"Chers collègues, mesdames et messieurs,

"Je m’adresse à vous avec émotion.

Je pense à mes parents qui ne sont plus là – à tous ceux et toutes celles, dont beaucoup sont présents ici, qui, comme Paulette Guinchard, m’ont donné le goût de l’engagement public par la force de leurs convictions et de leur exemple.

Je pense aussi à tous ceux qui nous ont précédés dans l’Assemblée régionale : Edgar Faure, Pierre Chantelat, Jean-François Humbert et Raymond Forni (qui nous a quitté il y a huit ans jour pour jour), et en Bourgogne : Jean Chamant, Pierre Joxe, André Billardon, Raymond Janot, Jean-Pierre Soisson et François Patriat, à qui je donnerai la parole tout à l’heure.
Comment aussi ne pas penser à celui qui siégea ici avant d’embrasser son destin national, François Mitterrand.
Plus près de nous, je pense à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la préfiguration de cette nouvelle Région. Et je veux remercier avec force l’administration de nos deux Régions, et à travers elles les deux Directeurs Généraux, Nicolas Hesse et Gilles Da Costa, qui n’ont compté ni leur temps, ni leur énergie, pour que nous soyons au rendez-vous aujourd’hui. Merci pour votre engagement total et votre conscience professionnelle.

Je veux aussi m’adresser à tous les agents – dont je perçois bien les questionnements et les inquiétudes –, pour leur dire que nous organiserons le changement dans un souci de dialogue constant et d’action progressive, et pour rappeler les engagements pris par François Patriat et moi-même de n’effectuer aucune mobilité géographique contrainte. L’engagement sera tenu, comme celui de construire un équilibre des Directions entre Besançon et Dijon, à la lumière de ce qui prévaut au niveau des services de l’Etat ; comme celui aussi de mettre en place les modalités de bureau étendu.

Je veux saluer les membres des deux CESER, représentant la société civile dont nous avons tant besoin, à l’heure où j’ai le sentiment que, sur bien des plans, elle est en avance sur la société politique.
Je veux aussi saluer les partenaires de notre majorité : communistes, écologistes, démocrates et républicains, qui avaient vocation à siéger dans cette assemblée et avec lesquels nous trouverons les moyens de travailler ensemble autrement.

En vous saluant, élus de l’opposition et élus de la majorité socialiste et tous leurs alliés, je pense enfin à tous les visages croisés et rencontrés depuis six mois, porteurs de doutes, d’inquiétudes ou d’espérance – je pense aussi à tous les paysages que nous avons sillonnés, sous les couleurs de l’automne, les uns découvrant l’alchimie des pâturages du Haut Doubs et du Haut Jura, la puissance industrielle du Nord Franche-Comté et l’ingéniosité du Sud Jura, les autres, comme moi, découvrant le Morvan, les vignobles, la résistance industrielle du Creusot, ou l’incomparable patrimoine architectural de la Bourgogne. Je pense à tout cela en ayant conscience de la grande responsabilité qui nous incombe, nous, premiers élus de cette nouvelle Région, au terme d’une situation si particulière, si difficile, marquée par tant de défiance à l’égard de la chose publique et des politiques. Désormais Présidente de tous les Bourguignons et tous les Francs-Comtois, je m’efforcerai de les représenter dignement en n’étant jamais la Présidente d’un camp contre l’autre – les conditions particulières de cette élection obligent à la modestie, à l’humilité, à la responsabilité, mais l’humilité ne se confond pas avec l’indécision, la modestie ne signifie pas l’impuissance. Mon ambition est, au contraire, immense pour notre Région, à la hauteur des défis que nous devons désormais relever ensemble.

Je ne vais pas détailler devant vous les 110 propositions de notre programme que nous allons devoir maintenant transformer en plan de mandat en les enrichissant de toutes les propositions issues de cette assemblée et émanant du territoire dès lors qu’elles serviront l’intérêt général et les valeurs que nous portons. Mais je veux partager trois des grands défis du mandat à venir qui visent au fond une finalité stratégique : positionner la grande région dans l’Europe de demain.

