Le 4 janvier 1960, la puissante voiture dans laquelle Albert Camus rentre à Paris se fracasse contre un arbre sur une route de l'Yonne à Villeblevin, scellant la légende d'un écrivain au destin exceptionnel, prix Nobel à 44 ans, devenu l'une des voix de la littérature française dans le monde.

Avec l'argent du Nobel, Albert Camus achète une maison à Lourmarin dans le Vaucluse. Le 3 janvier 1960, il quitte le village à bord de la Facel Vega de 355 chevaux conduite par son ami Michel Gallimard. Direction Paris. La veille, sa femme et ses deux enfants ont pris le train du retour en gare d'Avignon.

Le 4 janvier, après avoir déjeuné à Sens à l'Hôtel de Paris, ils reprennent la route vers Paris. Peu après, à 13 h 55, le bolide s'encastre dans un platane en bordure de la nationale 5 (l'actuelle D606) sur cette route de l'Yonne à Villeblevin. Albert Camus est tué sur le coup. Michel Gallimard décède quelques jours plus tard. On retrouvera dans la serviette de l'écrivain les 144 feuillets du Premier homme , le roman qu'il consacrait à sa mère et qui ne paraîtra que bien plus tard, en 1994.

L'éclatement du pneu de la roue arrière gauche et une vitesse excessive estimée à 150 km/h ont été les causes retenues lors des constatations d'usage. Les gendarmes ont relevé, sur plusieurs dizaine de mètres, les traces laissées par la jante d'une roue sur l'accotement. La dépouille d'Albert Camus fut transportée dans l'unique salle de la mairie où il fallut tout déménager selon le témoignage de Simone Lorillon, l'ancienne secrétaire de mairie qui rédigea l'acte de décès, le premier de l'année. Une veillée funèbre fut suivie de la levée du corps le lendemain en présence d'une foule nombreuse. Un fourgon des pompes funèbres générales de Sens emmena Albert Camus à Lourmarin où il fut inhumé, le mercredi 6 janvier, dans la plus grande simplicité.

Cinquante ans plus tard, le projet de Nicolas Sarkozy de le faire entrer au Panthéon a provoqué l'une de ces polémiques politico-littéraires dont la France a le secret, autour d'un homme épris de justice devenu un symbole national.

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 SUR LA ROUTE... LE TEMOIGNAGE DE SIMONE LORILLON, SECRETAIRE DE MAIRIE DE VILLEBLEVIN EN 1960, QUI SIGNA L'ACTE DE DECES

REDECOUVRIR CAMUS

Biographies, dictionnaire, album souvenir, bande dessinée... Le 50è anniversaire de la mort d'Albert Camus, le 4 janvier 1960, donne lieu à de nombreuses publications pour redécouvrir l'homme et l'écrivain.

- Sa fille Catherine Camus a publié mi-décembre un albums de photos et de souvenirs, "Albert Camus, solitaire, solidaire" (Michel Lafon).

Dans la collection "Bouquins" (Robert Laffont), un "Dictionnaire Albert Camus" sous la direction de Jeanyves Guérin permet d'explorer toutes les facettes du romancier, dramaturge, essayiste et journaliste visionnaire.

- Plusieurs biographies reviennent sur ses relations avec l'Algérie, dont "Camus, une passion algérienne" (Koutoubia) de Stéphane Babey et "Albert Camus : fils d'Alger" (Fayard) d'Alain Vircondelet.

Sur le même thème, José Lenzini publie "Camus et l'Algérie" (Edisud), ainsi qu'un autre titre, "Les derniers jours de la vie d'Albert Camus" (Actes Sud). L'écrivain d'origine roumaine Virgil Tanase lui consacre également un essai, "Albert Camus", dans la collection Folio biographies (Gallimard).

- Gallimard, l'éditeur de Camus, annonce la réédition de "La postérité du soleil" paru en 1965, suivi de plusieurs titres en janvier, "Les possédés" ou "La mort heureuse", premier roman posthume de l'écrivain.

"Camus l'intouchable" de Jean-Luc Moreau paraîtra chez Ecriture et "Albert Camus" de François-Xavier Gauroy chez Timée.

Télérama publie un numéro hors-série, "Camus, le dernier des justes", de même que Le Figaro, "Camus, l'écriture, la révolte, la nostalgie".

- Côté cinéma, "Le premier homme", roman inachevé paru en 1994, est en cours d'adaptation par le réalisateur italien Gianni Amelio, avec Jacques Gamblin pressenti dans le rôle de Camus.

Enfin, le dessinateur Jacques Ferrandez, auteur d'une saga algérienne, "Carnets d'orient", a adapté "L'hôte" (Gallimard), une nouvelle parue en 1957, en bande dessinée. Camus y met en scène un instituteur, Français d'Algérie, chargé d'accompagner un criminel jusqu'à la prison.

 

Interview de Camus sur sa pièce de théâtre "Les possédés"