L'incertitude qui pèse sur le renouvellement éventuel du contrat de Bernard Casoni comme entraîneur, depuis un mois et plus, pèse sur l'ambiance du groupe dans l'expectative et donc sur les performances de l'AJA car cette situation qui perdure et semble même s'envenimer, déstabilise le club et son environnement et a le don de piper les données en ouvrant le robinet à tous les fantasmes.

Le président Guy Cotret à qui nous avons fait part de ces inquiétudes, s'inscrit en faux, du moins en ce qui concerne les performances de l'AJA. Pour Guy Cotret, la défaite à Châteauroux, chez l'avant dernier au classement, n'est qu'un résultat parmi de nombreux autres depuis le début de la saison.

Le constat du président de l'AJA va au-delà. Il répète qu'il estime que ces résultats sont insuffisants et il attendait mieux du groupe, à ce stade de la compétition. Le rendez-vous de vendredi prochain, au stade Abbé-Deschamps, contre Istres, sera déjà le match de la peur car Auxerre ne compte pas beaucoup de points d'avance sur le premier relégable, sachant que Laval a fait match nul à Lens, samedi après-midi.

Comme nous lui faisons remarquer qu'une nouvelle défaite contre Istres à domicile ne condamnerait pas pour autant l'AJA et que tout peut aller très vite dans un sens ou dans l'autre en foot - il reste 16 matchs à jouer donc 48 points à prendre ou à perdre - le président Cotret convient que ce ne sont que péripéties et que l'AJA dispose de ressources qui ne demandent qu'à s'exprimer.

Le président admet que la situation de flou avec l'entraîneur n'est pas une bonne chose dans le contexte actuel et dit comprendre que cela peut nourrir des inquiétudes. Il dit avoir reçu une contre-proposition de son entraîneur en milieu de semaine. Et que le dossier serait bouclé mardi voire avant. Vendredi soir, Guy Cotret a manqué son premier match de l'AJA car il n'était pas à Châteauroux. Au même moment, il participait à une réunion à Paris en présence du propriétaire du club Emmanuel Limido et de son avocat conseil Jean-Luc Michaud, afin d'échanger sur les problèmes en cours. Une réunion au sommet, d'importance, donc. Après le déplacement en Bulgarie d'Emmanuel Limido en compagnie de Jean-Marc Nobilo, directeur du centre de formation de l'AJA, tous deux partis "vendre" la formation à l'auxerroise.

 

Raison garder

Guy Cotret (re) précise (il nous l'avait déjà dit et nous l'avons écrit Ndlr) que si Bernard Casoni devait quitter le club Jean-Marc Nobilo, directeur du centre de formation de l'AJA ne le remplacerait pas. Et le président de s'empresser d'ajouter que "la messe n'était pas dite concernant Casoni", contrairement à ce que pouvaient penser certains qui le voient non reconduit.

D'ici mardi, Guy Cotret doit rencontrer son entraîneur, et de l'entrevue dépendra l'issue, affirme-t-il.

Si nous avons bien compris, autant la proposition de Guy Cotret semblait inacceptable pour Bernard Casoni, autant la contre-proposition reçue par le président de l'AJA "n'est pas acceptable" par ce dernier.

"Nous devons raison garder et prendre du recul car les points de vue sont divergeants. Il peuvent se rapprocher...".

Guy Cotret se dit un tantinet exaspéré par la posture adoptée par l'entraîneur Ajaïste sur le recrutement dont il a décidé se tenir à l'écart voilà deux jours. Il dit ne pas comprendre car selon lui, Caso voulait un milieu de terrain ne voulant pas empiler des attaquants, avant de se raviser et réclamer, voilà trois jours, une pointe puissante, en l'occurence le néérlandais Sjoerd Ars, 29 ans, 1m83, buteur avant centre à Karsiyaka, division 2 turque. Salaire de 21 000 euros par mois non chargés, 200 000 euros d'indemnité de transfert et un bonus, telles étaient les conditions, que nous a communiqué le président Cotret pour qui l'opération était impossible.

Pourquoi ? Parce que l'AJA est en situation d'urgence financière (sic). Ce n'est pas parce que l'AJA a vendu Ntep que la situation a changé. Le club est toujours encadré par la DNCG (direction nationale du contrôle de gestion). À la case transfert, un chiffre : 0. Bref, interdiction est faite à l'AJA d'acheter un joueur. Et pas question d'alourdir la masse salariale encadrée elle aussi. La règle s'impose martèle le président. Le salaire de Ntep en moins .... n'apportait-il pas un peu de souplesse? Réponse du président : Ntep avait un salaire très modeste (pour un joueur de football Ndlr) car il avait signé un contrat Élite.

 

Les supporters inquiets

Quel est l'intérêt de se faire prêter le jeune Zana Allée (19 ans Rennes) et Allassane Pléa (OL) pour trois mois, alors qu'Auxerre n'a plus rien à jouer en championnat ? Quel intérêt de former les joueurs des autres clubs ? Quel message espère envoyer Guy Cotret aux jeunes du centre de formation qui tapaient à la porte de l'équipe première (les Berthier, Kilic et Gavory) ? La mise en valeur des "produits" du centre de formation n'était-elle pas censée être l'un des fondements de la nouvelle AJA ? Les supporters s'inquiètent très sérieusement.

Guy Cotret répond que l'AJA a quelque chose à jouer, à savoir assurer son maintien en ligue 2 car ce maintien n'est pas acquis. Ensuite il fait valoir les qualités reconnues des deux jeunes joueurs prêtés (Allée et Pléa) qui ont tous deux évolué en Ligue 1 et même en Europa League (3 matchs) pour l'un d'entre eux, avec Lyon. Il soutient que les observateurs sont unanimes sur les qualités des deux joueurs. Ainsi, Allée serait plus fort que Ngando ... Quoi qu'il en soit, comme ils sont prêtés, pas de coût pour l'AJA. La règle est ainsi respectée et Auxerre dispose de deux cordes supplémentaires à son arc.

Sur l'argument de la progression des jeunes du centre formés à Auxerre qui frappent à la porte, le président explique que les jeunes sont talentueux. Mais que Gavory, blessé, ne rejouera pas beaucoup cette saison. Guy Cotret indique qu'il va proposer, mercredi, un contrat professionnel à Grégoire Lefèbvre, 18 ans et une prolongation de contrat à Léon. Il rappelle aussi qu'il a fait signer son premier contrat pro voilà peu à Kilic, qui doit faire ses armes et progresser au plus haut niveau.

Non, la messe n'est pas dite... et il pourrait encore y avoir des surprises. Et pourquoi pas une équipe de l'AJA en reconstruction qui progresserait pendant ces matchs retour ? Et se montrerait plus compétitive avec ses jeunes qui s'aguerrissent ? Bernard Casoni intègre les jeunes et les fait évoluer dans une adaptation constante aux différents schémas de jeu. Il mise sur l'intelligence individuelle et collective. Sa méthode a fait ses preuves de manière éclatante à Évian-Thonon-Gaillard, à Bastia et à Marseille. L'homme tient son vestiaire. Il est respecté et apprécié. Il est règlo et fait ce qu'il dit. Il est apprécié par Guy Roux qui soutient qu'Auxerre a enfin un vrai entraîneur... Que demander de mieux ?

Et si Casoni, plus que jamais, était l'homme de la situation ? L'AJA a besoin de stabilité et de pouvoir, à nouveau, sereinement, s'inscrire dans la durée, ce qui a fait sa force, dans un climat de confiance, de respect mutuel et de bonne humeur. C'est ce que désirent les jeunes.

 

Pierre-Jules GAYE