Selon le site, l'objectif des cadres de la direction technique nationale (DTN) à l'origine de ces comptes est de «convaincre la Fédération de l'ampleur du "problème", et de la nécessité de prévenir un futur "exode" sportif en instaurant des quotas discriminatoires dès l'âge de 12 ans, à l'entrée des pôles Espoirs». Une question qui était au coeur de la réunion dont le verbatim fait polémique depuis plusieurs jours.

Mediapart avance également que derrière ce terme binationaux, ces joueurs susceptibles «à tout moment d'opter pour une autre nation sportive» comme les nomment la FFF, se cachent «en réalité des jeunes Français, exclusivement français à ce stade de leur vie (à quelques exceptions près), qui pourraient être tentés, plus tard, d'acquérir une seconde nationalité».

«Distinguer deux sortes de Français», selon Mediapart

Comment la FFF a-t-elle établi ces chiffres ? C'est «un recueil de données improvisé, approximatif, sur des critères en partie subjectifs et liés aux apparences, qui discrimine entre jeunes Français», assure Mediapart, qui a interrogé François Blaquart en avril. Celui-ci avait mis en avant des critères liés «au nom», au «vécu des joueurs», assurant qu'il n'avait pas fait remplir de fiches d'état-civil... «Au jugé», rétorque le site.

Si les journalistes de Mediapart reconnaissent volontiers que le tableau ne relève pas de la «statistique ethnique», ils rappellent que «le traitement des fichiers contenant des questions sur l'ascendance (nationalité, nationalité des parents, voire des grands-parents) suppose une grande vigilance, notamment en matière de finalité (il doit s'agir de lutter contre les discriminations... et non l'inverse) et de garanties d'anonymat.»

Et le site de conclure : «Au fond, le problème est ailleurs: ce tableau traduit l'obsession de la FFF à distinguer deux sortes de Français. Ceux d'origine étrangère et les autres. Que l'on parle de joueurs binationaux ou susceptibles de l'être, le filtre est dans les deux cas discriminatoire, le critère étant utilisé pour entraver l'accès à un bien.»