1er défi : construire ensemble la nouvelle région
2e défi : mener de toutes nos forces la bataille pour l’emploi
3e défi : faire émerger un nouveau modèle de développement plus durable

1er défi : construire ensemble la nouvelle région

Nous partageons un moment historique : celui de la réunion de la Bourgogne et de la Franche- Comté, souvent unis, parfois séparés par l’histoire, mais dont les destins ont toujours été liés d’une manière ou d’une autre. À l’heure des tentations du repli sur soi et de la peur de l’autre, quelles qu’aient pu être nos positions sur la réforme territoriale, cette union est d’abord un acte de confiance en l’avenir et en la force de la coopération, cette valeur si chère à notre territoire. L’union de nos talents, de nos atouts et de nos ressources est une chance pour nos concitoyens. Elle est de toute façon préférable à toute logique de concurrence ou de compétition. Cette union n’a pas vocation à faire disparaître nos différences et nos singularités : l’identité franc-comtoise ne sera jamais soluble dans l’identité bourguignonne, tout comme le contraire ne se réalisera pas non plus. Nous cultiverons et approfondirons ces identités mais notre devoir est de faire émerger, ensemble, une nouvelle identité commune, car nous sommes faits pour vivre ensemble.

Cette nouvelle identité commune se construira d’abord par la fraternité, dont nous n’avons jamais eu autant besoin après les terribles événements de l’année 2015. C’est en renforçant les liens qui nous unissent que nous saurons échapper aux impasses de l’individualisme et de l’intolérance. Et ces liens ne se décrètent pas dans les textes de loi et les institutions : ils s’éprouvent dans la vraie vie, dans le vivre ensemble, dans le partage des expériences et le portage des projets. Ces liens sont aussi de l’ordre de l’indicible, comme la culture a parfois le don de dire autrement ce qui ne peut être dit avec les mots. C’est pourquoi j’ai mis la culture au fronton de notre projet. La culture, ce n’est pas seulement le patrimoine magnifique que nous partageons désormais, et que nous aurons le devoir de conserver, de valoriser et de faire partager au plus grand nombre. La culture, c’est aussi la création et le spectacle vivant, que nous aurons à cœur de mettre en réseau et de faire grandir à cette nouvelle échelle. J’assume pleinement, à ce titre, le volontarisme de nos deux régions en matière d’art contemporain, tout comme j’assume notre volontarisme en matière de médiation culturelle et d’éducation artistique pour porter la culture partout et pour tous. La culture, c’est enfin tout ce qui concourt à nous faire partager des émotions à travers la myriade d’acteurs culturels de terrain qu’il nous faudra continuer à accompagner dans la proximité pour faire exister la région dans les cœurs et les esprits. Le sport est l’autre ferment du vivre ensemble que nous voulons préserver et développer. Le sport qui fait rayonner la région par les champions qui portent notre excellence à travers le monde. Tout comme le sport qui fait la vie de nos territoires au quotidien, dans les stades ou sur les pistes, avec, là encore, le souci de l’accès au plus grand nombre, y compris aux plus fragiles et aux personnes en situation de handicap. Le vivre ensemble, c’est plus généralement la vie associative, le bénévolat et l’engagement qui le servent le mieux, c’est pourquoi nous aurons à cœur d’être aux côtés de tous ceux qui s’engagent et qui font vivre les associations, en soutenant notamment les emplois d’utilité sociale. Parce que la culture, le sport et la vie associative sont essentiels au vivre ensemble, nous nous engageons à sanctuariser les moyens qui leur sont consacrés.

