Roger Jeanson, avocat, puis intendant du Lycée Jacques Amyot pendant de nombreuses années après en avoir été l'élève, a été inhumé à Auxerre mardi 26 avril 2011 au terme d'une cérémonie en l'église Saint Eusèbe archipleine. C'est le curé Joël Rignault qui officiait cet Adieu auquel de nombreux amis de Roger avaient voulu s'associer. Cette affluence n'était pas due au hasard, tant Roger Jeanson était apprécié. De nombreuses générations de lycéens de Jacques Amyot l'ont bien connu et l'amicale des Anciens de Jacam était présente, son Président le Docteur Bègue prononça quelques mots que nous reproduisons plus loin.

Son épouse Marie-France Jeanson, ancienne Conseillère Générale, avait auparavant dressé un portrait plein d'émotion et de sensibilité de son époux. Les présents ont ainsi pu se remémorer la délicatesse, la gentillesse, l'humour, de cet authentique auxerrois dont on connaissait la grande culture, le goût du beau, de l'histoire et en particulier celle de sa ville. Ses quatre filles, Pascale,Sophie, Stéphanie et Caroline étaient à St Eusèbe, ainsi que ses petits enfants ajoutant par quelques mots simples et vrais à l'émotion générale.

André Villiers, Président du Conseil Général et son premier Vice-Président, Patrick Gendraud faisaient partie de cette foule nombreuse et recueillie et avaient tenu à entourer leur ancienne collègue du Conseil Général, Marie-France Jeanson, dans cette douloureuse épreuve.

Nous ne verrons plus Roger arpenter les rues de la vieille ville et inspecter ses vieilles pierres, mettre ses pas dans ceux de Marie Noël qu'il connaissait si bien, écouter les histoires que lui murmuraient les pans de bois et les corniches. Nous ne l'entendrons plus nous raconter "Nénès et le Patro" dont il était voisin depuis sa retraite du lycée, dans cette rue Lebeuf dont il n'aura pas eu le plaisir d'inspecter la réfection finalisée : c'était un supporter convaincu et souvent présent au match du club phare de la ville.

Un enfant et amoureux d'Auxerre s'en est allé ...

JLHUSS

Statue de Marie Noël dans le secteur piéton d'Auxerre, Tour de l'horloge (jlhuss)


Evocations lors de la cérémonie à Saint Eusèbe

LA VIE DE ROGER…(par Marie -France, son épouse)

Roger JEANSON est né le 14 novembre 1927, à AUXERRE, d’une famille originaire de la Haute Marne. Il poursuit, au fil des années,  ses études au Lycée Jacques Amyot, des classes enfantines jusqu’aux études secondaires. Après de brillantes études supérieures de Droit à Paris, tout en travaillant afin de financer ses études, Roger JEANSON devient avocat  et est inscrit au barreau d’Auxerre.

Attiré par la fonction publique il devient Intendant du Lycée Jacques Amyot, puis termine sa carrière comme Conseilleur Administratif des Services Universitaires. Les années se sont suivies au service des autres,

La période comme juge au Conseil des Prud’hommes lui permettant d’exercer ses talents de magistrat.

Il aimait la vie, la beauté de la vie.


Père exceptionnel, il aimait profondément ses enfants, sa famille : il souhaitait que chacune de ses filles ait le meilleur, à travers ses conseils et à la mesure des difficultés de chacune. A chaque instant dans le doute,  il s’interrogeait jusque dans les dernières semaines, les derniers jours, sur le sens de cette vie pourtant si riche.

Il avait le respect des autres, même si l’esprit était caustique, se moquant souvent de lui-même avec grande lucidité. Une culture immense, un être accompli, une humilité et des doutes qui empêchaient parfois  l’apaisement.

Il aimait vivre dans sa thébaïde, grande pièce spécialement aménagée pour ses nombreux livres, archives, gravures et autres photographies : il y exprimait ses passions, ses recherches avec sérieux,  grande sagesse, et si l’humour était provocateur, l’intelligence, elle,  était vive.

Il était la mémoire de la famille, de son lycée jamais quitté, de l’histoire d’Auxerre, avait le sens de ce que doivent être les valeurs qui nous unissent. Il était un exemple.

Tu nous manques Roger, Tu me manques beaucoup.

Marie France JEANSON

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In Mémoriam (par Jean-Guy Bègue)

Roger et le Lycée Jacques Amyot, c'est une longue histoire. De l'élève à celui qui, passant par une longue carrière d'Intendant de cet établissement s'est impliqué dans l'Association des Anciens Elèves , ce sont quelques 70 années d'histoire commune. Roger et notre lycée, c'était fusionnel.

Doté par la nature d'une prodigieuse mémoire, Roger conservait le film de ces décennies avec précision et fidélité. Avions-nous un doute sur le nom de tel professeur, une interrogation sur la date d'un évènement marquant du lycée ou le désir de connaître l'histoire ou le pourquoi, du moindre recoin ou salle de classe, c'est immédiatement à Roger que nous pensions.

