La piste de l'aérodrome d'Auxerre-Branches est fermée depuis le 21 juillet en raison de son usure et de sa dangerosité estimées. Des travaux de réfection sont prévus à partir du 15 septembre pour une enveloppe de 1,8 millions d'euros, pas encore totalement financée (DR)

 

"Mardi 21 juillet 2015, la Chambre de commerce et de l'industrie (CCI) annonçait sa décision de fermer l'aérodrome d'Auxerre-Branches. Selon elle, la piste d’atterrissage serait trop fortement endommagée pour assurer la sécurité du trafic. Du côté du Syndicat mixte de l’aérodrome, cette décision suscite l’incompréhension.

"Le calendrier de réfection de la piste (1), prévoyant le début des travaux le 15 juillet, n’a pu être respecté en raison d’un retard dans le vote des crédits de financement. Si la Communauté de l’Auxerrois les a votés lors du conseil communautaire du 17 juin, ça n’a pas été le cas de la Région et du Département, qui les ont inscrits à l’ordre du jour de leur propre assemblée prévue respectivement les 11 et 14 septembre prochains. Les travaux, estimés à 1,8 millions d’Euros, commenceront donc le 15 septembre (l'enveloppe n'inclut pas la refonte totale du système d'assainissement - une mini-station d'épuration est nécessaire - non plus que la dépollution des remblais accumulés entre le hangar nord et le ru de Pisse-Boeuf qui amène du plomb par infiltration dans la nappe dans l'aire natura en bout de piste NDLR), indique l'argumentaire du dossier de presse transmis, lundi matin, par le propriétaire de l'aérodrome, le Syndicat mixte présidé par Gérard Dellille, maire de Charbuy, un syndicat composé de représentants de la Communauté d'agglomération de l'Auxerrois, du conseil général et du conseil régional.

"Mécontent de ce report et inquiet quant à l'état de dégradation de la piste, Sébastien Vallet, directeur général de la CCI, décide la fermeture, au risque de perturber l’activité des entreprises présentes sur la plateforme."

Ce texte comporte une erreur : le conseil départemental de l'Yonne a bien voté les crédits prévus dans le plan de financement, en autorisation de programmes lors de sa session de printemps. Le conseil les a cependant subordonnés au vote favorable du conseil régional de Bourgogne qui doit se réunir pour statuer à la mi-septembre, lors de la session de rentrée.


Une fermeture contestée


"Les travaux de réfection de la piste ont été décidés en raison de son faible indice de sécurité, relevé en 2014 par le centre d’étude et d’expertise Cerema. A l’époque, l’indice global est à 34 sur une échelle allant de 0 à 100, soit « mauvais ». A titre indicatif, l’indice 10 renvoie à un équipement hors service qui nécessite une fermeture sans appel,
poursuit l'argumentaire.

"Suite au report des travaux d’un mois et demi, la CCI a jugé la « prise de risque » trop importante. C’est pourquoi, dès l’annonce de fermeture de l’aérodrome, le Syndicat mixte a commandé une nouvelle étude sur la sécurité de la piste auprès de Cerema, un an seulement après la dernière en date. Objectif : vérifier ou contredire les suppositions de la CCI selon lesquelles la piste se serait dégradée en l’espace d’une année, passant au-dessous du seuil de 30. Le rapport rendu par Cerema, organisme accrédité par la Direction générale de l’aviation civile, a fait état d’un indice de service global à 32, confirmé par le Cabinet missionné par la CCI.

"Au vu des résultats, le Syndicat mixte de l’aérodrome d’Auxerre – Branches demande à son délégataire, la CCI, la réouverture immédiate de la piste au trafic aérien. Un courrier du Syndicat, adressé à la CCI le lundi 10 août, fait état de la demande d’un NOTAM (Notice to Airmen – Message aux navigants aériens) pour la réouverture.

Aujourd’hui, la CCI maintient la fermeture jusqu’au début des travaux en septembre, par principe de précaution. Un comble tant il est constaté que la CCI porte une grosse part de responsabilité dans la détérioration de la piste." souligne encore l'argumentaire.

" Une maintenance insuffisante..."


"D’après une étude réalisée en 2014 par la société de conseil CEIS, spécialisée en stratégie de développement économique, les équipements et infrastructures de l’aérodrome sont très dégradés faute d’une maintenance continue. Il a été constaté que l’exploitant, la CCI, n’a pas assuré ses obligations d’alerte vis-à-vis du syndicat mixte sur les actions à engager. Pour exemple, les fissures apparentes sur la piste, où l’herbe s’infiltre, sont parfaitement visibles. Elles auraient dû être traitées. D’après l’expertise, une maintenance suivie aurait permis de limiter le coût de la remise à niveau de la plateforme.

