C'est au tour des fabricants de produits laitiers pour les marques de distributeur d’être sanctionnés par l’Autorité de la concurrence. De lourdes amendes ont été prononcées à l’encontre de 11 sociétés. La décision rendue, jeudi, par l’organe de régulation décrit les coulisses de ce «cartel du yaourt» qui a sévi de 2006 à 2012.

Onze fabricants de produits laitiers frais, dont Senagral (Senoble), dont le siège est basé dans l'Yonne, à Jouy, Novandis (Andros), Lactalis, ont été condamnés à des amendes d'un montant total de 192,7 millions d'euros pour une entente sur les prix et les appels d'offres sur les marques distributeurs.

Quatre leaders du secteur composaient le noyau dur du cartel : Yoplait, Novandie (Andros), Lactalis et Senagral (Senoble), autour desquels gravitaient sept autres sociétés moins connues du grand public, dont Laiteries H. Triballat (Rians) et Yeo Frais (groupe 3A).

Lors de ces réunions, les représentants des sociétés se mettaient d’accord sur la marche à suivre lors des appels d’offres des distributeurs, qui leur commandaient des produits laitiers frais pour leur marque propre. Le cartel fixait des hausses de prix et préparait des arguments pour les justifier aux clients. Les entreprises élaboraient des tactiques pour se répartir les volumes de commandes, avec un pacte de non-agression. Au total, 18 appels d’offres ont été manipulés de la sorte, affirme Minute.fr.

Un représentant de Yoplait consignait toutes les décisions prises lors de ces réunions dans un carnet de bord secret. Il s'agit de l’une des principales pièces de l’instruction. Les membres du cartel utilisaient des téléphones portables secrets.

En dénonçant le cartel auquel il appartenait, Yoplait a pu bénéficier d’un avis de clémence prévu par la loi qui l'a exempté de toute sanction financière. La société a remis le fameux «carnet secret» aux enquêteurs. Cette décision faisait suite à l’arrivée du groupe américain General Mills qui est devenu l’actionnaire majoritaire de Yoplait en mars 2011.

Senagral a également déposé une demande de clémence qu’il a obtenue en fournissant des éléments permettant de faire avancer l’enquête, avec à la clé une réduction de 35% de son amende.