"Je vais y réfléchir" nous disait-il, ce qui voulait dire que quelques jours plus tard nous aurions une réponse argumentée et des plus précises. Il y a quelques années, le hasard d'une de ses nombreuses lectures, l'amena à exhumer une partition musicale dont l'air et les paroles avaient été oublis par la succession des générations de potaches. Pour les "jaca-miens", c'était un trésor qu'il venait de ressuciter. Il s'agissait de la Chanson des Gars du Collège d'Auxerre, écrite et composée par Murice Cornevin au début du 20ème siècle, ancien élève et écrivain patoisant de la veine de Fernand Clas. Sa découverte a permis, grâce à un ami musicien, que je l'interprète à nouveau lors d'une Saint Charlemagne.

Roger, c'était cela, un véritable dictionnaire historique de notre lycée.

Cet appétit pour l'histoire ou l'anecdote était de plus servi par un esprit d'une finesse que l'on rencontre rarement. Aussi, ses narrations, orales ou écrites, s'agrémentaient-elles de commentaires, réflexions ou considérations et traits humoristiques. Car Roger aimait nous surprendre par des bons mots et des propos malicieux et amusants.

Cet érudit, c'en était un vrai, avait la discrétion propre aux gens de qualité mais deux mots de lui suffisaient pour que son interlocuteur sente l'autorité que confère d'emblée le Savoir.

Roger était fidèle en amitié. Quel plaisir pour un plus jeune comme moi, de voir ces vieux copains si heureux de se retrouver lors de nos rencontres, les Marcel, Albert, Jean, René, Jacques, Roger et les autres, ces affectueux "grognards" de notre Association. Il va encore nous en manquer un de plus ! Vieux copains de là-haut, je vous vois, tout sourire, heureux de retrouver Roger. Jacques Amyot n'est certainement pas loin de vous, sûr que Roger va devenir un de ses grands amis ...

Au nom de nous tous, Roger, je te remercie du plus profond de mon coeur.

Jean-Guy Bègue

Président de l'Association des Anciens Elèves du Lycée Jacques Amyot

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PapiLou

                 (Souvenirs du gendre Canadien de Roger Jeanson, autrement connu sous le nom de plume: Papilo)
 
-      l’homme de silences, l’homme de lettres, l’homme de droit
-      l’enseignant, faisant l’éducation post-doctoral de son pauvre gendre Canadien; la leçon? - qu’est-ce que c’est du bon vin? Une éducation très agréable d’ailleurs, du moins pour le Canadien.
-      toujours acceuillant, toujours chaleureux, toujours généreux et gracieux. Très reconnaissant des cadeaux modestes amenés de loin
-      plus que content, même ravi, d’être entouré de sa famille, entouré de ses 4 si belles filles - insistant, souvent à leurs grands désespoirs, “allez, maintenant la photo de famille!”
-      un bon café après le repas du midi avec le gendre sur la terrasse du jardin, dans la verdure, le fruit de ses labours. Un bon cigare pour compléter le tableau.
-      Ce rituel, pourrait-on même dire ‘rite de passage’ pour les gendres, se passait en hiver ou par temps mauvais dans sa ‘piece d’homme’ en bas – une piece réservée pour Roger, ses affaires personelles, ses gravures, ses livres, ses écrits . . . et ses gendres
-      amoureux des femmes et surtout de sa femme en particulier, n’ayant pas peur de le répéter et rerépéter, jusqu’à son dernier souffle.
 
Roger, j’ai toujours dit qu’on peut juger de l’importance de quelqu’un qui vient de mourir en constatant la taille de l’espace vide qu’il laisse à son départ. Tu laisses un trou énorme. Tu vas nous manquer. Tu nous manques déjà.
 
Barry Breger, mari de Sophie, ta fille, père de Sarah et Laïla.
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Roger,
Nous nous sommes assis, ce soir, sur ta petite terrasse cernée par la vigne et la végétation.
 Il fait chaud, l’orage gronde.
Louis, Sarah, Adrien et nous autres jardiniers citadins, avons commencé à arroser ton jardin, qui  reçoit maintenant une pluie d’ouest…
Les framboisiers, les mûriers, le lilas, les groseilliers, les vignes dégoulinent d’eau.
Avant cet orage, on a remis de la nourriture aux oiseaux, des graines et des boules de graisse… et nettoyé la petite boîte en bois
Ta porte, rue Lebeuf, est fermée.
Ton jardin est bien clos, ure source scellée, et toute cette eau vive balayée par le vent distille des aromates, la terre.

Le mur maintient des forces vives qui fleurissent.

Ce soir, nous étions les rêveurs de ton jardin.
 
Pascal DESSEIGNE

photo de Roger Jeanson (jlhuss)