Olivier Moal, agriculteur dans la pays de Léon à Roskoff (DR)

 

Il y a des faits d'histoire et des témoignages qui font date. Et qui ne trompent pas.

Olivier Moal est agriculteur officiellement retraité à Roskoff dans le Finistère en Bretagne du nord.

Mais il travaille encore pour ses fils, l'exploitation, ce qui lui permet d'entretenir une passion jamais démentie pour le travail et la terre.  Son épouse aussi. Qui l'a accompagné tout au long d'une vie de dur labeur.

Vendredi matin, elle et lui juchés sur les tracteurs tractant des engins conçus ou adaptés par lui, étaient dans les champs à Kérestat sur la commune de Roskoff, occupés tout au long d'une longue journée sous la pluie battante, à couper des choux-fleurs. C'est qu'à 18 heures, tous les jours de l'année, il faut livrer à la coopérative du Léon dans ce croissant fertile appelé ceinture dorée car caressé par le doux Gulf Stream. Qui entretient une cacteraie sur l'île de Batz située à dix minutes en face du phare de Roskoff.

Après le boulot, Sylviane, s'est légèrement maquillée tout en finesse (pas besoin de fond de teint), pour aller chanter à la répétition de sa chorale à Saint-Pol-de-Léon. Elle, Saint-Politaine, de pure souche.

Olivier Moal et sa femme cutlivent tout au long de l'année, des choux-fleurs l'hiver, des salades, des échalotes, des oignons rosés doux et fins, d'appelation d'origine contrôlée de Roskoff, prisés des grands chefs cuisiniers, des productions limitées. Ils livrent tous les jours de l'année leur récolte à la coopérative.

 

Rencontre

Par hasard, nous avons rencontré ce couple détonnant. Des retraités oui, mais qui travaillent toujours aussi dur. Dans les champs dès l'aube qu'il pleuve ou qu'il vente, avec des machines, certes, pour semer et planter (20 000 salades à l'heure), mais surtout avec leurs mains et leurs jambes, courbés en deux, pour récolter, coupe oblige. Le soir ou le week end, le travail se poursuit dans l'atelier pour la fabrication d'outils spécifiques ou dans un des leurs trois gîtes qu'ils entretiennent et améliorent, chaque année.

Avec humilité et simplicité, sans fioritures, Olivier Moal a tenté d'expliquer la condition des agriculteurs Bretons, au bout de la terre, en Finistère, au bout du circuit. Là où "on vous fait payer des taxes pour arriver et puis d'autres pour repartir." Lui le patron, qui a démarré sans un sou sur une exploitation, ne craint pas de dire qu'il a défilé avec ses tracteurs, et a benné les échalotes par dizaines de milliers sur la route entre Saint-Pol-de-Léon et Morlaix il y a peu, bonnet rouge sur le crâne. Et fier de le porter.

"Vous ne pouvez pas comprendre... c'est impossible à expliquer.... d'un mot on nous paye le kilo d'échalotes 0,5 cent et 250 grammes sont vendus 2,80 euros au consommateur. Sans compter les contrôles du fisc. Mon exploitation a été contrôlée cinq fois cette année, je ne comprends toujours pas pourquoi. J'ai eu beau dire la troisième fois aux agents, pourquoi ne controlez vous pas ailleurs puisque vous avez déjà contrôlé trois fois chez moi, ... qu'espérez-vous trouver ...?"

Olivier Moal est un passionné et un manuel. Un homme simple, de vraie parole, un homme vrai. Il fabrique lui-même ses outils, du moins ceux dont il a besoin pour son exploitation. Il invente. Pour améliorer les choses, dans le bon sens. "Les gens n'imaginent pas les efforts consentis par les agriculteurs pour utiliser moins d'intrans, de pesticides et autres produits nocifs....mais on continue de leur tomber dessus comme si nous étions des pestiférés... ".

"Dans un autre registre, Auxerre, les Auxerrois et Jean-Pierre Soisson qui aimait venir au lieu dit Kérestat à Roskoff, nous ont tiré une épine du pied..."

"Nous n'oublions pas cette solidarité..." 

Outing breton qui veut tout dire et en dit long.


P-J. G.

 


 

1978, le naufrage de l'Amoko Cadiz ... On ne voyait plus les vagues, la chape de pétrole était tellement lourde qu'elle couvrait le mouvement de la mer (DR)

 



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(*) Pris en pleine tempête, personne ne peut empêcher l'Amoko Cadiz, le pétrolier libérien de s’éventrer au Nord de la Bretagne.
230 000 tonnes de pétrole léger se déversent souillant 300 km de côtes.
La France n’obtiendra que 9 millions d’euros de réparations alors que les dégâts seuls ont été évalués à 534 millions d’euros.