Construire ensemble la nouvelle région, c’est aussi renforcer les solidarités, car il n’est de développement durable que s’il est équitable. Solidarité avec les plus fragiles d’entre nous, en assurant les protections nécessaires face aux mutations imposées par notre société – ceci à partir de nos compétences. Protection du pouvoir d’achat, par le maintien de la gratuité des manuels scolaires avant le basculement sur les supports numériques, par la mise en place d’une tarification sociale progressive dans les cantines et les internats, la généralisation de la carte Avantages jeunes et de l’aide au permis de conduire, et demain, la généralisation de la gratuité des transports scolaires. Protection aussi par la formation et la sécurisation des parcours professionnels, sur lesquelles je reviendrai tout à l’heure. Solidarité avec les territoires les plus fragiles : en milieu urbain, par la consolidation de la politique de la ville, et en milieu rural voire montagnard. Plus que jamais, l’aménagement du territoire doit être un instrument de justice territoriale. Cela passe par une stratégie offensive de maintien des services publics et au public et de désenclavement des territoires par la couverture numérique, par les axes routiers et par des modes de transport à décliner au plus près des besoins des habitants, en lien avec chaque niveau de collectivité. Cette justice territoriale passe aussi par l’accélération de la construction des Maisons de santé, pour lesquelles notre territoire a su être pionnier, afin de permettre un égal accès aux soins partout. Cette justice territoriale passe aussi par une organisation déconcentrée de notre Région afin que nous nous donnions les moyens de l’agilité et de la réactivité au plus près des initiatives de développement local.

Construire ensemble la nouvelle Région, c’est enfin réinventer la démocratie à cette nouvelle échelle. Je veux appeler à ce titre tous les Bourguignons et les Francs-Comtois à ce « grand acte de confiance et d’audace » que Jean Jaurès associait à la République. Je fais miennes ces paroles de Pierre Mendès France : « Comment s’étonner que tant de nos compatriotes renoncent à comprendre et à juger, renoncent à agir, renoncent tout court ? On ne leur rendra confiance en eux-mêmes et en leur rôle qu’en faisant appel à eux, en leur donnant la parole dans les grandes affaires et dans ces multiples affaires dont l’ensemble constitue la vie de chaque jour, la vie de chacune des cellules du pays. » Il nous faut construire une nouvelle gouvernance régionale qui redonne toute leur place aux citoyens et aux territoires, en renforçant la transparence, en multipliant les débats citoyens, en allant au-devant des initiatives. Et pour cela, je veux associer toutes les bonnes volontés à cet immense défi. C’est pourquoi je propose à la principale force d’opposition de cette assemblée de présider la première commission, celle qui sera consacrée aux finances, à l’évaluation des politiques publiques et à la citoyenneté. Car il me semble que ces sujets sont trop importants pour faire l’objet d’instrumentalisation polémique et parfois politicienne. Mais le débat ne doit pas s’arrêter aux portes de notre assemblée. Il doit se multiplier sur les territoires et sur les réseaux sociaux et les lieux de médiation citoyenne. Ce sera l’objet des journées citoyennes que nous développerons et de l’outil numérique régional que nous mettrons en place. Je souhaite que les cafés-débats expérimentés pendant notre campagne soient poursuivis tout au long du mandat. Je souhaite aussi que nous puissions faire des comptes rendus réguliers du mandat. La politique, au sens le plus noble du terme, doit réinvestir l’espace public. Nous nous y emploierons avec force et détermination – je m’y engage, et vous savez que je suis reconnue pour tenir mes engagements.


2e défi : mener de toutes nos forces la bataille pour l’emploi

Sur ce sujet comme sur le reste, je veux tenir un discours de vérité, car je pense que c’est celui qui réconciliera les Français avec la politique. On ne fera croire à personne que les régions peuvent résoudre seules le problème du chômage. Personne ne détient de baguette magique. Le chômage résulte d’un ensemble de facteurs à la fois conjoncturels et structurels. Nous ne pouvons agir que par une mobilisation générale, celle des pouvoirs publics comme celle des entreprises et des investisseurs, celle de l’Etat comme celle des collectivités territoriales, celle des régions comme celle des intercommunalités. Avec le renforcement de ses compétences économiques par la réforme territoriale, la Région dispose de plusieurs leviers pour prendre toute sa part dans cette mobilisation générale.

