En bas de gauche à droite : Patrick Rigolet, Michel Auger et Olivier Lemaire (DR)

 

Les grandes manoeuvres visibles ont débuté à Auxerre.

À droite, le député UMP Guillaume Larrivé s'est payé une campagne d'affichage sur 500 panneaux dans toute la cité pour s'autopromouvoir en présentant ses voeux aux Auxerrois et leur proposer de "construire l'avenir ensemble". Il vient en outre d'entamer une tournée de permanences dans les quartiers d'Auxerre afin de se rapprocher des préoccupations des citoyens. La présidente de l'UMP de l'Yonne, Dominique Mary, sacrifiée aux dernières élections, joue profil (extrêmement) bas et passe la main avec dignité au nouveau jeune chef de file énarque de l'oppostion municipale.

À l'extrême droite, le frontiste Richard Jacob qui s'est frotté, oralement et physiquement sur le perron de la mairie aux homosexuels (ce qui le conduira à répondre de ses actes et propos devant le tribunal correctionnel au mois d'avril), a appelé à voter Guillaume Larrivé (UMP) pour la députation faisant fi de la consigne nationale du Front national. Cela suggère un rapprochement objectif en vue de prochaines échéances.

À gauche, au pouvoir, Guy Férez le maire, avec 7 élus centristes, poursuit l'application de son programme de transformation de la cité, celui sur lequel les Auxerrois l'ont élu. Après la réhabilitation urbaine et les quais entre autres, la place de l'Arquebuse. Le maire a accéléré quelque peu le tempo, prenant des libertés avec la concertation afin de porter vite et haut le projet, qui en soi, est un bon projet pour Auxerre. Reste à en régler les modalités d'aménagement fonctionnel et esthétique qui constituent, en effet, une pomme de discorde.

À gauche de la gauche social-démocrate, le Parti de gauche (qui forme le Front de gauche avec le Parti communiste et quelques associations altermondialistes) a décidé de créer un Cercle de réflexion dans l'Auxerrois, histoire de rappeler à Guy Férez que la gauche existe et qu'elle compte peser par ses propositions aux municipales de 2014. Décryptage et message : Guy Férez a intérêt à s'appuyer sur la gauche, la vraie, sans quoi il perdra les élections municipales et adieu le troisième mandat, d'autant que des hommes forts tels ses adjoints Jean-Paul Rousseau et Michel Morineau, des poids lourds, vont sans doute raccrocher, c'est sûr pour le premier.

Marc Picot, le bon et loyal directeur de cabinet de Guy Férez qu'il protège, semble avoir compris. Objectivement il assure ses arrières puisqu'il va émarger dorénavant au conseil général de l'Yonne, au titre du groupe socialiste, comme le prévoit la loi. Mise à l'écart ou promotion avec une perspective politique par exemple comme candidat au conseil général à la suite de Monique Hadrbolec  dans le canton d'Auxerre sud ? Marc Picot nous a fait savoir que le contrat avec le groupe d'élus ACSY du CG89 est à durée déterminée et finira en mars 2014, ce qui implique que ce n'est pas pour lui une position de repli. Et que par ailleurs il conserve son poste de directeur de cabinet du maire d'Auxerre.

 

Deuxième tour ?

À moins qu'il ce ne soit Guy Férez qui décide de succéder à Monique Hadrbolec au conseil général en cas de défaite aux municipales en 2014, en se portant candidat ? 

Rien n'est moins sûr, soutient Patrick Rigolet son adjoint et compagnon de route de longue date, qui estime que Guy Férez n'est jamais aussi fort que dans l'adversité. Il est capable de sortir de l'ombre des hommes et des femmes nouveaux et de qualité. Globalement son bilan est plus que positif, il n'y a pas un Auxerrois pour affirmer le contraire, admet le seul élu du parti de gauche.

La donne nationale comptera beaucoup. Pour l'heure, qui miserait un kopek sur François Hollande qui vient d'effectuer un looping stratosphérique en matière de politique d'austérité intérieure, déboussolant ceux qui croient en lui et la France ? Le «théorème de Hollande» s’est effondré, ruinant la promesse audacieuse du président d’une inversion rapide de la courbe du chômage. Tout est à rebâtir. Cela dit, celui qui peut prédire quelle sera la conjoncture au printemps 2014, est un fieffé menteur.

Et pendant ce temps là, le centriste (Modem) Pascal Henriat (et ses afficionados) qui s'est effacé de la vie politique locale non sans humilité, attend son heure.

À Auxerre, comme ailleurs souvent, une élection se joue au centre ce qui signifie à la marge, qui représente quelques pour cents décisifs, ceux qui font la différence au bout du compte.

Autrement dit, clairement, Patrick Rigolet et Michel Auger semblent donner rendez-vous à Guy Férez au deuxième tour, l'heure du choix et des vraies alliances.

Mais y aura-t-il un deuxième tour ? That is the question. Who knows ?

 

P-J. G.