" La nouvelle délégation de service public pour l’exploitation de l’aérodrome prendra effet le 5 février 2016. Celle de 2007, trop peu contraignante, a engendré une gestion a minima de la plateforme. Un mode de gestion plus rigoureux sera alors mis en place avec le futur délégataire."

Clairement, la CCI de l'Yonne gestionnaire historique de l'aérodrome, avait annoncé qu'elle ne soumissionnerait pas pour candidater à nouveau à une nouvelle délégation.

Au-delà de l'aspect politique de ce dossier qui embarasse tout le monde, il semble utile de préciser que deux sociétés parfaitement agréées par la direction de l'aviation civile en France ont effectué une expertise de l'usure et dégradation de la piste, l'une (CEREMA) pour le compte du syndicat mixte propriétaire, l'autre, (Rincent BTP Services) pour le compte de la CCI de l'Yonne. La méthodologie utilisée est la même sauf que la présentation des conclusions est différente.

 

Demande de réouverture immédiate de la piste

 

Ainsi, la présentation donnée dans l'argumentaire du syndicat mixte, fait état d'un coefficient d'usure de 34 (sur 100), qui est une moyenne de l'état de l'ensemble de la piste, celle-ci ayant fait l'objet d'un maillage.

En revanche, l'étude sur laquelle la CCI a fondé sa décision de maintenir la fermeture jusqu'au début des travaux de réfection prévus à partir du 15 septembre, découpe la piste en trois parties auxquelles elle accorde une note moyenne pour chacune. Il se trouve que la partie la plus abîmée (coefficient nettement en-dessous de 30) est celle de l'accès à la piste, au bout du "taxi way" (une seule voie). C'est sur ce point que la CCI s'est fondée sans hésiter, sachant que c'est elle qui assume la responsabilité de la sécurité du trafic et personne d'autre.

Enfin, plus fondamentalement peut-être, et par-delà les arguties des uns et des autres dans une situation objective  de crise, il faut bien constater qu'à force de différer le début des travaux initialement prévus en février 2012, puis à l'automne 2014, puis à partir du 15 juillet 2015, avant d'être reportés à la mi-septembre, la situation s'est aggravée dans les esprits et d'aucuns se sont retrouvés dos au mur. Un an de gagné sur les travaux de cet ordre, c'est une bouffée d'oxygène pour des collectivités étranglées par la baisse continue des dotations d'État et la remise en cause longtemps floue des compétences des collectivités territoriales.

Il reste que par-delà les arguties et le rejet de la faute sur l'un ou l'autre, cela ne fait pas avancer le schmilblick. Il faut savoir si cet aérodrome est utile et nécessaire et ce qu'on veut en faire pour qu'il devienne un levier objectif de développement économique dans l'Yonne. La proximité de Paris, la mobilité croissante, le développement du train qui dessert la capitale, sont des éléments dont les responsables peuvent tenir compte.

Bizarrement, on reste sur la désagréable impression qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion et que le pilote automatique va droit dans le mur.

Mardi matin, le propriétaire le syndicat mixte que préside Gérard Dellille, maire de Charbuy et vice-président du la Communauté d'agglomération de l'Auxerrois, demandera la réouverture immédiate de la piste en prenant les Icaunais à témoin par l'intermédiaire de la presse convoquée pour la circonstance.

Seront également présents, le président de la Communauté d'agglomération de l'Auxerrois Guy Férez, dont ce sera la rentrée politique, ainsi que Maurice Pianon, vice-président du Syndicat mixte et vice-président du conseil départemental de l'Yonne.

 

Pierre-Jules GAYE

 

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(1) La réfection de la piste comprend le revêtement et non la structure

 

 

L' implication financière du syndicat mixte


Principaux travaux ou études réalisés depuis 2007, date du transfert de l’aérodrome au Syndicat de gestion actuel (Communauté de l’Auxerrois, Conseil général de l’Yonne et Conseil régional de Bourgogne).

2007 / 55 000 € :  Travaux divers, étude de pré-faisabilité d’un parc d’activité.
2008 / 55 000 € :  Diagnostic de la piste et établissement d’un Plan pluriannuel d’investissements (PPI).
2009 / 135 000 € :  Remplacement du matériel d’approche, travaux divers, participation à la mise aux normes de la station d’avitaillement.
2010 / 8 000 € :  Travaux sur pavillons.

2011 / 56 000 € :  Modification du hangar du véhicule pompier, réfection du secteur 19 de la piste, des parkings avion et du système d’assainissement, mise aux normes du taxiway.
2012 / 224 000 € :  Mise aux normes du restaurant, des hangars. Installation d’un onduleur pour le balisage de la piste.
2013 / 115 000 € :  Remplacement de la station météo et d’une partie de la clôture.
2014 / 76 000 €  : Etude de positionnement stratégique, étude d’impact, travaux divers.
2015 / 1,8 million d’€  Réfection de la piste et des parkings avions

Réfection du système d’assainissement prévue en 2016.