La région doit d’abord investir dans les emplois de demain. Elle peut le faire en créant les conditions du développement économique le plus porteur en emplois. Nous disposons en Bourgogne-Franche-Comté de nombreux gisements d’emploi dans les secteurs où nous incarnons l’excellence. C’est le cas dans le secteur de l’industrie, où nous devons rester l’une des premières régions industrielles de France. C’est ici qu’on invente l’énergie de demain, le véhicule du futur ou les trains de nouvelle génération. C’est ici que nous trouvons une terre d’élection pour la haute précision, sollicitée par toutes les branches industrielles. C’est aussi ici que l’industrie du numérique se développe à grands pas, avec des écoles sortant des sentiers battus, car le numérique fait exploser les repères habituels. Nous sommes aussi une grande région agricole disposant de ressources considérables, qui font la renommée internationale de notre territoire, qu’il s’agisse de nos races bovines, de nos céréales ou de nos appellations contrôlées en fromages ou en vins. Enfin, notre économie de services a vocation à créer de nombreux emplois pour répondre à la demande en santé et en prise en charge du vieillissement, qui ne va pas cesser d’augmenter et qui suppose le haut niveau d’expertise que possède notre territoire, comme en témoignent notamment les progrès de nos chercheurs et de nos développeurs sur les thérapies innovantes.

Sur tous ces secteurs, nous disposons des gisements de nouvelle croissance et des talents pour susciter les emplois de demain. À nous de mettre en place, à l’échelle de la nouvelle région, l’écosystème qui favorisera tous les liens utiles, nécessaires et indispensables, entre ceux qui cherchent, qui inventent, qui innovent, qui expérimentent, qui développent, qui industrialisent, qui internationalisent… C’est tout l’objet de la politique de filière, qui doit constituer l’une de nos priorités en matière de développement économique. Cette politique de filière doit s’appuyer sur une gouvernance territoriale partagée entre la région – qui doit pleinement assumer son rôle de leader –, les intercommunalités – qui agissent dans la proximité –, et les entreprises elles-mêmes. Les consulaires devront parachever leur organisation régionale, car les CCIR sont pour la Région un partenaire essentiel, avec lequel nous voulons contractualiser. Eviter les doublons pour être plus efficaces sera notre priorité – les deux Agences de Développement devront fusionner d’ici la fin de l’année, en privilégiant les conditions d’une relation étroite entre Région et intercommunalités car c’est ce couple, sur le plan de l’action politique territoriale, qui animera l’action économique publique. Et bien sûr, les entreprises seront associées au pilotage de la nouvelle agence. Politique de filière aussi pour l’agriculture, avec un maitre mot : la recherche de valeur ajoutée sur place, le bio y contribuant, non pas exclusivement, mais fortement.

Le rôle de l’investissement public est déterminant pour créer les conditions d’un cercle vertueux, notamment pour accélérer le déploiement du très haut débit, pour lequel je me suis engagée à développer une solution pour tous d’ici la fin du mandat. Tout comme il est majeur pour réaliser les projets qui conditionnent l’attractivité de notre territoire, en particulier dans le domaine touristique, où nous avons les ingrédients pour faire rayonner la Bourgogne-Franche-Comté dans le monde entier. Sur tous ces sujets, nous mobiliserons pleinement le levier des fonds européens, dont nous assurons désormais la gestion, pour accélérer nos investissements avec l’aide de l’Europe et positionner notre territoire dans la compétitivité internationale.

