Non, les Gaulois – ces Celtes ainsi nommés par les Romains - n’étaient pas des rustres hirsutes couverts d’oripeaux disparates, aux tresses emmêlées et moustaches raidies de la graisse du dernier cuissot de sanglier. Vercingétorixle roi des braves ! – provient de l’aristocratie et a reçu son enseignement des druides, vraisemblablement sous forme de poèmes et vers comme ça se passait alors. Il a du charisme, du sang-froid, sait ce qu’il veut et le faire comprendre. C’est un homme qui en impose, fils de Celtillos, chef des Arvernes mis à mort par les autres chefs et son propre entourage. Quant à quoi il ressemble … seules les pièces de monnaie frappées en son temps nous offrent l’image d’un homme déjà à l’heure de la mode romaine, glabre, aux cheveux bouclés, bien qu’on ne puisse écarter l’idée que le visage représente tout simplement … Apollon !

 

Une autre pièce de monnaie frappée en 48 A.C. à Rome pourrait le représenter prisonnier, parce qu’elle nous montre un homme visiblement usé et de type gaulois par sa coiffure en mèches, ses moustaches et barbiche, et surtout un bouclier gaulois derrière le profil, tandis que l’envers de la pièce montre un aurige gaulois. Finalement, à l’époque, Vercingétorix restait le symbole d’une grande victoire romaine, et le montrer ainsi vaincu était une excellente propagande, et une pratique fréquente.

 

A l’heure où César envahit la Gaule, il a 30 ans (ou moins même car César le décrit comme adulescens, ce qui le place avant la trentaine) et un grand projet : il veut unir les peuples de la Gaule. De gré ou de force, il les rassemble, les peuples de l’Ouest, les Sénons et les Parisii. Et le gré et la force lui assurent la place de chef du clan le plus puissant des Gaulois, celui avec lequel César use de moyens de séduction pour parfaire sa conquête, dans laquelle il est aidé par les collaborateurs/alliés gaulois.

 

Malgré les cadeaux et l’amitié prétendue, Vercingétorix, éclairé par de vrais dons de stratège et politicien, finit par savoir à quoi s’en tenir, rompt les liens amicaux, tournant le dos à César. Il est donc vu par certains comme un « traître » puisqu’il change son fusil d’épaule. Et il inflige des défaites fracassantes devant Gergovie et Bibracte, capitale des Eduens, à son ennemi César qui, en 52 A.C., écrase la cavalerie gauloise – les nobles -  à Dijon. C’est à Alésia (mais il y a controverse sur le lieu exact de la bataille depuis des années comme en témoigne cet article) que les 80.000 hommes du Roi des Braves se replient et résistent durement deux mois avant de capituler. Vercingétorix rend les armes à César avec panache, arrivant seul et sans blessures devant César, convaincu que les anciennes années d’amitié lui assureront la grâce. Sans un mot il s’agenouille devant César et lui presse les mains.

Gravure de Perot pour la statue - 1877

 

Mais César… est César. On est amical en terrain de conquête et souverain une fois conquérant.  Vercingétorix défilera, enchaîné comme un animal de foire, dans les rues de Rome où il sera emprisonné dans une cave voûtée. C’est là qu’il sera étranglé sept ans plus tard.

 

Le Vercingétorix de Bartholdi à Clermont-Ferrant

72 avant Jésus Christ – 26 septembre 46 avant Jésus Christ

 

                                                                                     Suzanne DEJAER