Guy Cotret, président de l'AJA et président de l'UCPF, union des clubs professionnels de football, le syndicat historique, déserté par les gros clubs qui en ont créé un autre "Premier Ligue" voilà trois semaines, pour rafler la mise des droits télé (DR)

 

Le cabinet d'expertise indépendant choisi par les deux parties et leurs avocats conseils de sociétés internationales (un moyen de régler le litige sans passer par les tribunaux), comme arbitre dans le conflit qui opposait les deux actionnaires de la SAOS AJA professionnelle ; a rendu sa copie dernièrement.

L'arbitrage est favorable à l'association AJA. Son président Michel Parmentier ne devra donc pas verser la somme de 5,5 millions d'euros que lui réclamait le président de l'AJA Guy Cotret..

 

L'engagement de Cotret

 

Ce n'est donc pas du côté de l'association AJA que Guy Cotret trouvera des fonds dont il a besoin pour pérenniser l'AJA et gérer au mieux ses intérêts. Le problème de l'équilibre des comptes demeure plus que jamais entier du fait du déficit structurel lié au centre de formation, de l'ordre de 4 à 5 millions, chaque année. La vente de jeunes talents en devenir du club n'est pas assurée d'avance, le marché et les talents éventuels étant ce qu'ils sont.

C'est dans cette logique qu'il faut regarder l'implication de Guy Cotret dans les instances supérieures du football en raison du conflit majeur dans la famille du foot professionnel. D'un mot les "gros" menés par le président Lyonnais Jean-Michel Aulas, veulent constituer une Premier ligue réservée aux clubs pros de Ligue 1 afin de les sécuriser en leur donnant la plus grosse part du gâteau des droits télévision dont les clubs dépendent. Le ratio actuel est en gros de 80% des recettes pour la Ligue 1 et de 20% pour la Ligue 2.

Dans ce cadre, l'AJA perçoit en gros 4,5 millions d'euros par an (sur un budget de 13 millions) sans compter les recettes liées aux différentes coupes. Si ce montant venait à diminuer, ce serait dramatique financièrement pour l'AJA car cela aggraverait le déficit structurel, sans doute de manière irréversible et pourrait signifier la fin du club version professionnelle.

Le combat de Cotret est donc vital et c'est cette responsabilité première qui le meut.

Le gestionnaire, pour ne pas écrire ancien banquier, a assaini, à quel prix, mais de manière essentielle, les comptes du club. Au point d'avoir dégagé suffisamment de trésorerie (hé oui) pour boucler l'exercice en cours dans de bonnes conditions et sans doute aussi le suivant. Alors que voilà quelques mois, l'actionnaire principal indiquait qu'il y avait le feu.

Connaissant un peu l'homme, critiqué pour sa gestion de l'inter-saison, discret, en retrait, cynique parfois, seul souvent, déconcertant aussi, lunaire mais attachant quelque part, on est en droit de penser que ce combat, il le mènera à bien et jusqu'au bout. Juriste de formation, entouré par les juristes de la fédération française de football, il a décidé de porter le conflit devant les tribunaux.

 

 Le pari pour l'honneur

 

Après une première victoire-répit provisoire en référé sur la question des relégations et montées  (3) qui avait mis le feu aux poudres, il faut espérer que la famille du football professionnel se reconstitue, bref, que le nouveau syndicat créé par Aulas revienne (*) au bercail (au syndicat historique) en toute raison et occupe le siège qui lui est statutairement dévolu au sein de la Ligue professionnelle. Cela paraît être la voie de la sagesse, une voie qu'Aulas est tout à fait capable d'entendre et de négocier en tout cas. Guy Cotret mise la-dessus et fait ce pari.

Alors, si tout se passe raisonnablement, il laissera la présidence, dont personne ne voulait, à un président de Ligue 1 rentré à la maison. Cela devrait être réglé dans l'année.

D'aucuns peuvent reprocher beaucoup de choses à Guy Cotret. Mais sur ce coup là, n'incarne-t-il pas aussi, l'honneur du foot français et l'honneur de l'AJA ?


Pierre-Jules GAYE

 

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(*) Les membres de l'UCPF (union des clubs professionnels de football présidée depuis peu par Guy Cotret, le syndicat historique qui regroupait tous les clibs de L1, L2 et de National à statut pro) ont pris la décision de contester en justice la décision de la LPF (ligue professionnelle de football professionnel) de changer de syndicat représentatif des clubs au sein de son conseil d'administration, ce qui provoque une situation ubuesque.

(*) Le syndicat récemment créé Premier Ligue, regroupant les clubs de Ligue 1 à l'exception de Guingamp, qui ont fait scission récemment avec l'UCPF, est devenu aux yeux de Frédéric Thiriez président de la LPF le seul organisme représentatif des clubs pros au CA de la LPF ligue professionnelle de football. Or ce syndicat a à peine trois semaines d'existence.

 

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