La défaite et l'élimination de l'AJA en 16è de finale de la Coupe de France face au 14ème de la Ligue 2, Châteauroux, est une péripétie. Un résultat parmi d'autres, même si Auxerre, force est de le constater, est dans un cycle négatif qui ne laisse pas d'être préoccupant. Mais c'est la loi du sport, cette glorieuse incertitude. Celle qu'on aime, qu'aiment les sportifs.

En revanche, les propos tenus publiquement à l'endroit des joueurs par le président et l'entraîneur en disent plus long que les simples mots prononcés. Des mots extrêmement durs voire insultants adressés à des salariés professionnels dans l'exercice de leur métier. La règle à l'AJA, jusqu'alors, imposait de laver son linge sale en famille. Une régle soigneusement respectée par Guy Roux et Jean-Claude Hamel jusque dans le confessionnal.

Aujourd'hui, cette règle est bafouée. Un viol qui en dit long non pas sur l'incompétence des joueurs, mais sur le désarroi, l'impuissance et le désabusement de ceux qui sont censés fixer le cap, encadrer, motiver et soutenir les joueurs. Les faire grandir, les faire se dépasser, les faire se fondre dans un collectif qui dépasse les enjeux personnels.

Les joueurs ne sont pas bons, ce sont des chèvres ? Tiens tiens ...? Les mêmes en début de saison laissaient entrevoir les plus beaux espoirs et ont été recrutés par ceux-là même qui les dégomment aujourd'hui.  Auraient-ils, d'un coup de baguette magique, muté génétiquement ?

Voilà un an et demi, Fernandez sut booster de seconds couteaux venus du diable vauvert pour jouer la Ligue des Champions, Alain Dujon ayant choisi de consolider le compte en banque plutôt que de recruter. Roux, pendant des decennies, perdait (vendait) un grand joueur ? Il trouvait les mots pour chacun des coéquipiers leur demandant de donner un peu plus pour compenser le départ de la "vedette". Statistiquement, l'AJA, à chaque fois, avec ses soldats anonymes, obtenait un meilleur classement l'année suivante. Facilement vérifiable pour ceux qui auraient un doute.

Alors qu'est-ce qui ne va pas ? Qui peut savoir ? Ce qui est sûr c'est qu'il faut retrouver les mots sacrés et les bons mots de passe, en les cherchant pour les trouver. L'histoire de l'AJA s'est écrite sur pierre parce qu'elle s'est écrite tous les jours en tâtonnant dans la difficulté et le doute souvent. Le doute n'est pas une tare au contraire. C'est une méthode privilégiée pour progresser, individuellement et collectivement. Le doute c'est l'humilité. Les joueurs doutent, n'ont pas confiance entend-on ici et là repris en boucle et se comporteraient comme des parvenus enfants gâtés ... ?  Ah oui, on oubliait, quand on ne comprend pas ou que quelque chose vous dépasse, il faut des boucs émissaires... et pourquoi pas un sacrifice tant qu'on y est ? Les joueurs doutent : tant mieux, cela veut dire qu'il y a de l'espoir.

L'AJA est bâtie sur pierre. Parce qu'elle a fait confiance aux hommes et à la formation avec un état d'esprit fondé sur le travail, le respect, la discipline et le partage. Une forme d'amour.

Rapprocher les coeurs, trouver les mots, la complicité dans les regards, le plaisir d'être ensemble tendus vers un même but. La joie et l'excitation à la perspective du match du samedi, du bon coup à jouer. Les joueurs ne sont pas idiots. Aucun. Ils savent et portent en eux les clés.

Châteauroux, c'est la coupe et dame coupe réserve toujours des surprises, c'est la règle depuis toujours, le gros se fait manger par le petit. L'AJA, elle en a dévoré des gros pour notre plus grand plaisir ... Alors il faut être sport, un vainqueur et un vaincu, savoir l'accepter.

Les joueurs Auxerrois, les nombreux blessés dans leur chair comme dans leur âme, les valides, les remplaçants habituels ou de luxe, les jeunes qui ont besoin qu'on leur fasse confiance pour apprendre, tous, tous les petits Bourgeois en herbe..., tous savent parfaitement qu'un autre match se profile, celui de samedi prochain, à l'Abbé-Deschamps contre Nancy, autre mal classé.

S'ils trouvent les bons mots de passe et que les coeurs se rapprochent, nul doute qu'ils feront mieux, comme de vrais équipiers. En équipe.

 

                                                                                                                 Pierre-Jules GAYE