Les systèmes d’accompagnement du développement des entreprises (financier, investissement, garanties bancaires) n’étaient pas les même en Bourgogne et en Franche-Comté. J’entends donc les préoccupations des acteurs économiques : qu’ils sachent que nous prendrons le temps d’évaluer ce qui est le plus intéressant, le plus efficace pour eux et qu’en attendant, d’ici la fin de l’année, les systèmes actuels perdureront.

Accompagner les entreprises dans la proximité lorsqu’elles en ont besoin, investir massivement dans l’innovation et structurer les filières qui font les emplois de demain, miser sur une recherche privée et universitaire performante, tel est l’enjeu de notre politique de développement économique axé sur une conviction forte : c’est une économie de la qualité qui fera une croissance durable.



L’autre principal levier dont dispose la région pour mener la bataille de l’emploi, c’est celui de la formation, dont nous savons qu’elle conditionne l’accès à l’emploi.

Et d’abord, la formation des plus jeunes. Nous voulons construire le lycée de demain, pour le rendre à la fois plus moderne, plus connecté, plus accessible à tous, plus économe en énergie et plus ouvert sur son environnement. Un lycée qui prépare les citoyens de demain en favorisant leur engagement dans la cité, tout comme il les prépare aux emplois de demain en multipliant les contacts avec le monde de l’entreprise. Pour cela, nous nous engageons à travers un plan d’investissement massif qui prolonge et met en cohérence les efforts déjà réalisés. Le lycée de demain, ce ne sont pas seulement des équipements exemplaires, c’est aussi et surtout une carte des formations pertinente, où la région entend jouer tout son rôle, avec le rectorat et les branches professionnelles, pour former là où il faut aux métiers qui recrutent. La voie de l’alternance devra être massivement encouragée car c’est à la fois une voie de l’excellence et une voie de promotion sociale.


Deux enjeux, à ce stade, sur la formation initiale :
    •    Déployer un service public de l’orientation qui permette de mettre les jeunes davantage en lien avec les formations d’avenir. Cela passe par la poursuite de notre action de sensibilisation aux métiers de l’industrie. Mais cela passe aussi par un travail qui, je sais, est attendu entre la Rectorat, la Région et les branches professionnelles, pour que l’orientation vers les métiers techniques et industriels ne se fasse pas par défaut mais par choix.
    •     Lutter contre le décrochage scolaire en multipliant les pédagogies alternatives – École de la 2e Chance, École de la Production, Maisons familiales rurales… –, avec un impératif : innover, expérimenter, car on ne peut pas lutter contre le décrochage scolaire avec des pédagogies classiques.

Mais la formation, ce n’est pas seulement la formation initiale, c’est la formation tout au long de la vie. La formation qui est l’une des conditions de la liberté. Elle est notre principale arme pour protéger ceux qui doivent l’être face aux mutations imposées par le marché. Former plutôt que chômer, telle est l’ambition que nous nous sommes fixée pour construire la sécurité professionnelle dont nous avons aujourd’hui besoin grâce au dialogue social territorial que nous voulons ériger en règle de gouvernance. Nous réunirons pour cela une grande conférence sociale d’ici l’été, pour mettre autour de la table l’ensemble des partenaires sociaux de la nouvelle région et construire avec eux les compromis dont notre territoire a besoin pour sécuriser les parcours professionnels tout en permettant à l’économie régionale de se développer à partir du capital le plus précieux et le plus stratégique : le capital humain. Cette démarche doit continuer à viser en priorité les salariés les plus exposés aux risques de précarité : les jeunes, les intérimaires, les plus faiblement qualifiés, ceux dont le secteur est en pleine reconversion. Tout comme elle doit viser les demandeurs d’emploi les plus éloignés du marché du travail, et notamment les chômeurs de longue durée. Nous soutiendrons aussi le développement des expérimentations du type de celles qui sont conduites dans le cadre de la proposition de loi initiée notamment par le député Laurent Grandguillaume : « Territoire zéro chômeurs ».

