Les actionnaires de la SAOS (société anonyme à objet sportif) qui gère la section professionnelle de l'AJA, ont reçu une convocation pour une assemblée extraordinaire prévue le vendredi 19 avril.

Les actionnaires ne sont pas à confondre avec les administrateurs de la SAOS AJA au nombre de 8.

Parmi les actionnaires citons Emile Martin, Henri Maupoil représentant l'actionnaire principal, l'association AJA, détentrice de plus de 95 % des parts dans la SAOS), Michel Parmentier, Michel Chauffournais, Gérard Bourgoin, Christophe Rémy, Christian Chevillard, Jean-Claude Hamel, Alain Dujon, Hervé Parmentier, Philippe Dupont, Laurent Bouché, Claude Laguillaumie... la plupart détenant une action réglementaire.

Qu'indique l'ordre du jour de la convocation ?

1/ La réduction du capital en intérgant une perte de l'année dernière de l'ordre de 1, 3 million..

2/ Le capital passerait ainsi de 4,666 millions à 3,339 millions d'euros.

3/ Une augmentation de capital de 5 millions d'euros par la création de 598 000 actions nouvelles.

Cette opération donnerait une majorité de plus de 60 % au détenteur des actions représentant les 5 millions d'euros injectés. Et du coup le contrôle de la SAOS. Cela signifierait aussi que le nouvel actionnaire dans la mesure où il serait unique, prendrait la présidence du club du patro. Aurait-il pour autant tout pouvoir ?

 

Composer

Ce qui est sûr c'est que le nouveau patron de l'AJA devra composer avec l'association AJA qui détiendrait encore près de 40 % des actions de la SAOS ainsi que la quasi totalité du patrimoine foncier et bâti de l'AJA.

En effet, en gros, la SAOS possède les joueurs (leur valeur) la marque AJA ainsi qu'une partie du stade Abbé-Deschamps qui est juridiquement découpé en "appartements". L'association de l'Ecole de Preuilly (centre de formation) et la Familiale (patrimoine foncier) chapeautant le reste du domaine AJA.

Voilà comment, techniquement, se présente le dossier.

Les "anciens" n'ont plus le choix. La situation financière de l'AJA sans être mauvaise structurellement (pas de dette ni emprunt, un exercice 2012-2013 à l'équilibre et un patrimoine de valeur dans la mesure où Auxerre joue dans une des deux divisions supérieures) est plombée par l'absence de trésorerie et de fonds propres qui ont été asséchés au fil des ans, par des charges salariales trop lourdes de 45 nouveaux joueurs, acquis en 5 ans, dont certains n'ont jamais joué ; et par le marasme économique qui bloque le marché des transferts, marché privilégié par l'AJA au cours des années passés par le vente avec plus-value de joueurs formés au club.

En un mot, l'AJA n'a pas su anticiper l'évolution de la formation et de son modèle économique, en prenant 5 à 7 ans de retard dans la construction d'un nouveau centre. Les querelles intestines entre fondateurs, dirigeants, cadres techniques, bien avant l'arrivée d'Alain Dujon, querelles apparues dès 2000, ont miné le terrain et détourné le club de son objet essentiel au dépens de l'intérêt général.

L'AJA est attendue par la DNCG (direction nationale de contrôle de gestion) à la mi-mai, moment où le dossier devra être déposé avant sentence fin mai. Mis en garde à plusieurs reprises, les dirigeants doivent trouver 5 millions de fonds propres, hors ventes de joueurs, sous peine de relégation en National.

 

Cadeau empoisonné ?

Voici le club du patro au pied du mur. Les bijoux de famille ne suffisent plus à assurer la bonne marche du club. Gérard Bourgoin a toujours affirmé depuis sa prise de pouvoir à la présidence de la SAOS, voilà deux ans, appellé en secours par Claude Laguillaumie et Guy Roux, que le problème de la succession ne se posait plus en terme d'hommes mais en terme de groupe financier et de capitaux extérieurs.

Le dispositif sera en place, vendredi prochain, si les actionnaires, dont nombre "d'anciens" récalcitrants la mort dans l'âme, décident la réduction du capital et l'augmentation par émission d'un paquet d'actions qui offrirait le pouvoir à un nouvel entrant.

Ce nouvel entrant pourrait être Guy Cotret avec le fond d'investissement qui l'accompagne, pour plus de 5 millions d'euros. Guy Cotret ancien membre du directoire de la Caisse nationale des caisses d'Epargne reconnaît étudier la question après avoir essuyé un échec pour racheter le club de Sedan relégable.

Mais les jeux ne sont pas faits. Ils ne sont d'ailleurs jamais faits avec l'AJA qui au fil des décennies, a offert parmi les plus beaux rebondissements sur le plan sportif.

Cotret est-il un appât ? Y aura-t-il de la surenchère ? Bref, un nouveau coup de théâtre ne se prépare-t-il pas ? Sachant que cette ouverture peut ressembler à un cadeau empoisonné dans la mesure où le nouveau patron ne possèdera rien sinon la SAOS et qu'il devra forcéme

nt composer avec l'association AJA minoritaire mais de poids.

Enfin, et ce n'est pas la moindre des choses, 5 millions cela ne suffit pas. Il en faut 5 de plus pour envisager la saison à venir car les charges sont encore trop lourdes en gros salaires et que de nouvelles apparaissent avec les frais de fonctionnement du nouveau centre de formation, évalués à 6 millions d'euros par an.

On observera, jusqu'à preuve du contraire, qu'aucun des dirigeants de l'AJA n'a mis la main à la poche pour remettre le navire à flot. On pense à Guy Roux, Jean-Claude Hamel, Gérard Bourgoin bien sûr mais aussi à Michel Chauffournais, Michel Parmentier et d'autres. Pourquoi ?

 

Pierre-Jules GAYE