Jean-Louis Scherrer était un enfant d'Auxerre et de l'Yonne.

Guy Roux, Jean-Pierre Soisson, Guy Férez, André Villiers, Alain Colas, Jean-Louis Scherrer, Isabelle Alonso, Pierre Tchernia, Jean Vautrin, Marc Meneau, Jean-Paul Rappeneau, Robin Renucci, Marie-Noël, Paul Bert... toutes ces personnalités ont en commun d’avoir étudié au lycée Jacques-Amyot, à Auxerre. À Jacam, comme on surnomme cette institution vieille de cinq siècles, quelques photos de classe témoignent de leur passage. Des photos que possède dans de vieux cartons Frédéric Gand, professeur d’histoire-géographie dans cet établissement.

PODCAST # 2398  La réaction Jean-Pierre SOISSON

 

 

Jean-Louis Scherrer a fait ses études au lycée Jacques-Amyot à Auxerre (DR)

 

Jean-Louis Scherrer avait d’abord suivi le Conservatoire, s’imaginant danseur professionnel, mais un accident l’avait empêché de faire carrière. Il s’est finalement illustré dans la mode, habillant les femmes les plus célèbres de ce monde, dont Jackie Kennedy, Michèle Morgan et Claudia Cardinale.

Né le 19 février 1935, ce fils d'un grand psychiatre de l'Yonne, Pierre Scherrer, s'adonne à sa passion, la danse, et intègre le Conservatoire national de Paris avant d'interrompre une prometteuse carrière à la suite d'un accident. Poussé par sa mère, il dessine de nombreux croquis de robes, se pique au jeu et assouvit, par le biais de la mode, sa quête de la parfaite beauté.

Diplômé de la Chambre syndicale de la couture et du prêt-à-porter, il rentre chez Christian Dior au milieu des années 1950. De son expérience avenue Montaigne, il confiait: «J'étais là pour apprendre (…). Une technique remarquable qui m'a servi toute ma vie.» À la mort du couturier, Scherrer poursuit son apprentissage aux côtés de son successeur, Yves Saint-Laurent avant de s'engager trois années aux côtés de Louis Féraud.

En 1962, de retour dans la capitale française après de longs voyages initiatiques au Japon, aux États-Unis et sur les plages d'Honolulu, il monte sa propre maison de couture, rue du Faubourg Saint-Honoré. Son premier défilé, dans une cave, rassemble le Tout-Paris et séduit tant les clientes que la presse.

En 1971, il ouvre une boutique au 51, avenue Montaigne. Consacré dans les années 1980 pour sa silhouette moderne, Scherrer habille une femme de goût avec la garantie d'adopter le chic de la Parisienne. On compte parmi ses clientes fidèles Claudia Cardinale, Paola de Belgique, la reine Noor de Jordanie, Farah Diba, Anne-Aymone Giscard d'Estaing.

En 1990, le groupe japonais Seibu et Hermès prennent une participation majoritaire dans le contrôle de la société Scherrer. Le couturier perd l'usage de son nom en 1992. Une première dans l'histoire de la mode. La maison Scherrer fermera définitivement ses portes en 2008.

Réactions

De Jean-Louis Scherrer, «je garde cette image d’opulence, d’élégance parisienne», dit Stéphane Rolland. Il se souvient de «la manière dont il métissait les cultures, dont il mélangeait l’orient et l’occident» et encore des mélanges de motifs panthère avec du prince de Galles.

«La marque avait une forte notoriété internationale, elle a énormément intéressé le Moyen-Orient», a dit  Didier Grumbach, président de la fédération française de la couture. «En couture, cela a toujours été un succès, il avait un très bon atelier».

Pierre Bergé, qui fut le compagnon d’Yves Saint Laurent, a rendu hommage à M. Scherrer sur Twitter. «Je l’aimais bien. Il venait de la haute couture. La vraie, celle d’hier. Un monde disparu. Il avait du talent».

Jean-Louis Scherrer est décédé jeudi matin, dans une clinique du XVème arrondissement. Il était «depuis dix mois à l’hôpital», a dit à l’AFP Guillaume Feugeas, son «employé depuis 14 ans». «Il est mort des suites d’une longue maladie. Son état s’était aggravé il y a quelques mois».

Mais cela faisait déjà environ vingt ans qu’il ne travaillait plus pour sa marque. En 1990, sa maison est passée sous la bannière du groupe japonais Seibu. Jean-Louis Scherrer a été licencié deux ans plus tard. Il a de nouveau exercé son activité en 1994, avant de renoncer en 1997.

En 2002, l’homme d’affaires Alain Duménil a repris la griffe Jean-Louis Scherrer, mais il a cessé l’activité du groupe en 2008 et a fermé la boutique de l’avenue Montaigne, décorée de la main de Jean-Louis Scherrer.

«Cela me fait comme un choc», avait confié le couturier. «L’époque a changé, je ne dis pas le contraire, mais il y a des maisons de couture qui survivent et le nom Scherrer était quand même un excellent nom».

La marque a été rachetée en 2011 par le groupe français JSB International.

Jean-Louis Scherrer, officier de la Légion d’honneur, était divorcé et le père de deux filles, dont Laetitia Scherrer, ex-mannequin. Avant de s'éteindre à Paris, Jean-Louis Scherrer s'était installé au Maroc, retrouvant un peu de ces parfums d'orient qui l'avaient inspiré à ses débuts.

Les obsèques auront lieu le 26 juin à 10h30, au crématorium du Père Lachaise à Paris.