Former, c’est le nerf de la guerre pour le développement économique : former tout au long de la vie, former en réconciliant théorie et pratique – ce que nos voisins suisses savent faire à merveille, eux qui sont classés, à l’échelle du monde, comme les meilleurs pourvoyeurs de compétences pour l’Industrie. Aussi la relation avec les cantons suisses frontaliers de la Franche-Comté doit-elle, à mon sens, permettre, plus que nous ne l’avons fait jusqu’à maintenant, des échanges d’expérience dans ce domaine fondamental de la formation et notamment de la formation universitaire. Et force est de reconnaître que nous bénéficions d’une double chance : des universités de Bourgogne et de Franche-Comté qui ont su se fédérer pour se donner une force de frappe face aux universités de Paris, Lyon et Strasbourg, et la proximité des écoles prestigieuses de Lausanne et Neuchâtel, atout qu’il nous faut faire fructifier. Car il n’y a pas de Région forte sans Universités fortes.

Au-delà de l’action structurelle en matière de formation, il y a aussi les exigences plus conjoncturelles pour faire face à l’urgence de certaines situations locales. Nous nous engageons ainsi à déployer une force d’intervention locale et spécifique à chaque menace de plan social, avec pour mission d’éviter le maximum de licenciements. Grâce à la formation, grâce au dialogue social et territorial, grâce à l’investissement. La région ne peut pas tout, mais elle doit être aux côtés de tous ceux qui se battent sur le front de l’emploi.


Investir pour innover, former pour protéger, fédérer pour expérimenter et pour inventer, oser prendre des risques pour défricher de nouveaux chemins et remporter cette bataille de l’emploi.


3e défi : faire émerger un nouveau modèle de développement plus durable

La région n’est pas seulement là pour répondre à l’urgence. Elle doit voir plus loin pour préparer l’avenir. Suffisamment proche du local pour rester concrète, et avec le recul suffisant pour prendre de la hauteur, c’est par excellence la collectivité de la stratégie de territoire, à plus forte raison encore à l’échelle de la nouvelle région. C’est la raison pour laquelle la réforme territoriale s’est en grande partie fondée sur la montée en puissance du fait régional, tant du point de vue de l’échelle que des compétences. Et la stratégie aujourd’hui, c’est de faire émerger un nouveau modèle de développement face aux limites de notre modèle actuel, qui produit trop d’inégalités entre les hommes et les territoires et qui détruit la planète. La COP21 a permis d’aboutir à un accord mondial historique par lequel près de 200 pays se sont engagés à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre et à aider les plus pauvres d’entre eux à faire les efforts nécessaires pour réaliser la transition énergétique et écologique. Cette réussite collective – certes insuffisamment contraignante et ambitieuse aux yeux de certains – nous oblige. C’est par les territoires que nous remplirons nos engagements. À sa place, la région doit jouer tout son rôle pour participer à cet effort.

La Bourgogne-Franche-Comté peut et doit devenir à terme un territoire à énergie positive, c’est-à-dire un territoire qui produit autant d’énergie qu’il n’en consomme. Cela suppose d’abord de réduire notre consommation d’énergie. C’est l’objet du service public de l’efficacité énergétique que nous devons mettre en place durant ce mandat pour permettre à chacun d’être accompagné pour réaliser les travaux nécessaires dans son logement pour consommer moins d’énergie, et réduire au passage sa facture énergétique et lutter ainsi contre la précarité énergétique. Mais cela suppose aussi de développer massivement les énergies renouvelables. C’est l’objet de la société d’économie mixte sur les énergies de demain que nous voulons créer, pour investir massivement dans ce secteur porteur sur lequel notre territoire dispose d’une véritable mine d’or.

