L'entrée du nouveau service des urgences de l'hôpital d'Auxerre (DR)

VIDEO // Interview de Monique DUCHÉ-TAILLIEZ, médecin chef responsable du service des urgences du centre hospitalier d'Auxerre



 

Jusqu'ici, ce sont les urgentistes qui étaient chargés de trouver un lit aux patients qui avaient besoin d'une hospitalisation dans un autre service.

Un travail fastidieux qui leur prend beaucoup trop de temps. Ils ont donc décidé qu'ils ne le feraient plus. Ils ne chercheront plus les lits, c'est à leur administration de le faire.

Le mouvement n'est pas une grève, il n'entraînera aucune perturbation pour les patients, selon Monique Duché-Tailliez, chef du service des Urgences et du Samu d'Auxerre. Il s'agit simplement de mettre les directions des hôpitaux face à cette difficulté quotidienne.

Le personnel, déjà bien occupé, ne veut plus de cette tâche ingrate.

Samu-Urgences de France, auquel s'est associé le syndicat de médecins urgentistes Amuf, a lancé ce mouvement pour dénoncer cette situation.

Dans l'espoir d'obtenir une nouvelle organisation, des syndicats ont appelé, mardi, les médecins urgentistes à déléguer aux directions des hôpitaux le soin de trouver aux patients des lits d'hospitalisation, sans créer de perturbations à la mi-journée. Habituellement, ce sont les médecins urgentistes qui appellent les autres services hospitaliers (cardiologie, neurologie...) pour trouver un lit aux patients qui en ont besoin. Ces démarches peuvent s'avérer fastidieuses et longues, avant qu'une place ne se libère. C'est le principal motif d'engorgement des urgences, selon les syndicats, qui considèrent que l'attente sur un brancard est "délétère" pour le patient.

 

"Changement de culture"

Le mouvement, "enclenché pour durer", vise à "accélérer le changement de culture" au sein des hôpitaux, explique Marc Giroud, président de Samu-Urgences de France.. Il estime "impératif que se mette en place une nouvelle culture dans l'hôpital pour que les gens n'attendent plus des heures, des nuits sur un brancard". Un rapport sur la gestion des lits d'hospitalisation avait été remis fin septembre à la ministre de la Santé Marisol Touraine. La ministre avait alors indiqué que 162 établissements allaient bénéficier d'un dispositif prévoyant le déploiement sur trois ans de services chargés exclusivement de gérer les lits.

Cependant, les syndicats estiment que le gouvernement ne va pas assez loin et réclament la création de services qui gèrent les flux d'hospitalisation 24 heures sur 24. Selon Patrick Pelloux, de l'Amuf, le dispositif annoncé par Marisol Touraine revient à "essayer d'empêcher un tsunami avec une petite éponge". "Les urgences fonctionnent 24 heures sur 24 et on nous propose des personnes qui ne travaillent qu'aux heures de bureau", reproche-t-il. Les mesures avancées, "c'est trop peu, trop lent", abonde Marc Giroud. "La ministre s'est située dans le temps long, nous sommes dans le temps court, car l'hiver arrive", poursuit-il.

 

"Autisme"

Aujourd’hui, 300 postes de médecins urgentistes manquent à l’appel sur le territoire français, selon le Dr Syamak Agha Babaei. Un problème causé par «l’autisme» du ministère de la Santé, des Agences régionales de santé et des directions des hôpitaux, d’après l’Amuf et le syndicat Samu-Urgences de France.

«Le personnel ressent de plus en plus la pression, explique le praticien. En quatre ans, 80% du personnel se renouvelle chez les infirmiers urgentistes et en quatre mois, quatre praticiens sont partis à Strasbourg. Il faut se poser des questions !» Beaucoup se tournent vers le privé, qui offre de meilleurs conditions de travail et salaires

 

VIDEO // Le nouveau service des urgences à Auxerre