Le long de la Voie royale, qui s’étend sur 10 kms et est composée de plusieurs avenues telles que Krakowskie PrzedmieÅ›cie, Ulica Nowy Åšwiat, Aleje Ujazdowskie et d’autres, on trouve beaucoup des magasins familiers des shoppers – Marks & Spencer, Starbucks Café, H&M… - , et les styles architecturaux très contrastés sont, au fond, un signe de vies multiples : les époques de l’histoire de Varsovie ont laissé leur trace et co-habitent. On a sauvé ce qui restait avec un évident désir de montrer que le monde change et change encore. On a du gothique, de la renaissance et renaissance tardive, du baroque et du rococo. Du néo-classique. Du réaliste socialiste, avec ses blocs lourds et dimensions monumentales. Le Palais de la culture et de la science (1952-1955), érigé sous Staline, n’est pas une réussite de l’extérieur mais a un côté très « New-Yorkais » à l’intérieur, avec des portes de bronze massives et des chandeliers imposants. On peut monter au sommet et voir toute la ville et plus encore car tout est plat.

 



 

Krakowskie PrzedmieÅ›cie - L'université et la statue de Copernic -  Photo AuxerreTV (D.R.)


Colonne de Sigismond, 1644 - Photo Auxerre TV (D.R.)

L'Université - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Nowy Åšwiat - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Réaliste socialiste - Photo AuxerreTV (DR.)

 Palais de la Culture et de la Science - Photo AuxerreTV (D.R.)


Et puis le moderne. Un somptueux moderne, audacieux et libre. La bibliothèque de l’université, œuvre de Marek BudzyÅ„ski,  est absolument magnifique, verre et  métal unis aux sortilèges végétaux dans une teinte vert de gris très douce et naturelle, le tout entouré d’un jardin merveilleux – conçu par Irena Bajerska -, qui monte jusque sur les toits, un des plus beaux jardins suspendus d’Europe, avec des charmilles, des montants métalliques étreints par des entrelacs nerveux et fleuris,  et des vues plongeantes vers les puits de verre formés par les salles en dessous. Le soleil qui taquine le verre rend l’ensemble différent selon son parcours et son humeur.

 

D’en haut on voit les rives de  la Vistule avec de petites plages et des herbes folles, les couleurs pastels de la vieille ville sur le ciel léger et les buildings modernes qui ne manquent jamais dans les villes européennes.

 

Bibliothèque de l'Université - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

 La bibliothèque universitaire - Photo AuxerreTV (D.R.)

Jardin de la bibliothèque universitaire - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Jardin de la bibliothèque universitaire - Photo AuxerreTV (D.R.)


Le Musée de la vie des Juifs de Pologne, inauguré en avril 2013, déconcerte  par une apparente froideur et rigidité externe – verre et forme massive – pour engloutir le visiteur dans l’exquise chaleur moelleuse d’un canyon de l’Arizona une fois à l’intérieur. Couleur tendre de sable, jeux du soleil sur les courbes douces des parois, on se sent maternellement protégés du monde et du temps. Le musée est tout de suite devenu un centre culturel important, avec projection de films, pièces de théâtre et nombreuses autres activités artistiques. Lors de la première d’une pièce de Michal Zadara à laquelle nous avons assisté (avec une traduction simultanée en anglais sur un panneau – pas vraiment idéal comme système) - , la foule était tout aussi sophistiquée – et même un rien de plus car bien plus originale, libre de conventions paralysantes – qu’à Paris ou New York : écrivains, metteurs en scène, joyeux invités, acteurs et nobodies se rencontraient un zakouski dans une main et un verre de vin dans l’autre. Il s’y trouvait même la remarquable Halina Szpilman, veuve de WÅ‚adysÅ‚aw Szpilman, « Le pianiste ».

 

 

Photo AuxerreTV (D.R.)

Musée de la vie des Juifs de Pologne - inérieur - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Activités culturelles très variées au Musée de la vie des Juifs de Pologne


Et puisque nous sommes au Musée de la vie des Juifs,  on ne peut éviter d’aborder le ghetto. Il a été créé le jour de la fête juive de Yom Kippour, le 12 octobre 1940. Il se trouvait au centre de la ville, entouré de 18 kms de mur hauts de plusieurs mètres et de barbelé.  En juin 1941 il contient 439.000 personnes. Un tramway réservé aux Polonais le traverse. C’est désormais pour les Juifs le seul regard vers un monde qui leur est interdit. L’insurrection qui commence le 19 avril 1943 sera avant tout le retour à la dignité : « My nie chcemy ratować życia. Å»aden z nas żywy z tego nie wyjdzie. My chcemy ratować ludzkÄ… godność » (Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d'ici. Nous voulons sauver la dignité humaine) - Arie Wilner (pseudo Jurek), soldat de la Å»OB.

 

 

 

Ulica Sienna, l'emplacement du mur - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

14 - 9 Ulica Prózna, un bloc de maisons du ghetto - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Plac KrasiÅ„skich 3 - Monument à l'insurrection de Varsovie - Photo AuxerreTV (D.R.)


Si célèbre qu’il soit, il n’en reste rien ou presque. Il a pratiquement disparu avec l’insurrection de mai 1943. Un bloc de maisons ça et là, quelques murs épars, le tracé des murs sur les trottoirs. Des cours intérieures à l’abandon qui ont trop mal pour libérer leur mémoire. Un couple de gnomes tristes qui se font face sur un seuil, à jamais choqués de ce qu’ils ont vu.

Ce nain fait face à un autre identique sur le seuil d'une des maisons du ghetto de Ulica Prózna - Photo AuxerreTV (D.R.)


C’est peut-être plus parlant d’ailleurs que de vraies ruines. Les âmes sont parties, libres et dignes, et ne reste qu’une sorte d’ébahissement et de honte devant ce vide, un vide empli de stupeur.

Un autre article d'AuxerreTV au sujet des camps et de l'extermination ...

 

  Suzanne DEJAER