Esquisse (MC2). La réception des travaux du nouveau centre de formation devrait avoir lieu avant la fin du mois de janvier

 

Le club du patro semble quasiment en état de cessation de paiement. Il n'est pas assuré de pouvoir assumer ses engagements financiers au-delà du mois de février. La Direction nationale de contrôle de gestion de la Ligue de football professionnelle a d'ailleurs convoqué, à nouveau, l'AJA, au mois de février. Sur le court terme, l'AJA compte récupérer une partie de la caution de 3,2 millions déposée auprès de la banque Oséo pour la construction du nouveau centre de formation. Pour cela il faut que la réception des travaux du nouveau centre ait été signée. Or ce n'est pas encore fait. Elle est prévue en principe fin janvier.

 

 

 

La situation est d'autant plus désespérée que le marché est désastreux. Pensez donc : le number one de l'automne, Lyon, dégraisse... car contraint de réduire sa masse salariale. Le foot en France est dans une spirale déflationniste. Tous les clubs ou quasiment cherchent à réduire leur masse salariale et donc à vendre des joueurs. En Ligue 1 comme et Ligue 2.

Autrement dit, l'offre de ventes de joueurs est nettement supérieure à la demande après des années d'inflation monstrueuse. Donc les prix sont à la baisse, ils dégringolent et les clubs, en outre, sont contraints de réduire leur masse salariale.

Dans ces conditions, l'AJA, PME par excellence productrice de joueurs, semble condamnée, sauf à trouver un nouveau modèle. D'autant que des centres de formation il y en a partout, désormais, en France, subventionnés par les collectivités. Bref, la recette gagnante d'un jour, qui inscrivit l'identité de l'AJA dans la pierre, ne l'est plus aujourd'hui.

 

"Sauver le club..."

 

Le président de l'AJA, Gérard Bourgoin, a défrayé la chronique locale (l'Yonne républicaine du 19 décembre) en affirmant que la situation financière de l'AJA était catastrophique et que sa priorité avant de penser au sportif, était de "sauver" le club. Reconstituer des fonds propres et trouver des solutions pour améliorer la trésorerie sont des impératifs urgents. "Personne ne se rend compte à quel point c'est grave..." affirme le président de l'AJA qui soutient que le sauvetage du club passe par une forme d'union dans l'Yonne par solidarité de l'ensemble du tissu économique et politique.

L'émission d'obligations à hauteur de 5 millions d'euros et l'ouverture du capital sont des pistes explorées qui ne se sont pas encore concrétisées. Les dirigeants ont entamé dernièrement des démarches auprès des collectivités régionale, départementale et communale pour lever 10 millions d'euros supplémentaires (elles viennent de donner 7,5 millions pour le nouveau centre de formation). Guy Férez, le maire d'Auxerre a dit "niet" à la socialisation des pertes. Que diront André Villiers, ami de Gérard Bourgoin et François Patriat que le président a eu longuement au téléphone ?

Le soir du dernier match de l'année à Clermont, sur l'antenne de France Bleu Auxerre, Gérard Bourgoin s'est voulu rassurant en expliquant que des pistes se précisaient. Une manière de calmer le jeu et de relativiser ses propres propos alarmistes ? Stratégie désepérée ou stratégie du "sauveur" ?

Mais comment le club modèle emblématique, en un peu plus d'un an, en est-il arrivé là ?

 

Vendre pendant le mercato

 

Gérard Bourgoin affirme avoir hérité d'une situation à laquelle le club ne pouvait faire face.  Et d'expliquer que l'AJA s'est lancée voilà 4 ans dans une politique salariale qu'il ne pouvait tenir... A ce sujet, AUXERRE TV a révélé que Laurent Fournier l'ex-entraîneur était toujours salarié du club. Peut-être une manière de ne pas lui servir ses indemnités de licenciement.

Les joueurs ont repris l'entraînement, mercredi dernier, et perdu 1-3 au stade Abbé-Deschamps, dimanche, en amical contre Orléans club de National. Samedi (14 heures) l'AJA reçoit Caen, troisième de Ligue 2 entraîné par l'ex-auxerrois Patrice Garande.

Le mercato est ouvert, jusqu'à la fin du mois de janvier. 7 joueurs de l'AJA sont libres de partir et de signer où ils veulent. Acapandié, Bourgeois, Kapo, Maeyens, Oliech, Sidibé, Sanogo, sont libres dès le 1er janvier car leur contrat se termine en juin.

7 autres gros salaires partiront en cas d'offre sérieuse : Coulibaly, Hengbart, Oliech, Sorin, Boly, Ntep, Julien... l'un ou l'autre d'entre eux peuvent partir en cas d'offre alléchante. Pour l'heure, aucune offre. Quelques contacts avec Parme pour Willi Boly mais rien de concret. Des émissaires de Parme sont attendus, jeudi, route de Vaux. Gérard Bourgoin estime que le marché est fermé et que si ça se débloque un peu, ce sera tout à la fin du mercato.

Auxerre est dans l'obligation de réduire sa masse salariale. L'AJA est à nouveau convoquée, au mois de février, devant la DNCG. D'ici là, la réception des travaux aura eu lieu sur le chantier du nouveau centre de formation qui devrait permettre au club de récupérer une bonne partie de la caution versée à la banque Oséo relais de financement du centre. Les salaires de février pourront ainsi être payés.

 

Guy Férez "très inquiet "

 

Le maire d'Auxerre et président de la Communauté d'agglomération a été interrogé lors des voeux à la presse, mercredi matin. Il a exprimé sa très vive inquiétude au regard de la situation actuelle et souligné qu'il appartenait aux dirigeants de redresser la situation, d'une manière ou d'une autre. Il a affirmé qu'on ne savait pas comment le club allait pouvoir repartir, la saison prochaine sur le plan financier, tant les déficits et les charges qui pèsent sur le club sont lourds et structurels. Le nouveau centre de formation va engendrer une charge supplémentaire de l'ordre de 4,5 à 6,5 millions d'euros par an. À condition qu'il ne devienne pas une friche avant d'avoir servi.

 

                                                                                                            P-J. G.