En outre les dernières décisions prises par le président de la SAOS AJA football Guy Cotret ne font pas l'unanimité, c'est le moins que l'on puisse dire.

Force est de constater que le club navigue à vue sans véritable stratégie, comme en atteste, par exemple, le contrat de Bernard Casoni qui n'est pas encore renouvelé. Le président Guy Cotret n'y serait pas favorable, et on ne sait pas pourquoi. Le coach Auxerrois serait d'ailleurs à la recherche d'un club pour la saison prochaine.

La stratégie, en fait, a consisté à dégraisser, à faire des économies dans tous les domaines, à réduire les frais et les charges. Un plan social a été mis en place en ce sens, la direction et la gestion des études au centre de formation a été confiée à une entreprise privée parisienne sous-traitante. Des joueurs ont été cédés et les recrues n'ont pas coûté un cent car seuls des joueurs libres sur le marché ont été enrôlés. Paradoxalement, cependant, les charges ont été augmentées au nouveau centre de formation : 10 voire 20 jeunes joueurs de plus accueillis et 4 entraîneurs supplémentaires. Bizarre en termes de cohérence.

 

Aux prud'hommes

Un certain nombre des 40 professeurs du centre de formation ont saisi les prud'hommes ainsi que des entraîneurs écartés du centre de formation, qui avaient fait leurs preuves, tels Gueirreirro le directeur-entraîneur, Henna, coach des U 19 champions de France, Vahirua etc. Si des accords sont en vue avec les profs, le tribunal des prud'hommes rendra son jugement le 13 janvier 2014 pour les entraîneurs. La partie qui s'estimera lésée, nul doute, fera appel de la décision.

Certes, on comprend bien l'équation de la Ligue 2 : moins de recettes donc il faut réduire les charges. Déjà ramené de 36 à 21,5 millions d'euros sous la dernière ère Bourgoin, puis de 21,5 à 17,5, cette saison sous l'ère du banquier Cotret, la réduction n'est pas suffisante en regard du montant annuel des recettes qui s'élèvent à 9 millions d'euros, hors ventes de joueurs. Il faut donc combler la différence. Comment ? Par la baisse des charges (les plus gros salaires ne sont pas partis), des licenciements, 7 étaient prévus qui ont été annulés compte tenu des résistances internes et compte tenu du fait que le total d'économies pesait peanuts en regard d'autres postes.

Par la vente de joueurs enfin. L'AJA a encaissé les fruits de bonus suite au transfert de Ndinga (Monaco puis Olympiakos), Traoré (lié au maintien de Lorient), Oliech (Ajaccio lié au maintien), et Hengbart gain net du salaire du joueur, ce qui représenterait environ 5 millions.

Il reste aussi que l'AJA a empoché au titre de la saison 2012-2013, près de 4,8 M€ de droits de télévision. L’AJ Auxerre est le cinquième club le mieux doté de Ligue 2. Le club du patro le doit notamment à ses nombreuses diffusions en match décalé et à la qualité de sa formation, qui comptent parmi les critères d'attribution des droits.

Selon la manière dont on calcule ou l'on présente les chiffres, il manquerait de 3 à 6 millions à l'AJA pour équilibrer la saison 2013-2014.

 

Il n'y a pas eu de miracle ...


En avril, un repreneur est arrivé en véritable sauveur du club du patro au passé prestigieux et au palmarès impressionnant, sans évoquer son savoir faire en matière de formation.

7 mois après le rachat du club par une société d'investissement sise au Luxembourg qui ne connaît rien au football, présentée en sauveur, l'AJA est revenue au point de départ. Comment assurer financièrement la fin de la saison (il manque 5 millions) et obtenir le feu vert de la Direction nationale de contrôle de gestion  (DNCG) ?

Comment expliquer, 7 mois plus tard la mise à l'écart de Fabrice Hérrault, le directeur général de la SAOS AJA football, que préside Guy Cotret, mandaté par PLP, filiale de Centuria Capital le holding Luxembourgeois présidé par Emmanuel Limido. Un Fabrice Hérrault qui a fait tout le boulot car Guy Cotret est rarement à Auxerre, soir de match oblige parfois ?

Certes, le big boss, Emmauel Limido qui avoue ne rien connaître au foot et suivre tout cela de loin, est venu, lundi à Auxerre. Ce qui en a étonné plus d'un.

Au menu l'après-midi, une réunion du comité d'entreprise où le nouvel organigramme a été présenté sans DG mais avec deux pôles qui vont s'autogérer comme dans le passé, le président en arbitre. Ensuite, le conseil d'administration de la SAOS AJA football s'est réuni pour approuver les comptes arrêtés et entendre le président Guy Cotret annoncer le retour de Baptiste Malherbe, qui était directeur général adjoint à Lorient, retour annoncé par AUXERRETV le 21 septembre. Et qui ne revient pas pour ne pas toucher un salaire.  Emmanuel Limido n'était pas au courant. Il en était resté à des vacations. Étonnant d'autant que le boss propriétaire du club est tenu au courant par son neveu Christophe Limido qui passe beaucoup de temps à l'AJA. C'est un homme sympathique, ancien basketteur au Canada reconverti dans le sponsoring.