Cette transition énergétique s’inscrit plus globalement dans la transition écologique, qui vise à préserver notre environnement et notre écosystème. Nous sommes l’une des premières régions vertes de France. Forêts, montagnes, parcs naturels… : nous disposons d’un patrimoine naturel exceptionnel qu’il nous faut absolument protéger et valoriser. Cela suppose d’assumer des choix volontaristes en matière d’aménagement du territoire. Tout comme cela suppose de faire des choix délicats en matière de gestion de l’eau et de lutte contre toutes les pollutions. Nous voulons faire de la Bourgogne-Franche-Comté une région zéro déchet, ce qui implique de diminuer considérablement la production de déchets tout en développant massivement le recyclage et le réemploi dans une économie circulaire et vertueuse.

La question des mobilités est aussi au centre de la transition écologique. Il s’agit de développer des modes de transport plus collectifs et plus respectueux de l’environnement, en investissant notamment dans la modernisation d’un service public ferroviaire de qualité, accessible à tous. Je veux notamment mettre la grande vitesse au service des transports du quotidien en expérimentant sur l’axe Besançon-Dijon, avec la SNCF, un TERGV qui permette aux abonnés du TER d’emprunter le TGV. Mais il nous faut plus globalement développer l’intermodalité en facilitant le passage d’un mode de transport à un autre, grâce à une carte régionale des transports et grâce à une approche transversale de la mobilité en fonction du besoin de chacun.


Au-delà des efforts ciblés en matière d’environnement, de mobilités et d’énergie, c’est l’ensemble de notre modèle de développement que nous devons repenser pour aller vers une croissance plus durable, en favorisant la transition écologique des modes de production et de consommation. Je ne suis pas une adepte de l’écologie que certains ont pu qualifier de punitive, mais je crois au formidable potentiel de la croissance verte, qui est en déjà en train de faire naître des champions mondiaux sur notre territoire. Le combat pour un modèle de développement plus durable, c’est aussi celui qui vise à rendre notre modèle de développement plus équitable. Car l’économie de la qualité à laquelle je crois, c’est une économie qui respecte autant l’environnement que l’humain. C’est une économie qui relocalise l’activité industrielle autant qu’agricole à travers la création de valeur ajoutée locale. C’est une économie qui lutte contre les exclusions et qui a le souci de faire une place à chacun. C’est tout l’enjeu de l’économie sociale et solidaire à laquelle je crois depuis toujours. Non pas comme un tiers secteur à part du reste, mais comme la préfiguration d’une économie plus juste et plus durable. C’est aussi le champ de la responsabilité sociale et environnementale de toutes les entreprises, qui ont leur rôle à jouer pour produire autrement en préservant les ressources naturelles et en répartissant de façon plus équilibrée le pouvoir et les bénéfices. Le combat pour plus de solidarité, plus d’écologie et plus de croissance, c’est le même combat pour un modèle de développement plus équilibré. Et c’est aussi le même combat pour plus de démocratie, car la transition ne se fera que par la mobilisation de tous, à commencer par celle des citoyens, à l’image de ces « POTES », ces « pionniers ordinaires de la transition énergétique », qui ont montré le chemin en Franche-Comté et que nous ferons essaimer demain dans la nouvelle région en rejoignant toutes les autres initiatives citoyennes qui existent déjà sur le terrain. La transition est en marche et rien ne pourra l’arrêter. À nous d’y prendre part avec enthousiasme et détermination !


Je compte sur la mobilisation de tous, comme vous pouvez compter sur la mienne durant ce mandat que je remplirai avec toute la force de mes convictions et à l’exclusion de tout autre mandat. Nous avons la chance historique de faire naître ensemble une nouvelle collectivité. Fondons-la sur un projet de territoire qui porte en germe un modèle de société plus équitable, plus durable et plus démocratique pour une Région de qualité. Et nous pourrons dire alors que la Bourgogne-Franche-Comté a su préparer l’avenir en restant fidèle à ses valeurs d’audace et de coopération.

Je vous remercie."

 

Marie-Guite Dufay applaudie après son élection (DR)