L'espèce de lynchage public ou ce qui y ressemble à s'y méprendre, dont est l'objet Jean-Luc Vannuchi, entraîneur de l'AJA, est lamentable car déraisonnable et injuste.

10 matchs de rang sans victoire, pas de fond de jeu, il laisse filer Haller aujourd'hui courtisé par la Premier league et maintient envers et contre tout Diarra, il barre Castalletto espoir du club, il punit Aguilar publiquement et ne le réhabilite pas aussitôt.

Pas de victoire encore cette saison alors que l'objectif annoncé par le club est la première place et la montée en Ligue 1, 2 petits points tout en bas du classement et un déplacement, vendredi à Tours, qui ne sent pas bon.

Et par dessus le marché voici les spéculations sur les conséquences de l'expulsion du coach dans la foulée de celle du gardien Zaccharie Boucher (24è) lors du match contre Laval. Ce cocktail détonnant suffit à déclencher les foudres des passionnés notamment sur les réseaux sociaux.

Ainsi Jean-Luc Vannuchi encourerait, théoriquement, une suspension d'un an (*), pour avoir involontairement heurté indirectement par le truchement d'une porte, le quatrième arbitre au retour aux vestiaires à l'issue du match. Et si l'arbitre avait annoncé qu'il excluerait JLV?

Vannuchi comparaîtra, dès jeudi, devant la commission de discipline de la Ligue professionnelle. Une procédure accélérée.

Et d'aucuns d'en profiter et de trancher en appelant le président Guy Cotret à licencier le coach et à le remplacer soit par Nobilo soit par Hantz, soit par Antonnetti soit par le duo Fiard-Radet. Et tutti quanti. Et pourquoi pas par le Mou ? Comprenez Mourhino le Portugais, meilleur entraîneur du monde ... qui, au fait, se prend des valises en ce début de championnat avec Chelsea.

D'un mot, Vannuchi n'est finalement pas bon. Preuves à l'appui. Donc il faut en profiter et trancher dans le vif au plus tôt à la faveur de ces circonstances "idéales".

Il est vrai qu'à l'AJA, depuis la présidence de Gérard Bourgoin, la valse des entraîneurs a pris le pli sur la tradition de longévité d'un Guy Roux bâtisseur qui apparaît comme Mathusalem. Fournier puis Wallemme puis Casoni en quelques mois : l'objectif de la remontée proclamée s'étant retourné en sauve-qui-peut pour éviter la relégation promise en National, tant sur le terrain sportif que dans les livres de compte.

La société évolue et les mentalités comme l'arrivée des femmes sur les terrains et dans les tribunes. Les exigences des supporters souvent plus consommateurs de spectacle que véritables connaisseurs supporters de leur équipe et de leur ville, ont pris des proportions incroyables. Aujourd'hui, une association de supporters peut faire la pluie et le beau temps, voire obtenir la tête d'un président. Ou d'un entraîneur.

Alors oui, c'est vrai, Vannuchi n'est sans doute pas le meilleur entraîneur de la planète voire même du championnat de Ligue 2.

Oui, il est est sans doute très moyen, à l'image de ses joueurs de Ligue 2 dans la mesure où ils ont le niveau. 

Oui, il n'a jamais rien gagné, comme Cotret et beaucoup d'autres.

Oui, il a sauvé l'AJA de la rélégation voilà à peine un peu plus d'un an grâce à Pléa à Arles-Avignon, notamment.

Oui, il a repris l'AJA avec pas moins de 14 joueurs nouveaux la saison dernière.

Eh oui, il a amené l'AJA aux portes de l'espoir d'une accession en L1.

Et en finale de la Coupe de France. Contre le PSG Qatari. Perdue 1-0.

Cette saison, on divise par deux. Vannuchi remet sur le métier. Avec une équipe réduite de moitié et de nouvelles recrues.

Reconstruire. Recommencer. Reconstruire toujours. Avec des supporters et d'autres, qui veulent des résultats tout de suite...

Jean-Luc Vannuchi est l'entraîneur de l'AJ Auxerroise.

Ce n'est pas rien.

Roux (Guy), fut quelques fois en difficulté extrême. Dans ces cas de figures, Jean-Claude Hamel, allait en douce (il n'avait pas le droit ...) dans son bureau désert voire déserté (hé oui et pour cause...). Et lui proposait une prolongation de son contrat, en le revalorisant.

Oui, Jean-Luc Vannuchi est l'entraîneur de l'AJA. Jusqu'à preuve du contraire. Qui va le revaloriser ? Et lui donner du temps. Lui laisser du temps.

Qu'il soit dans les tribunes ou sur le banc n'a pas une très grande importance.

 

Pierre-Jules GAYE

 

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(*) La commission de discipline de la LFP va, comme prévu, étudier le cas de l’entraîneur auxerrois, jeudi 30 août, en urgence. La sanction éventuelle doit tomber jeudi soir. Vannuchi est accusé de « comportement violent envers un officiel », pour s’être défoulé sur une double-porte vitrée après la défaite 3-2 de l’AJA contre Laval. Manque de chance, le 4e arbitre, Pierre Lixon, a été touché au dos. L'incident a été noté sur le rapport de l’homme en noir Hakim Ben el Hadj.


M/À/J

VANNUCHI SUSPENDU À TITRE CONSERVATOIRE

 

Le communiqué de la Commission de discipline de la Ligue de football professionnel, publié jeudi soir

 

"Exclusion et comportement violent de Jean-Luc Vannuchi, entraîneur de l’AJ Auxerre lors du match contre Laval. En raison de la gravité des faits, la Commission de discipline de la LFP, réunie jeudi soir, a décidé de placer le dossier en instruction, de suspendre Jean-Luc Vannuchi à titre conservatoire à compter du vendredi 21 août, et de le convoquer à une date restant à fixer."

Jean-Luc Vannuchi ne peut donc plus s'asseoir sur le banc de touche et doit suivre les matchs en tribune, jusqu'à ce qu'il soit jugé, à une date qui reste à déterminer. L'instruction du dossier est ouverte. Jean-Luc Vannuchi s'est attaché les services de Maître Bertrand, avocat spécialiste du football.

C'est lui qui avait défendu Léonardo au PSG : ce dernier avait bousculé d'un coup déépaule l'arbitre en rentrant aux vestiaires sous les caméras de Canal Plus. Après avoir été lourdement condamné par la Commission de discipline, Léonardo a été réhabilité ensuite en appel et la sanction annulée.

Boucher écope de deux matchs dont un avec sursis. Habran le Lavallois, coupable d'une faute sur Seck a écopé de deux matchs fermes.