Quel savoir-faire ?

Le propos du boss Emmanuel Limido, qui est monté en première ligne pour la première fois, surplantant Cotret et Hérrault après le match contre Caen dans les salons Europe du club, a été de rassurer tout le monde. Et d' expliquer adroitement, qu'il faisait venir Fabrice Hérrault auprès de lui à Paris pour monter les dossiers et le dépêcher dans les pays du Golfe et en Chine afin de trouver de nouveaux investisseurs pour l'AJA et vendre le savoir-faire du centre de formation. Car Emmanuel Limido, affirme ne pas souhaiter devoir vendre George Ntep au mercato d'hiver, pour boucher le trou financier.

On retiendra deux choses : 1/ À aucun moment, le boss du holding d'investissement luxembourgeois, n'a envisagé d'abonder au capital comme il en était question lors du rachat du club (5 M + 5 M), Tout le monde savait qu'il fallait au moins 10 millions pour continuer.

Le fait que Emmanuel Limido se tourne vers d'autres investisseurs à l'étranger signifie-t-il qu'il n'a pas le sou pour abonder ? Dans cette hypothèse pourquoi avoir racheté l'AJA, à bon compte il est vrai ? Pour le revendre avec une plus-value substantielle ? Il indique qu'il n'a jamais pensé vendre le club.

2/ Évoquer le savoir-faire du centre de formation de l'AJA est une pure vue de l'esprit et une escroquerie intellectuelle.

Il y a eu un savoir-faire AJA mais c'est du passé car les hommes qui ont construit ce savoir-faire ne sont plus là. En revanche, il y a un nouveau savoir-faire, qui lui n'a encore pas fait ses preuves. En conclusion, qui va miser sur le savoir-faire du centre de formation de l'AJA qui est plus un  slogan de communication qu'une formule de fond, sans faire injure aux éducateurs en place qui ont une belle carrière potentielle devant eux.

Si aucun investisseur ne signe en espèces sonnantes et trébuchantes, rapidement, que vont faire les dirigeants pour équilibrer les comptes ? Vendre Ntep en janvier pour 5 millions car 10 ça paraît quand même beaucoup par les temps qui courent et pour un jeune joueur dont la caractéristique principale est la vitesse mais qui a encore tout à apprendre, notamment pour sortir de son schéma stéréotypé et se bonifier sur le plan de la culture tactique.

 

Hérrault mis hors jeu

Et puis qui comme pied gauche pour remplacer Ntep dans l'hypothèse où il partirait ? Avec Mister George, l'AJA pointe entre la 10ème et la 16ème place. Qu'en sera-t-il sans lui sachant qu'il est buteur et meilleur passeur ? Il y a de bons jeunes au centre, il ne faudrait pas s'y méprendre, il y a même deux génies dont nous tairons le nom par respect. Mais leurs contrats ont-ils été prolongés et renouvellés ? À notre connaissance non... Pourquoi ?

On le voit, cela saute aux yeux : il existe une contradiction entre la politique économique et la politique sportive. Le problème c'est qu'on ne voit pas un homme capable de faire la synthèse.

Fabrice Hérrault et Guy Cotret n'étaient plus en phase, sur la politique de transfert, sur la politique de recrutement, sur la prolongation du contrat de Bernard Casoni - le seul au club à faire l'unanimité pour ses qualités intrinsèques, professionnelles et relationnelles.

Le plus fort a eu raison du plus petit. Qui a été mis hors jeu complètement, au point de ne plus pouvoir recevoir de mail qui concerne le club AJA. Guy Cotret a dit tout haut que Hérrault avait échoué en tout. Comme tout homme, il a des défauts mais il ne méritait peut-être pas ça, lui qui, tant bien que mal, commençait à entrer dans le costume et à apparaître comme le patron de l'AJA en l'absence du président. Au point de lui faire de l'ombre ?

Il semble que l'on soit condamné à croire en la bonne parole de Emmanuel Limido en espérant que Fabrice Hérrault se montre plus performant en Chine et dans les pays du golfe que route de Vaux, à Auxerre, dans l'Yonne en Bourgogne. Pour vendre le club, une fois que la SAOS XL AJA se sera débarrassée de l'actionnaire minoritaire (40 %), l'association AJA, propriétaire des terrains, du bâti centre de formation compris et de la marque AJA.

 

Pierre-Jules GAYE