Ne pas voter, c’est tenir la porte grande ouverte à qui, pourtant, s’était armé de son bélier, et a pu le déposer dans l’herbe en riant de l’aubaine. Car au fond, c’est si simple : ne se présentent que ceux dont la peur a été brassée, épicée, hypnotisant leur esprit dans ce qu’ils pensent être “un instinct de survie”. Les autres ont dit “oh, les résultats ne sont jamais, de toute façon, ce que nous voulions. Les promesses sont rompues, les bonnes intentions se meurent pour faire des allégeances dont nous ne voulions pas, aussi… pourquoi se donner le mal de voter?

Ils ont passé la journée en acceptant l’idée que leur voix ne vaut rien, que leur existence n’a aucun poids, qu’essayer et être déçu est une bonne justification pour ne plus essayer. Ils ont décidé qu’il n’y avait pas d’espoir, et dit “qu’ils se débrouillent…”. Ils ont fait ce qu’ils disent à leurs enfants de ne pas faire : abandonner.

À une époque qui pourtant prône l’égo sous tous les mantras possibles, ici on a eu le baisser de bras de gens qui ont décidé… qu’ils étaient inutiles, et à Dieu vat ! Un suicide ou un assassinat. En tout cas… une inertie qui tombe à pic pour ceux qui, au contraire, inondés des craintes dans lesquelles on les a immergés, n’ont pas eu à se forcer un passage…

Il n’est pas trop tard pour, tout simplement, donner son opinion. Qu’on en fasse bon usage ou pas, mais au moins… on aura mis sa couleur. Et on sera plusieurs. Et plus encore. Et si ça n’avait que le seul mérite de dire qu’on est là aussi… ce serait beaucoup.

 

                                       Suzanne DEJAER