une premi&egrave;re retraite forc&eacute;e &agrave; Auxerre, en 2000, au profit de son second fid&egrave;le Daniel Rolland, avant d&rsquo;effectuer un come-back de quatre ans ponctu&eacute; par un grave probl&egrave;me cardiaque en 2001 Saisi par le d&eacute;mon de midi &agrave; l&rsquo;en croire, il a sans doute eu les yeux plus gros que le ventre. Ses proches et ceux qui le connaissaient bien n&rsquo;imaginaient vraiment pas que le sorcier Bourguignon &quot;remettrait &ccedil;a&quot; apr&egrave;s son d&eacute;part opportuniste &agrave; la faveur d&rsquo;un troisi&egrave;me succ&egrave;s en Coupe de France, d&eacute;croch&eacute; en 2005. Pourtant, GR a craqu&eacute;, c&eacute;dant aux sir&egrave;nes venues de Lens plut&ocirc;t que de Bordeaux. Son jugement &eacute;tait affaibli par la guerre de succession larv&eacute;e et usante &agrave; l&rsquo;AJA ainsi que par des divergences de philosophie sur le management du club du patro cher au pr&eacute;sident Hamel. </p> <p>Ce dernier tour de piste m&eacute;diatique, &agrave; 68 ans, lui offrait aussi l&rsquo;occasion inesp&eacute;r&eacute;e de tenter de d&eacute;montrer que l&rsquo;homme et sa m&eacute;thode pouvaient r&eacute;ussir ailleurs, dans un grand club, comme &agrave; Auxerre, ce que beaucoup lui d&eacute;niaient. Guy Roux a donc d&eacute;missionn&eacute; du club sang et or apr&egrave;s cinq matches seulement, lui qui a battu tous les records de long&eacute;vit&eacute; avec l&rsquo;AJA. Il a pris soin, conform&eacute;ment &agrave; sa l&eacute;gende, de l&rsquo;annoncer lui-m&ecirc;me &agrave; la mi-temps de la rencontre Strasbourg-Lens (2-1), hier soir. Un jeune entra&icirc;neur sans emploi apr&egrave;s avoir hiss&eacute; Strasbourg en Ligue 1, Jean-Pierre Papin, lui succ&eacute;dera. Le coach Bourguignon a expliqu&eacute; qu&rsquo;il n&rsquo;avait, plus la grinta, la force pour faire lever les joueurs et forcer le cours des &eacute;v&eacute;nements. &quot;J&rsquo;ai senti l&rsquo;impossibilit&eacute; de hausser le ton moral et psychologique, pas la voix, dans certains moments d&eacute;cisif, c&rsquo;est tr&egrave;s dur de le reconna&icirc;tre, mais je le reconnais&quot; a-t-il dit non sans humilit&eacute;, bless&eacute; dans son orgueil. </p> <p>Le message de Guy Roux ne passait plus. Il avait subi un premier avertissement, en 2000, lorsqu&rsquo;il fut contraint de transmettre le t&eacute;moin &agrave; Daniel Rolland, l&rsquo;entra&icirc;neur de la B. Son autorit&eacute; &eacute;tait bafou&eacute;e par les jeunes joueurs avec lesquels la communication &eacute;tait rompue, inefficace : son discours de la m&eacute;thode ne passait plus. Ils l&rsquo;appelaient &quot;le gros...&quot; Il est vrai que c&rsquo;&eacute;tait aussi l&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; GR faisait feu de tout bois avec l&rsquo;argent, notamment &agrave; travers des campagnes publicitaires pas toujours bien comprises de la part de cet homme de valeurs incarnant le terroir, qui donnait l&rsquo;impression de se prostituer publiquement en incarnant sa propre caricature. Son image d&eacute;j&agrave; &eacute;corn&eacute;e par un ego d&eacute;mesur&eacute;, fut d&eacute;finitivement brouill&eacute;e. Paradoxalement, cette deuxi&egrave;me sortie de la sc&egrave;ne n&rsquo;en demeure pas moins path&eacute;tique. L&rsquo;homme a du panache et personne ne pourra retirer &agrave; cet authentique b&acirc;tisseur une carri&egrave;re ph&eacute;nom&eacute;nale. Il reconna&icirc;t son &eacute;chec en admettant avoir trouv&eacute; ses limites et s&rsquo;&ecirc;tre tromp&eacute;. Il va retrouver &quot;ses terres&quot;, comme il dit et qui en dit long. </p> <p>L&rsquo;exil et le retour au travail, &eacute;taient une montagne, hors cat&eacute;gorie, trop haute &agrave; gravir pour le petit gar&ccedil;on parti d&rsquo;Appoigny, il y a soixante ans. Il n&rsquo;avait jamais quitt&eacute; le chef lieu d&rsquo;Auxerre et les bords de l&rsquo;Yonne, depuis 1964. Il aura pr&eacute;sum&eacute; de ses forces et sous-estim&eacute; le r&ocirc;le des b&ecirc;tabloquants qui ont lamin&eacute; l&rsquo;hypertendu. Enfin, qui dira la part de culpabilit&eacute; voire de remord, tapie tout au fond de l&rsquo;inconscient, qui aurait min&eacute; la conscience de Guy Roux, salari&eacute; hors-la-loi, aux d&eacute;pens d&rsquo;un jeune coll&egrave;gue ? Guy Roux rattrap&eacute; par lui-m&ecirc;me ... une bonne nouvelle finalement. Bienvenue chez vous sur vos terres, coach. Welcome &agrave; celui qui n&rsquo;a jamais r&eacute;ussi &agrave; &eacute;liminer une &eacute;quipe anglaise en Coupe d&rsquo;Europe, &agrave; son grand dam, Angleterre o&ugrave; il a tout appris. God save you, Guy Roux. ''</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p>